À Blagnac, Satys, leader mondial de la peinture d’avions s’agrandit
Aéronautique. Spécialisé dans le traitement de surface et la peinture aéronautique, Satys Aerospace a inauguré le 21 mars près de Toulouse une sixième salle de peinture majoritairement dédiée aux ATR. Un investissement de 11 M€, signe de la bonne santé du groupe qui a retrouvé son volume d’activité d’avant crise. Il fait cependant face à une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée.
L’ancien site de Prodem, à Cornebarrieu, vient de fêter ses 30 ans. Le site a rejoint le groupe en 2018 pour devenir Satys Surface Treatment Toulouse. Cette entité propose des services complets, des contrôles non destructifs à la peinture, en passant par le traitement des pièces aéronautiques.
Grâce à ce site de production, Satys dispose d’une offre complète couvrant toutes les étapes de fabrication à destination des donneurs d’ordre de l’aéronautique et notamment des sous-traitants d’Airbus.
Environ 150 personnes sont dédiées à cette activité sur un site de plus de 8 000 m2. Les cycles de production d’une pièce peuvent varier de 24 heures à quelques jours en fonction de la prestation demandée et du contexte d’urgence donné par le client.
L’activité est très manuelle avec des métiers spécifiques très techniques dont ceux de metteurs aux bains, ressueurs, maroufleurs, peintres aéronautiques, des profils dorénavant difficiles à trouver sur le marché du travail.
Comme la peinture d’avion, la préparation et le traitement de surface nécessitent une succession de plusieurs opérations telles que : traitement de surface, contrôle, application de primaire, de différentes couches de couleurs et d’une finition.
Le ressuage (présenté ci-dessus) permet, après application d’un produit révélateur et sous lumière bleue, de mettre en évidence des défauts présents sur les pièces confiées telles que des criques ou de la corrosion. Il s’agit là d’un procédé « dit » spécial nommé contrôle non destructif (CND).
Le contrôle qualité s’effectue sur pièces notamment via une observation visuelle, un relevé d’épaisseur puis des retouches de peinture manuelles lorsque nécessaire. Avec le souhait perpétuel d’améliorer sa performance, le site a investi depuis trois ans sur plusieurs moyens d’impression 3D utilisés pour la fabrication de prototypes de masquage avant traitement ou peinture des pièces.
Cela permet de réduire certaines tâches répétitives et chronophages et permet aux équipes de Grégory Mayeur, directeur général de Satys Aerospace, de gagner un temps précieux et d’améliorer les conditions de travail du personnel.
Le site de peinture de Satys à Blagnac est le plus grand d’Europe avec six ateliers répartis en bout de piste de l’aéroport. Trois salles sont dédiées aux avions long-courriers tels que les Airbus A350, A330, A380 ainsi que les Boeing 747, 777, d’une surface impressionnante d’environ 7 000 m2.
Les trois autres salles, d’une superficie de 3 000 et 4 000 m2, sont dédiées aux avions monocouloirs. La dernière, inaugurée en mars, est dédiée aux ATR avec un contrat signé sur 15 ans. Pour les gros-porteurs, il faut deux semaines et 12 peintres pour effectuer la peinture. Pour les monocouloirs, une semaine suffit.
Trois couches sont nécessaires en moyenne pour la peinture d’un avion neuf. À l’arrivée dans le hall de peinture, l’avion est préparé, nettoyé, les zones à protéger sont masquées, une couche primaire est appliquée suivie de la couleur, la décoration puis le vernis pour la brillance et la protection des sous-couches. L’activité se partage entre avions neufs et la repeinture d’avions.
Spécialisé dans l’étanchéité, la peinture aéronautique, l’aménagement intérieur d’avions et de trains, Satys Aerospace (ex-STTS jusqu’en 2018) compte 45 sites dans le monde et emploie plus de 2 200 personnes, dont près de 600 à Blagnac où se situe son siège.
Après des années difficiles liées à la pandémie, le groupe a retrouvé l’an dernier son niveau d’activité d’avant crise, avec un chiffre d’affaires de 159 M€. Porté par la forte croissance de son carnet de commandes – de l’ordre de 10 à 15 % à l’horizon 2025, le groupe connaît cependant une problématique de recrutement.
La carence en main-d’oeuvre qualifiée a pu être palliée jusqu’à présent grâce à la mobilité du personnel entre les différents sites européens mais le groupe doit résoudre rapidement cette situation non pérenne. Pour son directeur général Gregory Mayeur, la société souffre de la perte d’attractivité de la filière aéronautique depuis la crise du Covid et de la défaillance des filières de formation aux métiers manuels en France. Les titulaires du CAP de carrosserie manquent ainsi cruellement.
Satys recrute et forme sur des périodes allant jusqu’à six mois des profils motivés mais qui n’ont pas de formation initiale adaptée. Un processus lent et coûteux pour l’entreprise. 150 postes sont à pourvoir localement dans les activités de peinture et de traitement de surface.