Entreprises

À Millau, le maroquinier Voilensac offre une autre idée du recyclage

Artisanat. Créatif audacieux, Michaël Ladet a lancé son activité dans l’Aveyron en exploitant des ressources issues du nautisme. Il recycle des voiles de bateau pour en faire des sacs. Visite guidée.

Lecture 6 min
Photo de Michaël Ladet
Michaël Ladet a fondé Voilensac en 2010. Son idée : fabriquer des sacs et objets de déco avec des voiles mises au rebut (©Voilensac).

Lorsqu’en 2010, Michaël Ladet fondait Voilensac, une entreprise de fabrication de sacs et d’éléments de décoration en tissus à voile, l’upcycling, ou surcyclage, n’était pas encore à la mode. Depuis, cet art de valoriser les produits usagés en leur donnant une nouvelle vie plus qualitative est devenu furieusement tendance, comme les objets que crée le maroquinier dans son atelier de Millau dans l’Aveyron, au terme d’un parcours original.

Michaël Ladet est en effet passé de l’informatique de gestion aux métiers de la mer. « J’ai toujours eu une appétence pour le milieu marin, s’amuse le dirigeant. J’ai vécu sur un bateau avec mes parents, j’en ai gardé de bons souvenirs. » À 20 ans, celui qui a passé son enfance en Corse obtient un BTS en informatique de gestion. Il n’exercera cependant jamais ce métier.

Très vite, il part faire un stage dans une voilerie, chez Vega Voiles au Grau-du-Roi, dans le Gard. « J’ai tout de suite été attiré par l’univers et la matière, explique l’intéressé. Il fallait tout apprendre. Je savais naviguer mais je n’y connaissais absolument rien dans la fabrication de voiles. Je ne savais même pas allumer une machine à coudre. » Michaël se lance alors dans une formation dédiée aux métiers de la mer. Il apprend entre autres à reconnaître les différents matériaux qui composent une voile, sachant que 95 % des voiles de croisière sont fabriquées en polyester. On trouve aussi du kevlar, du carbone afin d’obtenir des fibres qui ne s’allongent pas.

En lien avec Vega Voiles, il va alors lancer sous la marque Ettore, une unité de production de voiles. « J’ai tout appris sur les câblages, les cordages. Nous avons créé des outils de production pour répondre aux besoins des clients. C’était un challenge au quotidien », se souvient-il. Il restera 10 ans au Grau-du-Roi.

Nouvelle route, de la selle au sac

L’entrepreneur a la bougeotte. « J’ai postulé dans des voileries en Corse où vit mon père et dans des entreprises de couture autour de Millau. Je savais que j’allais trouver l’excellence », raconte Michaël Ladet. Il y rencontre Gaston Mercier, fabricant de selles d’équitation de luxe. Et le quinqua d’ajouter :

Le courant est passé, j’ai voulu exercer tous les métiers, de la découpe du cuir à la couture, en passant par la gestion de la production. »

Michaël Ladet rejoindra ensuite l’entreprise aveyronnaise de référence, Le Sac du Berger. « Elle s’était lancée dans la confection de gants. Mon challenge était de développer la partie commerciale. L’entreprise perdait de l’argent, on a retrouvé l’équilibre en un an », commente l’artisan.

Touche à tout et fonceur, il sait saisir les opportunités. Une de ses amies lui glisse à l’oreille l’idée de créer des sacs avec des voiles usagées de bateau. « Je n’ai pas hésité, j’aime regarder passer des trains et quand il y en a un qui me plaît je saute dedans », sourit Michaël Ladet. Ce dernier commence à fabriquer des sacs dans son garage, le succès est immédiat. Une première boutique, en Corse, lui passe commande.

L’entrepreneur récupère les vieilles voiles chez les professionnels, mais des particuliers viennent aussi spontanément lui en offrir. « J’ai conscience de participer à l’économie circulaire, mais on n’utilisait pas ces mots quand j’ai commencé ! Grâce au sac recyclé, je prolonge de 10 ans la durée de vie d’une voile d’un catamaran », rappelle-t-il.

Seul mais bien accompagné

Michaël Ladet pousse alors la porte de la Maison des Entreprises à Millau : « J’y suis depuis le début de l’entreprise, il y a 13 ans. Ça me permet d’avoir des locaux à un prix avantageux. » Devenu un « ancien », il se plaît à aider des jeunes créateurs qui se lancent en maroquinerie. Il accueille d’ailleurs de nombreux stagiaires au sein de son entreprise. Et d’ajouter :

On m’a toujours ouvert les portes, je fais la même chose. »

Le millavois d’adoption a su se démarquer en se positionnant sur le marché du cadeau d’affaires qui représente 30 % de son chiffre d’affaires et en vendant ses pièces en direct sur de grands salons renommés dans le monde du yachting, tels que les Régates royales de Cannes, Escale à Sète ou encore le salon du multicoque à la Grande-Motte.