Entreprises

À Toulouse, Neopouss veut faire de la micro-pousse l’aliment santé du futur

Interview. Nicolas Auriac et Quentin Jeandel ont créé il y a deux ans la première ferme urbaine de la Ville rose. Après avoir séduit les chefs avec leurs micro-pousses qu’ils cultivent en sous-sol, les deux amis se lancent un nouveau pari : investir le secteur de la santé.

Lecture 5 min
Photo de Nicolas Auriac et Quentin Jeandel
Nicolas Auriac et Quentin Jeandel sont les co-fondateurs de Neopouss. Ils travaillent en étroite collaboration avec l’École d’agronomie de Toulouse Purpan et ses étudiants. Ici : Margaux et Carla.(©Neopouss)

Lauréat en avril 2021 d’un appel à projet régional pour la lutte contre le dérèglement climatique, vous avez officiellement fondé Neopouss dans la foulée. Mais au fait, c’est quoi et surtout ça s’adresse à qui ?
Nicolas Auriac : « Neopouss est la première ferme urbaine de Toulouse qui cultive des micro-pousses à destination des restaurateurs. À l’aide de modules verticaux situés dans un environnement clos à température et hygrométrie régulées, nous produisons des micro-pousses qui correspondent à la deuxième phase de croissance des plantes. C’est à ce stade qu’elles sont les plus riches en nutriment et surtout en saveur d’où l’intérêt des chefs pour ces “super aliments”. Basilic, bourrage, acajou, tagète, carotte, capucine, maïs, petit pois, shiso poudre, radis, chou rouge… nous proposons une large gamme livrée vivantes sur pieds dans leur bac de culture. »

100 000 € de CA en 2023

Quelle est la genèse de ce projet ?
Nicolas Auriac : « Ce projet Neopouss c’est la concrétisation d’un but professionnel et aussi d’une ambition personnelle que nous partageons tous les deux, à savoir : retrouver du sens dans notre travail, rapprocher les lieux de production de leurs lieux de consommation avec une livraison chez les restaurateurs à pied ou à vélo, réaliser une production de grande qualité gustative sans aucun produit phytosanitaire et enfin, réduire drastiquement la consommation d’eau et d’énergie pour la culture. Voilà pourquoi nous avons installé notre ferme sous la place Arnaud Bernard, en plein cœur du centre historique de Toulouse. En étant dans un sous-sol on s’affranchit d’installer chauffage et climatisation. Ça marche sur le même principe qu’une cave à vins. »

Photo des micro pousses
Plus petits que les jeunes plants, mais récoltées plus tard que les graines germées, les micro pousses présentent une large variété de saveurs, allant du piquant au sucré. (©Neopouss)

Approvisionnement, production, livraison… Concrètement, comment et avec qui travaillez-vous ?
Quentin Jeandel : « Nous travaillons avec des semenciers installés en Europe pour acheter des graines, et on peut dire que nous sommes de bons clients car contrairement à une culture dite traditionnelle où il suffit de planter une graine pour avoir par exemple une botte de carottes, nous, dans une barquette qui fait 15 cm par 10 cm, on va mettre 500 graines ! Une fois semées, il faut attendre entre sept et 40 jours en fonction des variétés pour pouvoir les commercialiser. Aujourd’hui, les chefs qui sont nos clients peuvent commander directement leurs micro-pousses en ligne via des formulaires accessibles sur notre internet où est indiqué notre stock en temps réel. On les livre à vélo deux fois par semaine. On travaille également avec des distributeurs, dont Pomona qu’on livre au Grand Marché MIN Toulouse. »

La région Occitanie a lancé le 1er décembre une nouvelle session de budget participatif citoyen : « Ma Solution pour le climat et l’alimentation », dotée d’une enveloppe de 2,3 M€. Et surprise, vous faites partie des 134 projets soumis au vote citoyen jusqu’au 15 janvier 2024. Lauréat il y a deux ans, pourquoi candidatez-vous de nouveau ?
Nicolas Auriac : « La première étape du projet Neopouss était d’avoir une ferme fonctionnelle et surtout rentable. Avec 100 000 € de CA en 2023, nous sommes aujourd’hui en passe d’y parvenir. La seconde étape du projet est de transformer nos micro-pousses en poudre alimentaire par un procédé de déshydratation qui permet de conserver l’intégralité des nutriments des plantes. L’idée est vraiment de dépasser les contraintes physiques et logistiques de production de ces “supers aliments” qui ont un cycle de vie court et une constitution fragile. Ce procédé doit en effet nous permettre de multiplier les usages des micro-pousses dans le secteur de la gastronomie mais surtout de la santé. Et même spatial puisque nous avons intégré il y a un an l’incubateur TechTheMoon, dédié exclusivement à l’économie lunaire. L’objectif est de lancer ces poudres dès le second semestre 2024, mais pour concrétiser ce projet, nous besoin de réaliser des investissements importants : achat de matériel pour transformer les micro-pousses en poudre, mener des expérimentations et analyses pour caractériser les poudres obtenues. Voilà pourquoi nous avons besoin d’un concours financier autre que le nôtre et donc d’un maximum de votes pour obtenir une subvention pouvant aller jusqu’à 150 000 €. »

Pour connaître l’ensemble des projets retenus par la Région Occitanie dans le cadre de son budget participatif citoyen 2023 : « Ma Solution pour le climat et l’alimentation », et surtout voter, cliquez-ici.