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À Toulouse, Ormain redéfinit les codes du luxe de seconde main

Luxe. Passionnés de mode, Romain Géa et Brayan Taoui ont lancé fin 2021 Ormain, un site de seconde main de luxe qui enregistre aujourd’hui plus de 90 000 visites par mois. Forts de leur succès, les deux entrepreneurs viennent d’ouvrir un showroom situé en plein cœur de la Ville rose.

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Photo de Romain Géa et Brayan Taoui
Lancée sur site internet fin 2021, l’entreprise Ormain a ouvert en septembre dernier un showroom en plein centre-ville de Toulouse. (©La Gazette du Midi)

Au même titre que certaines montres de collections, d’œuvres d’art ou encore de grands crus, la maroquinerie de luxe est devenue ces dernières années LA nouvelle valeur refuge. Dans un de ses articles, le magazine ELLE l’affirme : « Investir dans un sac de luxe serait (beaucoup) plus rentable que d’acheter un bien immobilier même parisien ! »

Et cela vaut aussi pour les pièces dites de seconde main. Acheter un sac Chanel, Louis Vuitton, Dior pour le revendre quelques années plus tard est devenu pour certains un véritable business. À tel point qu’à l’échelle européenne, le marché du luxe d’occasion - incluant la maroquinerie de luxe - devrait atteindre les 24,9 Mds€ d’ici 2028 d’après le Journal du Net, contre 15,6 Mds€ en 2022. Une croissance exponentielle favorisée par la multiplication des plateformes dédiées, à l’image de l’e-shop parisien le Vestiaire Collective, fondé en 2009.

Entre boutique en ligne…

À Toulouse (Haute-Garonne), deux amis d’enfance passionnés de mode ont décidé de surfer sur la tendance. Romain Géa et Brayan Taoui ont lancé fin 2021 leur propre maison de luxe de seconde main. Baptisée Ormain, leur boutique en ligne connaît un succès fulgurant avec aujourd’hui plus de 90 000 visites par mois. « Nous avions l’habitude de revendre chacun de notre côté dans des dépôts ventes classiques mais avec des commissions qui tournent bien souvent autour des 50% du prix de vente nous nous sommes tournés un temps vers des plateformes style Vinted mais là encore nous avons été déçus », expliquent les co-fondateurs d’Ormain.

Conscients qu’ils ne sont pas les seuls à faire ce constat, ils décident de plaquer leur carrière respective dans la finance et à la SNCF pour se lancer dans cet ambitieux projet dans lequel ils investissent plus de 60 000€.

Notre priorité a été d’investir dans notre stock car c’est ça qui fait la crédibilité d’un bon dépôt vente digital. Aujourd’hui, nous entrons entre 60 et 100 pièces par semaine. La maroquinerie reste notre produit d’appel puisqu’elle représente 70% de notre chiffre d’affaires (500 K€ en 2023). Suivent le prêt-à-porter, les chaussures, les accessoires, les bijoux et les articles de maison, de luxe bien sûr. »

Si le site fonctionne sur un système de dépôt-vente, « avec une commission comprise entre 20% et 30% », les deux entrepreneurs ont voulu s’éloigner des plateformes XXL sur lesquelles transitent tout et son contraire et qui n’offrent que peu de garanties à leurs clients. Expertise, authentification, certification, contrôle, fiche produit, photos, mise en ligne, vente, expédition… Ormain revendique de proposer des articles triés sur le volet et surtout d’accompagner ses clients, vendeurs comme acheteurs, tout au long de leurs transactions.

… et showroom en ville

Photo d'accessoires et de prêt-à-porter
Si les pièces de maroquinerie restent le produit d’appel de la maison Ormain, les deux entrepreneurs vendent aussi du prêt-à-porter, des chaussures, des accessoires, des bijoux et des articles de maison. (©La Gazette du Midi)

Une exigence qui a permis à l’entreprise de se faire rapidement une place parmi les géants du net et de se faire remarquer par les Galeries Lafayette. « Nous avons eu la chance fin 2022 de pouvoir présenter notre marque au sein d’un pop-up au cœur même des Galeries et ce, sur plusieurs semaines. »

À peine un an plus tard, c’est en plein cœur de la Ville rose que les jeunes entrepreneurs ont ouvert le 20 septembre dernier leur premier showroom. Sobrement appelé « L’appartement », ce nouvel espace de 80 m2 se trouve au deuxième étage d’un bel immeuble toulousain rue Saint Antoine du T.

Intimiste, le lieu intègre tous les codes du luxe : parquet chevron, cheminées décoratives, canapé et fauteuils total look blanc, tableaux contemporains aux murs… sans oublier le clou du spectacle, deux bibliothèques sur-mesure où sont exposés les luxueux sacs à main.

Notre objectif pour 2024 est vraiment de faire vivre ce showroom, de le développer et surtout de le mettre en avant à travers l’organisation d’événements ou de soirées. »

Loin d’être grisés par le succès, les deux amis cultivent un certain détachement. « Depuis le départ nous avons choisi l’autofinancement comme business modèle pour justement garder les pieds sur terre et développer notre marque petit à petit. Pour autant, si des opportunités se présentent nous saurons les saisir », assurent avec le sourire les co-fondateurs d’Ormain.