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A69, LGV, projets autoroutiers… le président du Medef Occitanie en appelle à un sursaut

Mobilité. Alors que l’exécutif vient de lancer les travaux d’une grande conférence nationale censée dégager des pistes de financement pour les transports dans l’Hexagone à horizon 2040, le président du Medef Occitanie, Samuel Hervé, demande à l’État d’accélérer sans attendre les chantiers des grandes infrastructures dans la région, une nécessité pour désenclaver le territoire et lui permettre de continuer à se développer.

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Dirigeant-fondateur du groupe Akté et ancien président du Medef Hérault Montpellier, Samuel Hervé a été élu à la tête du Medef Occitanie en novembre 2023. (©Medef Occitanie)

Le 5 mai dernier, le gouvernement, par la voix de son Premier ministre François Bayrou, a donné le coup d’envoi de la conférence « Ambition France Transports ». Inédit, cet évènement a pour objectif de réunir les parties prenantes de l’écosystème des transports (collectivités territoriales, associations, entreprises, chambres consulaires, collectifs, syndicats professionnels, organismes publics, parapublics ou privés) afin de repenser le modèle de financement des infrastructures et d’aboutir à des propositions pour l’avenir des mobilités. Des discussions qui arrivent quelques semaines après le fiasco de l’arrêt des travaux de l’A69 qui devait relier Castres et Toulouse après des années de procédure administrative.

Avec cette conférence, l’État se donne dix semaines de « réflexion et d’action » pour redéfinir le secteur des transports de passagers et de marchandises à l’horizon 2040. Un domaine où les enjeux et les défis en terme d’accessibilité, de désenclavement, de décarbonation, de modernisation, de souveraineté, de compétitivité… sont multiples.

« Chaque Français doit pouvoir disposer des transports adéquats pour accéder au travail, aux études, aux loisirs, a ainsi rappelé le chef du gouvernement. La capacité de se déplacer est un enjeu d’égalité des chances, d’aménagement du territoire et de cohésion sociale. Nous en avons besoin pour bâtir un équilibre entre les territoires, fondé sur une meilleure répartition des activités économiques. Nous en avons besoin pour lier les territoires entre eux. »

Enjeux d’emploi et d’attractivité

Un constat et une ambition partagés par le président du Medef Occitanie (25 000 entreprises adhérentes), Samuel Hervé. Dans une tribune, le directeur général chez Akte Services, groupe montpelliérain spécialisé dans la restauration collective, appelle l’État à accélérer les chantiers des grandes infrastructures dédiées aux mobilités dans la région. Un territoire occitan dynamique aussi bien sur le plan économique que démographique avec plus de 50 000 nouveaux habitants (nouveaux actifs, entrepreneurs, étudiants, chercheurs) accueillis chaque année dont plus de 13 000 rien qu’à Toulouse, faisant d’elle bientôt la 3e ville de France.

À la tête de l’organisation patronale jusqu’en 2026, Samuel Hervé plaide pour l’accélération des projets d’infrastructures majeures qui sont dans les cartons depuis plusieurs décennies pour certains. À commencer par les lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan qui doivent permettre, au-delà de la liaison à Paris et à d’autres villes françaises et européennes, d’augmenter les trains du quotidien.

Ou encore la reprise des travaux de l’autoroute A69 « réalisée à plus de 70 % » ainsi que les contournements routiers de l’ouest de Montpellier et de Nîmes, la RN 88 en Aveyron et en Lozère et la RN 124 dans le Gers. « Autant de grands projets dûment validés, non seulement utiles pour l’emploi dans leur phase de construction, mais nécessaires pour faciliter demain la mobilité de nos concitoyens et le maintien et l’implantation de nouvelles entreprises sur notre territoire. »

Parfois contestés devant les tribunaux, ces projets bénéficient pourtant selon lui d’un soutien massif tant de la part des collectivités, des entreprises que des citoyens. Il en veut pour preuve une étude réalisée récemment par Odoxa qui révèle que pour 80 % des personnes sondées, les grands chantiers d’aménagement du territoire (infrastructures énergétiques, lignes ferroviaires, autoroutes) sont « utiles pour les habitants et l’économie de notre pays ». Trois quarts d’entre elles souhaitent également que l’on en fasse plus pour désenclaver les territoires.

Comment financer ces infrastructures ?

Reste la question du financement. Un point sur lequel les différentes parties prenantes de l’écosystème des transports ne sont pas alignées. En effet, alors que les collectivités ont vu leur ressources amputées de plusieurs milliards d’euros dans le cadre de la loi de finances pour 2025, elles en appellent pour certaines, comme c’est le cas de la Région Occitanie, à la création de nouvelles taxes et notamment d’un versement mobilité régional. Prélevée auprès des entreprises de plus de 11 salariés à hauteur de 0,15 % de leur masse salariale, cette contribution est conditionnée à la création de nouveaux services de mobilité sur le territoire.

Une mesure contre laquelle Samuel Hervé met en garde. « Le financement de ces infrastructures et des mobilités en général ne peut se faire en ayant recours systématiquement à de nouveaux prélèvements, impôts ou taxes, en particulier sur les entreprises », insiste l’intéressé. « Vu le contexte économique et les défis auxquels notre pays est confronté, l’heure doit être au volontarisme et au bon sens et non aux postures idéologiques stériles », assure-t-il également.

Avant de conclure : « J’appelle l’État et les collectivités à garantir et à accélérer la mise en place de ces infrastructures car il en va de l’avenir même de notre région. »