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Actia a de fortes ambitions dans le ferroviaire

Électronique. L’ETI familiale, spécialisée dans les systèmes électroniques dédiés aux mobilités, explore avec succès de nouveaux relais de croissance dans le ferroviaire, l’aérospatial et l’énergie.

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Actia a de fortes ambitions dans le ferroviaire
Le dispositif d’annonce portatif radio (DAPR) SAFeasy 200 d’Actia est l’un des premiers du marché à couvrir une très longue distance. (Crédit : DR)

Le groupe familial toulousain, spécialisé dans la conception, la fabrication et l’exploitation de systèmes électroniques essentiellement dans le domaine de la mobilité (véhicules légers, bus, cars, poids lourds), vient de publier ses résultats pour le premier semestre 2022. Avec un chiffre d’affaires de 248,5 M€ (réalisé à près de 65 % à l’export), Actia affiche une croissance de près de 15% par rapport à la même période de 2021. Un niveau d’activité « proche d’avant le Covid, note Jean-Louis Pech, président du directoire. En 2019, nous avions réalisé près de 520 M€ de chiffre d’affaires. Pour 2022, nous devions être dans ces eaux-là ». Pour mémoire, en 2021, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à 462,8 M€. L’entreprise de taille intermédiaire (ETI) voit son activité progresser alors même qu’elle a cédé en cours d’année deux importants départements.

En avril, elle a vendu son activité contrôle technique & équipements de garage à l’allemand Base pour 12 M€, une activité qui générait 21 M€ de chiffre d’affaires et employait 115 collaborateurs. Plus récemment, en août, Actia a cédé à Plastic Omnium sa division Power pour un montant de 52,5 M€. Cette division, dédiée à l’électromobilité, le stockage d’énergie et l’électronique de puissance, dégageait près de 22 M€ de chiffre d’affaires pour un effectif de 200 collaborateurs. Pour autant, le groupe Actia, qui compte quelque 3550 collaborateurs dans le monde (dont un millier en France), subit toujours les impacts de la pénurie de composants électroniques. « Sans cette crise nous aurions pu réaliser 20% de chiffre d’affaires supplémentaires », se désole Jean-Louis Pech, soit un manque à gagner pour le groupe de près de 100 M€.

De fait, l’ETI a des carnets de commandes bien remplis, ce qui lui permet de maintenir des prévisions d’activité très dynamiques, à savoir 800M€ de chiffre d’affaires à l’horizon de 2025. Pour ce faire, Actia, qui consacre plus de 16 % de son chiffre d’affaires à la R & D (soit 40,8 M€ au premier semestre 2022), poursuit activement sa diversification, dans les domaines de l’aéronautique et du spatial, de l’énergie, mais surtout du ferroviaire qui pèsent respectivement pour l’heure 11,5 %, 3,3 % et 6,6 %, dans le chiffre d’affaires semestriel du groupe. De fait, dans le secteur du ferroviaire, où l’ETI développe des solutions de télécommunication, d’informations des voyageurs et de télésurveillance, embarquées et en bord de voie, Actia veut passer du statut de « challenger » à celui d’« acteur majeur », sachant qu’un millier de trains dans le monde sont déjà équipés de solutions développées par Actia.

DE CHALLENGER À ACTEUR MAJEUR

Fin 2021, l’ETI a ainsi réalisé le premier test pilote d’un système de vidéo protection en temps réel à bord des trains en partenariat avec la SNCF sur une centaine de TER de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Autre produit développé par Actia, le DAPR (dispositif d’annonce portatif radio) longue distance équipe les chantiers majeurs de SNCF Réseau comme le renouvellement des rails sur la ligne de TGV Paris-Lyon. Il est l’un des premiers à couvrir une distance de plus d’un kilomètre avec le plus haut niveau de sûreté fonctionnelle et le seul dispositif autorisé par SNCF Réseau.

« La sécurité des données est donc un axe technologique majeur pour Actia qui propose des solutions générant d’importants flux de données. »

Actia fournit également les systèmes d’information voyageurs et de vidéo protection qui équipent le nouveau métro de Paris, MP14, la rame de dernière génération développée par Alstom pour la RATP-Ile de France Mobilité. Après la ligne 14, les essais viennent de démarrer sur la ligne 11 du réseau parisien. Le groupe toulousain a également été retenu par Alstom dans deux contrats majeurs en Amérique du Sud, notamment en vue d’équiper en systèmes d’information voyageurs et de vidéo protection les 36 futures rames des lignes 8 et 9 du métro de Sao Paulo ainsi que les 42 trains X’trapolis dans le cadre du projet Tren Maya au Mexique.

DES EXIGENCES TECHNIQUES PARTICULIÈREMENT ÉLEVÉES

Pour Damien Redondo, vice-président de l’activité ferroviaire d’Actia, le groupe a de fait de sérieux atouts à faire valoir sur ce marché très concurrentiel des équipements ferroviaires embarqués. « Actia évolue sur de nombreux marchés comme ceux de l’automobile et de l’avion. Le groupe possède donc une expérience historique et le recul suffisant pour affirmer que le marché ferroviaire présente des exigences techniques particulièrement élevées, explique-t-il. Le contexte normatif est en cela très contraignant. C’est d’autant plus vrai que nous ne pouvons pas appliquer certains processus de l’automobile à cause des faibles quantités de produits à fournir. De plus, nous sommes confrontés, nous électroniciens, sur ce marché à des problématiques d’obsolescence des composants. Les équipements ne se renouvellent pas souvent : la durée de vie d’un train pouvant dépasser les 30 ans. Du point de vue technologique, il s’agit d’un véritable défi que de maintenir en condition opérationnelle des systèmes sur une si longue période. »

« C’est d’autant plus vrai que les composants évoluent très vite et sont remplacés régulièrement. C’est notamment le cas dans notre domaine de l’information voyageur et la sécurité. Enfin, le troisième enjeu, qui, je crois, est commun à tous les marchés automotive est la cybersécurité. Comme tous les véhicules roulants, les trains sont de plus en plus communicants et donc connectés à leur environnement, aux infrastructures, etc. La sécurité des données est donc un axe technologique majeur pour Actia qui propose des solutions générant d’importants flux de données. » La division ferroviaire implantée à Millau et Madrid emploie déjà 150 personnes et génère 31,38 M€ de chiffre d’affaires, un montant que Jean-Louis Pech entend doubler d’ici 2025.