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AcuSurgical révolutionne la chirurgie de la rétine

Innovation. La start-up montpelliéraine a développé un assistant robotisé pour aider les chirurgiens dans leurs opérations de la rétine. Il permet de multiplier par vingt la précision chirurgicale.

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Photo de Christoph Spuhler
Christoph Spuhler est le PDG et co-fondateur de la start-up AcuSurgical, créée en 2020 avec les professeurs Philippe Poignet et Yassine Haddab. (Crédit : MARIE ALICE KH)

Élue start-up de l’année 2023 au concours régional Les Inn’Ovations, AcuSurgical ambitionne de fournir aux professionnels de santé l’outil qui fera entrer la chirurgie de la rétine dans une nouvelle ère.

Comment ? Grâce à une solution robotique de pointe destinée à rendre la microchirurgie rétinienne plus performante, plus accessible et reproductible. « En France, une personne sur trois, de plus de 66 ans, souffre d’une pathologie de la rétine (DMLA, trous maculaires, occlusions veineuses…), c’est donc un problème de santé publique », explique Christoph Spuhler, le PDG de la jeune pousse créée en 2020.

Et de poursuivre : « Membrane fine et transparente sensible à la lumière qui se trouve au fond de l’oeil, la rétine est l’organe sensible de la vision. Les structures sur lesquelles les chirurgiens ophtalmiques interviennent étant plus fines qu’un cheveu, notre robot leur apportera une précision vingt fois supérieure à celle de la main. Une aide précieuse pour les assister lors de ces interventions, souvent complexes et délicates. »

Une levée de fonds de 5,75M€ en 2021

Installée dans les locaux de l’incubateur Cap Omega, situé au coeur du pôle tertiaire de la Métropole de Montpellier, AcuSurgical a bouclé une première levée de fonds de 5,75 M€ en 2021.

Menée auprès de plusieurs investisseurs, parmi lesquels Mérieux Equity Partners, Supernova Invest, Sofimac Innovation et Irdi Capital Investissement, cette opération a permis à la start-up médicale de lancer ses essais pré-cliniques.

Un développement à vitesse grand V rendu également possible par le soutien financier de Bpifrance et de la région Occitanie/ Pyrénées-Méditérrannée. C’est en 2017 que cet ancien ingénieur au sein de la société de haute technologie Medtech, spécialisée dans la conception de robots d’assistance chirurgicale pour le cerveau et le dos, a le déclic.

« À l’époque, un ami s’est fait opérer de la rétine. Curieux de nature, je me suis documenté sur le déroulé de l’intervention et plus largement sur les chirurgies de l’oeil. Ce sont des interventions qui demandent une précision extrême. J’ai alors demandé leurs avis à plusieurs chirurgiens sur les solutions robotiques, pour savoir si celles-ci étaient pertinentes. Et effectivement, c’est le cas. »

Conforté dans son idée, Christoph Spuhler saute le pas vers l’entrepreneuriat. Il se rapproche du Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique (Lirmm) de Montpellier et de deux professeurs de robotique : Philippe Poignet et Yassine Haddab.

« Un an plus tard, en 2020, nous avons monté ensemble un projet de financement avec la société d’accélération du transfert de technologies AxLR. 600 000 € ont ainsi été investis par des acteurs privés et publics, avec en contrepartie des parts dans l’entreprise. Cela nous a permis de développer notre projet de robot pendant deux ans avec le recrutement de deux ingénieurs », poursuit l’intéressé.

Objectif ? Obtenir le marquage CE

En 2020, un premier prototype performant permettait à la start-up de réaliser sa première levée de fonds et de renforcer ses équipes. Elle compte aujourd’hui 14 salariés et s’apprête à démarrer ses essais cliniques, avec des premières chirurgies sur les patients.

Un enjeu important pour AcuSurgical afin d’obtenir le marquage CE, sésame obligatoire pour lancer une commercialisation en Europe.

« Notre technologie répond à une forte demande. Au niveau mondial, on compte aujourd’hui 1,6 million de chirurgies de la rétine par an. 400 000 à l’échelle européenne et 60 000 en France. De nouvelles procédures chirurgicales sont d’ailleurs en train d’être élaborées pour mieux traiter certaines des maladies rétiniennes. C’est là que notre robot intervient. Il est là pour reproduire les gestes du chirurgien. Sa main ne tient plus directement l’instrument intra-oculaire, mais un joystick qui commande le robot, ce qui permet d’augmenter la précision du geste en éliminant les tremblements et en améliorant la visualisation. L’ensemble du système apporte donc justesse et sécurité », développe Christoph Spuhler qui annonce une nouvelle levée de fonds d’ici 2024.

Si pour l’heure, le co-fondateur de la start-up ne souhaite pas communiquer sur un montant, « l’objectif est bien sûr de faire mieux que les 6M€ de 2021 et d’intéresser des fonds américains dans l’optique d’une future commercialisation aux USA dans les années à venir. »