Aéronautique : le toulousain Limatech inaugure sa première usine de production et lève 20 M€
Innovation. La start-up toulousaine Limatech vient d’inaugurer, à Voreppe, en Isère, sa première usine de production de batteries au lithium dédiée au secteur de l’aviation, un investissement de 10 M€. Pour accélérer leur commercialisation et poursuivre sa R&D, elle prépare une levée de fonds de 20 M€.
Plus de huit ans auront été nécessaires au toulousain Limatech pour franchir toutes les étapes entre la fabrication de son prototype de batterie au lithium pour l’aéronautique et l’inauguration ce 11 juillet 2024 de sa première usine de production à Voreppe, dans l’Isère. Un long chemin à la hauteur des multiples jalons à franchir pour obtenir la certification de son produit.
Fondée en 2016, l’entreprise basée à Toulouse (30 salariés) a investi depuis plus de 15 M€ pour développer des batteries à technologie lithium fer phosphate (LFP) à la fois intelligentes et sécurisées pour le secteur de l’aviation. Utilisées pour le démarrage des moteurs, ces batteries sont réputées trois fois plus légères, deux fois et demi plus efficaces et durent deux fois et demi plus longtemps que celles utilisées aujourd’hui dans l’industrie aéronautique.
10 000 batteries par an en 2030
Cette innovation de rupture, développée avec l’appui du CEA Leti de Grenoble, a conduit au dépôt d’une douzaine de brevets et a valu à Limatech de nombreux prix. Classée en 2017 parmi les 10 start-up les plus innovantes dans le domaine des technologies émergentes selon le Massachusetts Institute of Technology (MIT), la pépite a en effet remporté deux ans plus tard le trophée Airbus de l’Innovation aéronautique.
Lauréate en 2020 du programme H2020 EIC New deal du Conseil européen de l’innovation, elle a bénéficié à cette occasion d’une subvention de 2 M€ pour le développement de sa première batterie. Limatech est enfin lauréate de deux appels à projets lancés en 2022 dans le cadre du plan France 2030 : l’AAP « Batteries » et l’AAP « Première usine » qui lui a permis d’obtenir un financement pour cette première usine de production.
L’investissement réalisé au cœur de cette Silicon Valley à la française que constitue la région grenobloise se monte à 10 M€. Le site de 1 200 m2 accueille à ce jour une ligne de production sur laquelle travaillent 10 personnes. Mais à terme, ce sont trois lignes de production qui devraient être installées. L’objectif de Limatech est de proposer ses batteries aux constructeurs d’aéronefs dès le début 2025. 500 exemplaires doivent être produits par an dans un premier temps, la mise en service des deux autres lignes de production permettant d’atteindre plus de 10 000 unités par an en 2030.
« Grâce à cette usine créée sur mesure pour répondre à nos besoins, nous sommes fin prêts à démarrer la commercialisation de nos batteries. Nous suivons une feuille de route claire et précise, avec une montée en puissance progressive pour atteindre nos objectifs de croissance », assure Florence Robin, co-fondatrice et présidente de Limatech, dans un communiqué daté du 11 juillet 2024.
Une source d’économies pour l’industrie
Les premiers essais au sol réalisés sur des avions Beechcraft début 2023 ont permis de valider la pertinence de la solution développée par Limatech, comme source d’importantes économies pour l’industrie. Plus légères, plus puissantes, dotées d’une plus longue durée de vie, ces batteries nécessiteraient en effet moins de maintenance.
Dans la foulée, en avril de la même année, la start-up toulousaine a obtenu l’agrément Part 21G de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Détenu par moins de 500 entreprises dans le monde, il autorise Limatech à fabriquer des batteries au lithium pour l’aviation commerciale. Lesquelles seront distribuées par OEMServices, un spécialiste des opérations de maintenance et de la chaîne d’approvisionnement pour l’industrie aéronautique fondé par Diehl Aerospace, Liebherr Aerospace, Thales Avionics et Safran Aerosystems.
Un nouveau tour de table de 20 M€
Alors que la certification finale des batteries par l’European Technical Standard Order (ETSO) est prévue pour le deuxième semestre 2024, la start-up prépare une nouvelle levée de fonds de 20 M€. Une partie de ce montant - entre 2 et 3 M€ - fait déjà l’objet d’une campagne financement participatif sur la plateforme Crowdcube.
Ce nouveau tour de table doit lui permettre de financer de nouveaux programmes de recherche. Ces batteries, qui aujourd’hui servent au démarrage des moteurs, pourraient en effet demain favoriser plus globalement l’hybridation et l’électrification des aéronefs. Elles pourraient également intéresser d’autres secteurs tels que l’automobile, le ferroviaire, le nautisme, la défense ou encore l’éolien sur un marché mondial de la batterie estimé à 140 Mds€.
Enfin, cette levée de fonds doit lui permettre d’accélérer la commercialisation de ses packs de batteries. « Parce que la technologie LFP répond à véritable besoin du marché, tous nos regards sont aujourd’hui tournés vers l’avenir en vue de réussir notre accession au marché, tout en poursuivant les recherches nécessaires pour continuer à innover dans un secteur hautement stratégique pour la souveraineté française et européenne », conclut Maxime di Meglio, co-fondateur et directeur général de Limatech, qui annonce par ailleurs le recrutement d’une quinzaine de postes d’ici fin 2025 et un objectif de 130 M€ de CA à horizon 2030.