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Airplane accélère sur la formation

Industrie. Le groupe familial Airplane, installé depuis 10 ans dans l’ancienne base militaire de Francazal, poursuit son développement avec, en vue, de nouveaux ateliers et un centre de formation à l’horizon 2022-2023.

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Le centre de formation se composera d’une partie peinture et d’une partie MRO. Airplane

Même après les turbulences provoquées par la Covid, le groupe Airplane, qui a récemment célébré ses 10 ans sur la base de Francazal, voit son horizon dégagé et affiche de belles ambitions. Bien que 2020 ait cloué au sol la plupart des compagnies aériennes, le groupe familial a enregistré une progression de 22% de son CA, à 12 M€ en cette année particulière. Initialement spécialisé dans la peinture aéronautique à travers Airplane Painter, le groupe a, de fait, renforcé son activité de maintenance Airplane Delivery, qui depuis deux ans, représente la majorité de son activité.

En marge, l’entreprise a joué pleinement la carte de la modification avionique, comprenez la conversion des avions régionaux de type ATR en cargos, « une activité florissante, démarrée avant la crise et qui, désormais, nous apporte un carnet de commandes bien rempli, du fait du fret aérien qui a connu un coup d’accélérateur de 12% ces deux dernières années », explique Charly Arslan, président du groupe Airplane. Avec actuellement cinq avions transformés à son compteur, l’entreprise toulousaine mise sur cinq à 10 transformations par an, et ne compte pas en rester là.

De nouveaux ateliers en vue

En effet, le groupe, qui table sur une croissance à deux chiffres en 2021, entend porter de nouveaux projets à l’horizon 2022. Dans sa feuille de route, s’inscrit en premier lieu, l’ouverture de nouveaux ateliers. Disposant pour l’heure de 10000m2 de surfaces d’ateliers réparties dans deux hangars, le groupe envisage de renforcer ses activités de maintenance autour de pièces d’avions spécifiques. « Nous sommes en réflexion avec ATR en vue d’intégrer des ateliers par exemple autour des moteurs, etc., afin de ne pas passer par des prestataires externes et ainsi mieux maîtriser les délais et l’ensemble de la chaîne. Proposer une prestation globale sur l’ensemble des pièces nous permettrait d’augmenter notre CA », détaille le président.

« Nous avons pour objectif d’offrir la capacité d’apprendre un métier riche et varié, digne d’un métier d’ingénieur »

Parmi les autres axes de développement, figure l’extension de sa capacité d’accueil sur le tarmac d’avions régionaux de type CRJ 1000 et Embraer 190, ce qui permettrait au groupe de conforter sa position européenne. « Il nous faut recruter plus de personnel qualifié, investir dans les outillages afin que les ateliers deviennent communs à ces deux types d’avion, le tout afin de créer un cercle vertueux qui augmenterait notre capacité de traitement et notre activité. Nous envisageons parallèlement de moderniser les installations de peinture afin de gagner en efficacité mais aussi de préserver la santé de nos collaborateurs », confirme-t-il.

L’entreprise qui s’affiche comme l’un des acteurs majeurs de la MRO sur le plan européen, traite près de 200 avions et projette d’intensifier le nombre d’interventions qui prennent pour la plupart plusieurs mois. « Nous étudions des solutions à Francazal, en région, et regardons aussi les opportunités à l’international, pour une décision courant 2022. » En marge, le groupe, qui réunit une centaine de collaborateurs, ambitionne de créer son propre centre certifié, dont un pour la peinture et un pour la MRO d’ici fin 2023 pour répondre à ses besoins de main-d’oeuvre qualifiée, actuellement en pénurie ou absorbée en majorité par Airbus.

Se positionner sur de nouveaux marchés stratégiques

« Nous rencontrons une difficulté à recruter des techniciens de maintenance notamment sur les avions régionaux, car peu de collaborateurs sont formés, du fait du faible nombre d’avions de ce type produit dans le monde (seuls 1600 avions volent dans le monde). La main-d’oeuvre qualifiée se tourne davantage vers des avions neufs. Nous avons donc une carte à jouer pour combler ce déficit, et disposer d’un vivier de talents en interne tout en créant de l’emploi, notamment en région mais aussi à l’international. Nous avons pour objectif d’offrir la capacité d’apprendre un métier riche et varié, digne d’un métier d’ingénieur, avec un bon salaire à la clé et des missions à l’étranger ».

De fait, la première promotion sera composée d’une vingtaine de personnes, dont la moitié en apprentissage. La formation sera notamment orchestrée par des collaborateurs internes au sein des ateliers et des formateurs pour la partie théorique. « Si la formation MRO dure entre trois à cinq ans, la formation peinture s’effectuera en moins d’un an. Pour cette dernière, nous ciblons particulièrement des jeunes éloignés de l’emploi, ou des personnes en reconversion », détaille Charly Arslan. Pendant qu’un avion régional, maintenu et peint dans les locaux d’Airplane, fend l’horizon au-dessus de Francazal à l’occasion des 40 ans d’ATR, la PME entend également se positionner sur de nouveaux marchés stratégiques, tels que l’avion électrique et l’hydrogène d’ici trois ans, avec dans le viseur des prestations et de la formation.