Entreprises

Génie des procédés : Aithra lève 2 M€ et passe à l’échelle industrielle

Technologie. La start-up Aithra, qui a développé un procédé innovant de production de céramiques techniques, vient de boucler un tour de table de 2 M€ auprès de business angels. Le Toulousain, qui a tapé dans l’oeil de l’Agence spatiale européenne, va utiliser ces fonds pour lancer la production de ses premières machines industrielles dès 2025.

Lecture 4 min
Cédric Neuville et Marine Bertucchi ont fondé Aithra en 2020. Spécialisée dans les céramiques techniques, la start-up vient de lever 2 M€. (©Aithra)

Réservées à l’usage industriel, les céramiques techniques ont de nombreuses propriétés. Fabriquées à partir de différents éléments dont des alumines, des oxydes ou des composés carbonés, elles sont isolantes, résistantes notamment à la chaleur, aux frottements et aux agressions chimiques, ce qui en fait un matériau prisé par les industries de pointe. Malheureusement, leur fabrication s’avère compliquée et onéreuse.

C’est ce défi industriel que relève le toulousain Aithra. Fondée en 2020 par Marine Bertucchi et Cédric Neuville, deux physiciens de formation, la start-up a développé un procédé innovant d’impression en 3D « par frittage haute pression sans liant ni moule », aujourd’hui « unique au monde », détaillent les cofondateurs. En divisant par trois le nombre d’étapes nécessaires, la pépite labellisée Deep Tech par Bpifrance a drastiquement simplifié la production des céramiques techniques. En réduisant les délais et les coûts, elle ouvre aussi la voie à de nouvelles applications.

De fait, cette avancée technologique intéresse de nombreux secteurs d’activité tels que le spatial, la médecine, la défense, l’automobile ou encore l’énergie. Remplaçant les métaux et les plastiques, l’impression 3D de ces céramiques techniques permet en effet de miniaturiser de nombreux composants techniques et autres pièces mécaniques tout en augmentant leur durée de vie et en améliorant leurs performances. Le procédé peut être utilisé pour fabriquer des éléments tels que des antennes, des structures de satellites ou des circuits électroniques.

Rupture technologique

« Le mode de production actuel des céramiques techniques ne répond pas aux besoins industriels : aujourd’hui ceux-ci doivent en effet choisir entre soit avoir les bons matériaux, soit avoir les bonnes formes. Nous avons développé une innovation de rupture pour pouvoir enfin produire les bons matériaux dans les bonnes formes avec un procédé industrialisable. Nous sommes producteurs des machines qui exploitent notre innovation », expliquent les dirigeants d’Aithra sur le site de Capitole Angels

Pour accélérer son développement, la start-up, qui est accompagnée depuis sa création par l’incubateur régional Nubbo et par le Centre interuniversitaire de recherche et d’ingénierie des matériaux (Cirimat) de Toulouse, vient de lever 2 M€ en amorçage auprès d’un pool de business angels dont Défense Angels, Aerospace Angels et Business angels des Grandes écoles (Badge).

L’entreprise, qui emploie cinq collaborateurs, va pouvoir, grâce à ces fonds, lancer la fabrication de ses machines. Les premières applications industrielles devraient concerner le spatial. La jeune pousse toulousaine a en effet été sélectionnée il y a trois mois par l’Agence spatiale européenne (ESA) et le CNES pour rejoindre le programme d’incubation de l’ESA BIC Sud France.

Alors que les grands acteurs du secteur sont pour l’essentiel aujourd’hui basés en Asie Pacifique et outre-Atlantique, cette reconnaissance devrait permettre à Aithra de gagner en visibilité à l’international. Un atout de poids sachant que selon une étude du cabinet Mordor Intelligence, le marché mondial des céramiques techniques devrait croître de 7 % par an jusqu’en 2029 pour atteindre plus de 18 Mds$.