Prix de l’énergie : ce Toulousain veut disrupter le marché avec son radiateur thermodynamique
Innovation. Avec son radiateur thermodynamique intégrant une pompe à chaleur, Sébastien Vacher, le porteur du projet PACCAP incubé au sein de Nubbo, propose une solution simple et économique pour réduire la précarité énergétique et améliorer son impact environnemental. Il projette un test à grande échelle avec l’installation de plus de 300 radiateurs dans un bâtiment.

Réduire sa facture de chauffage de 70 % ? Avec la hausse des prix de l’énergie, tout le monde en rêve. C’est justement la promesse de Sébastien Vacher, porteur du projet PACCAP. Il fait partie des six startuppers qui ont rejoint en janvier 2025 l’incubateur régional Nubbo, à la Cité dans le quartier Montaudran à Toulouse.
Diplômé de l’université Grenoble Alpes, auteur d’une thèse réalisée au sein du CEA sur les réfrigérants utilisés dans les pompes à chaleur (PAC), Sébastien Vacher a fait l’essentiel de son parcours professionnel en Alsace, au sein du groupe BDR Thermea, fabriquant européen d’appareils de chauffage. Directeur Europe de la R&D dans le domaine des PAC, il a changé de cap en 2023 pour rejoindre une PME deeptech toulousaine avant d’oser lancer son propre projet fin 2024.
Néo-entrepreneur engagé, le quadragénaire développe une nouvelle génération de radiateur thermodynamique intégrant une pompe à chaleur qui permet donc de faire de très substantielles économies sur sa facture de chauffage par rapport à un appareil de chauffage conventionnel. Très simple à installé (il suffit de réaliser deux ouvertures dans le mur donnant sur l’extérieur), ce radiateur du futur a vocation à remplacer les convecteurs électriques très gourmands en énergie, mais aussi les radiateurs hydrauliques raccordés à une chaudière gaz ou fioul (deux énergies polluantes en raison de leurs émissions de gaz à effet de serre), et ce en habitat collectif comme en maison individuelle.
Enjeu de rénovation énergétique
Pour rappel, le principe de la pompe à chaleur est simple : il s’agit de récupérer les calories de l’air extérieur pour les restituer à l’intérieur. Dotées d’un haut rendement énergétique, les PAC sont, selon l’Ademe, un moyen efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage des bâtiments résidentiels ou tertiaires.
De fait, avec sa technologie, Sébastien Vacher s’est donné pour ambition de répondre à plusieurs enjeux majeurs. Au premier rang desquels la précarité énergétique et l’impact environnemental. « En 2024, près de 10 % de la population, c’est-à-dire près de six millions de Français, ont été obligés d’arrêter le chauffage parce que l’énergie était devenue trop cher », rappelle l’intéressé. Malheureusement, ajoute-t-il « lorsque vous habitez un logement collectif et que vous avez des radiateurs très énergivores, il n’y a pas de solution technique simple pour réduire votre facture d’énergie et vos émissions de CO2 ».
Faciles à mettre en œuvre y compris dans des collectifs où les contraintes architecturales et réglementaires peuvent parfois poser problème, ces radiateurs de nouvelle génération pourraient donc être un des éléments de la solution pour rénover thermiquement ces logements. Une problématique elle aussi majeure sachant que le parc français compte près de six millions de passoires énergétiques.
Des radiateurs made in France
Le fondateur de PACCAP vise également un enjeu de réindustrialisation, dans la droite ligne des objectifs que la France s’est fixés. Pour décarboner les bâtiments et l’industrie, le gouvernement a en effet déployé en avril 2024 un plan d’action en vue de produire en France un million de pompes à chaleur dès 2027, aujourd’hui largement importées d’Asie.
« Ses futurs radiateurs thermodynamiques seront donc produits dans l’Hexagone », assure-t-il. Une production que Sébastien Vacher veut éco-responsable : dans un objectif zéro déchet, l’emballage sera consigné et le produit évidemment réparable. « Cela signifie que si votre produit ne fonctionne plus, que vous n’en voulez plus, ou que vous voulez passer à la nouvelle génération, nous serons en capacité de récupérer ce produit, de le reconditionner, et de le remettre sur le marché ». L’idée étant de « limiter l’utilisation des ressources naturelles », mais aussi d’« élargir l’accessibilité de notre offre à des personnes qui n’ont pas forcément les moyens d’acheter un produit neuf » dont le prix devrait osciller entre 2 000 et 4 000 €.
Un retour sur investissement sur deux à cinq ans
Entreprise à mission, avec un fort impact environnemental et sociétal, le dirigeant de PACCAP veut aussi « offrir un service clé en main, qui comprend le produit, l’installation, l’accès aux différentes aides disponibles ainsi que le financement éventuel, avec la possibilité de payer en plusieurs fois. » Selon ses calculs, le retour sur investissement devrait être rapide, de l’ordre de deux à cinq ans, en fonction de la localisation et de l’isolation du logement.
Après avoir développé seul et sur fonds propres un prototype, le néo-entrepreneur planche sur une deuxième version du radiateur PACCAP. Il est d’ailleurs en train de nouer des partenariats avec le CEA de Grenoble et celui de Toulouse « pour faire sauter les derniers verrous techniques ». Il a également engagé des pourparlers avec d’autres acteurs comme GRDF ou EDF pour finaliser le développement du produit. Au total, Sébastien Vacher prévoit d’investir entre 500 K€ et 1 M€ dans la mise au point de ce second prototype avec l’aide espère-t-il de la Région Occitanie et de Bpifrance dont il brigue le label Deep Tech. « Bien sûr, si des entreprises ou des business angels veulent soutenir notre développement, ils sont les bienvenus, l’union fait la force ! »
Appel à manifestation d’intérêt
Avec ses radiateurs décarbonés, le startupper vise le marché professionnel dans un premier temps pour obtenir des volumes de production plus conséquents avant d’attaquer le marché des particuliers grâce à des prix plus attractifs. La prochaine grande étape ? En 2026, Sébastien Vacher vise le démarrage « d’un projet pilote pour rénover un bâtiment entier qui comprendra entre 300 et 500 radiateurs afin de valider la technologie en situation réelle ». Il lance d’ailleurs un appel à manifestation d’intérêt « aux propriétaires et exploitants qui souhaitent faire partie de l’aventure PACCAP, qu’il s’agisse de PME, d’industriels, de collectivités qui veulent décarboner leur système de chauffage, faire des économies et soutenir la réindustrialisation de la France. »
Très confiant dans sa solution, Sébastien Vacher espère bien bouleverser le marché du chauffage évalué à 7 Mds€ en France. Cependant ses ambitions vont bien au-delà. D’autres pays en Europe offrent en effet un fort potentiel de développement, notamment l’Allemagne et la Pologne où l’énergie est encore fortement carbonée. « Notre solution répond à un besoin global. Tout apport financier ou investissement pourra nous aider à aller plus vite pour scaler le marché », conclut le chef d’entreprise qui veut à terme développer une gamme complète qui permettra aussi de rafraîchir les pièces.