Après les tenues médicales, cette medtech haut-garonnaise s’attaque aux pansements bactéricides
Santé. Depuis 2015, la start-up Christine Nayrac Innovation basée à Saint-Gaudens développe et produit des vêtements et dispositifs pour les domaines du sport et de la santé. Elle commercialise notamment des tenues bactériostatiques destinées aux professionnels médicaux, conçues en partenariat avec le CHU de Toulouse. Des innovations de rupture qui permettent aussi aux acteurs du secteur de réduire leur empreinte écologique.

La capitale européenne de l’aéronautique excelle dans de nombreux domaines y compris la santé. Invest in Toulouse, la structure qui accompagne les entreprises à s’implanter dans la Ville rose, décrit même le territoire comme « un centre européen et mondial de recherche ». Avec plus de 15 000 étudiants, 2 200 chercheurs en santé, huit hôpitaux, neuf cliniques, l’Oncopole et le CHU, sacré meilleur hôpital de France l’année dernière, le rayonnement de la ville et, a fortiori, de la région ne sont plus à prouver.
Les medtechs installées à Toulouse participent activement à sa renommée. Toujours selon Invest in Toulouse, on en dénombre 110, spécialisées dans différents domaines comme la dermatologie, la cosmétique, ou encore dans les textiles utilisés par les professionnels de santé (tenues de bloc, ensembles de protection, etc.). Parmi elles, la start-up Christine Nayrac Innovation (CNI), basée à Saint-Gaudens dans le sud de la Haute-Garonne, est spécialisée depuis 2015 dans les études en biotechnologies et la confection de tissus techniques pour les acteurs de la santé et du sport.
Des technologies au service de la santé
« À l’origine, nous fabriquions et commercialisions des vêtements pour les sportifs. Nous nous sommes inspirés du tapping, à savoir les straps que les sportifs utilisent pour soulager leurs muscles, leurs articulations ou leurs tendons. Nous avons donc créé des vêtements qui intègrent directement cette technologie », explique Damien Bouin, le fils de la fondatrice qui a repris les rênes de la société depuis le début de l’année.
En 2021, à l’annonce de la crise sanitaire, la société a vécu un tournant, comme l’explique le nouveau dirigeant. « Nous nous sommes lancés dans la confection de masques dans le cadre du plan régional sanitaire impulsé par la Région, qui nous a soutenus financièrement au même titre que Ad’Occ. » Sans pour autant abandonner la production et la vente de vêtements de sport, toujours distribués dans la boutique de l’atelier à Saint-Gaudens, la majeure partie de l’activité de la start-up s’est alors tournée vers la santé.
Une collaboration avec le CHU de Toulouse

« Nous avons d’abord décliné notre technologie basée sur le tapping pour produire des dispositifs de compression post-opératoire. Nous proposons donc des cagoules pour les liftings ou encore des pantys pour les liposuccions, que nous vendons sous la marque Physio Kontact », développe Damien Bouin, qui rappelle que toutes les matières premières nécessaires à leur production viennent de France ou d’Europe.
À la suite de cela, la société a répondu à un appel d’offre du CHU avec le groupement de coopération sanitaire Blanchisserie Toulousaine de Santé pour participer à un projet nommé « Green Bloc ». Acteur méconnu mais pourtant essentiel dans le monde hospitalier, la structure est la première blanchisserie publique de France en volume traité située à Toulouse, avec 26 tonnes de linge traitées par jour soit 72 000 pièces, pour le compte de ses 22 partenaires (CHU de Toulouse, IUC Oncopole, CH Lavaur, Auch, Mirande…).
« Ce projet avait pour but de rendre plus écologiques les blocs opératoires toulousains. Nous avons donc développé, en collaboration avec l’université de Montpellier et l’Inserm [1], une tenue réutilisable et confortable pour les professionnels de santé. Cette dernière est bactériostatique et évite donc la prolifération de bactéries. Elle est aussi réutilisable jusqu’à 250 fois après lavage, ce qui réduit son impact écologique », développe le chef d’entreprise qui explique que les grosses commandes de tenues professionnelles sont sous-traitées à son partenaire lyonnais Robur.
Cette innovation, aujourd’hui brevetée, a nécessité trois ans de R&D pour la petite équipe de CNI, constituée de trois personnes. « Aujourd’hui, qu’il s’agisse de nos tenues bactériostatiques ou de nos tenues classiques, nous équipons les centres hospitaliers d’Avignon ou encore de Vannes en Bretagne. »
Finaliste du prix Next Innov
La start-up a également développé un pansement régénératif et bactériostatique. Une innovation qui lui a permis de faire partie de la short list du prix Next Innov, organisé par la Banque Populaire Occitane en mars dernier. « Le pansement est testé par la clinique Pasteur de Toulouse et, si les essais sont concluants, nous devrions commencer à le commercialiser d’ici deux ans », ajoute l’intéressé.
La société, qui n’a pas souhaité communiquer son chiffre d’affaires, revendique un taux de croissance de 20 % entre 2022 et 2023. Cette année, Christine Nayrac Innovation compte se diversifier son activité en développant des produits de blanchisserie. « Nous conduisons ce projet en partenariat avec la Blanchisserie Toulousaine de Santé, avec laquelle nous avons déjà collaboré dans le cadre du projet Green Bloc du CHU. Le but étant de mettre au point des produits qui rendent les vêtements bactériostatiques après lavage », conclut Damien Bouin.
[1] Institut national de la santé et de la recherche médicale