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Riz IGP de Camargue : Arterris, Pro à Pro et Vivien Paille s’allient pour défendre une filière durable

Alimentation. Acteur incontournable du secteur agroalimentaire occitan, la coopérative agricole Arterris s’associe au distributeur alimentaire Pro à Pro et à la marque Vivien Paille, et annonce la signature d’une convention tripartite pour soutenir la filière du riz de Camargue IGP.

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Antoine Fabry, Barbara Ferrand-Lecocq et Éric Foucault signent une coopération pour valoriser la production et la distribution du riz de Camargue IGP sur le territoire français. (©Pro à Pro, Vivien Paille, Arterris)

Le 30 septembre 2025, l’Audois Arterris, le Montalbanais Pro à Pro et le Valenciennois Vivien Paille ont signé un partenariat visant à soutenir la filière du riz camarguais. Produit sur 146 000 ha de plaines côtières à cheval sur les départements du Gard et des Bouches-du-Rhône, ce riz bénéficie du label d’indication géographique protégée (IGP).

La filière représente 98 % de la production française de riz et 30 % de la consommation sur le territoire en 2022. Cette place prépondérante dans la balance rizicole française a poussé ces trois acteurs majeurs de l’agroalimentaire à s’associer pour la promouvoir, la développer et la pérenniser.

Trois acteurs, une même vision

Basé à Castelnaudary, dans l’Aude, Arterris est spécialisé dans les productions animales et végétales. Fort d’un chiffre d’affaires de 1,1 Md€, le groupe fédère aujourd’hui plus de 15 000 agriculteurs-coopérateurs et emploie 2 900 collaborateurs. Depuis sa création en 2008, la coopérative - dont le territoire s’étend sur la région Occitanie et la région Sud - s’est notamment donné pour mission de développer « des filières durables pour répondre aux enjeux alimentaires de demain ».

Présidé par Jean-François Naudi et dirigé par Éric Foucault, Arterris travaille main dans la main avec Vivien Paille depuis la signature d’un partenariat en 2005. Il y a déjà plusieurs années, les deux protagonistes avaient affiché leur volonté commune de « redéfinir la notion de filière française du riz et d’engager davantage les différents maillons de la chaîne sur le long terme ».

Fondée en 1989 et basée à Valenciennes ainsi qu’en Camargue, Vivien Paille transforme chaque année 170 000 tonnes de produits (principalement du riz et des légumes secs), dont près de 50 000 tonnes de riz camarguais. La société, au chiffre d’affaires de 229 M€ en 2024, maîtrise l’ensemble de la filière : de l’approvisionnement jusqu’à la distribution, « avec plus de 1 100 références de produits ». Rachetée en 2022 par le groupe Avril (7,7 Md€ de chiffre d’affaires en 2024 et près de 8 500 collaborateurs), la marque française distributrice dirigée par Barbara Ferrand-Lecocq est également très impliquée dans la promotion de la filière du riz camarguais.

Meilleure rémunération des riziculteurs

Dernier acteur de cette convention tripartite : Pro à Pro. Dirigée par Antoine Fabry, la société tarn-et-garonnaise est engagée dans la distribution alimentaire pour la restauration collective et commerciale. L’offre du grossiste couvre 15 200 références de « produits d’épicerie, frais, surgelés et de protéines végétales ». Fort d’un chiffre d’affaires de 108 M€ en 2024, il emploie 2 800 personnes en France ainsi que dans les départements et régions d’outre-mer (DROM). Passé sous le giron du groupe Metro en 2017, il bénéficie d’un vaste réseau d’entrepôts sur ces territoires.

Concrètement, ce partenariat stratégique - qui s’inscrit dans la durée, jusqu’en 2028 - doit permettre de réorganiser la chaîne de production du champ à l’assiette. « Récolté dans les rizières camarguaises sous indication géographique protégée (IGP), le riz de Camargue IGP - produit par les adhérents d’Arterris - sera transformé et conditionné par Vivien Paille sur son site d’Arles, puis distribué par Pro à Pro auprès de ses clients partout en France », détaille le trio dans un communiqué daté du 8 octobre 2025.

Cette coopération renforcée doit conduire à une plus juste rémunération des 120 riziculteurs de Camargue, permettre la réduction de l’impact environnemental de cette culture et surtout garantir aux consommateurs finaux un riz de qualité, « issu d’un terroir d’exception, tout en valorisant une production locale ». De quoi aussi répondre aux exigences de la loi EGalim, qui a fixé un objectif ambitieux d’au moins 50 % de produits durables et locaux (dont 20 % de produits bio) dans les menus servis par les restaurants collectifs sous gestion publique.

Enjeu de souveraineté alimentaire

Plus largement, cette alliance - ou plus exactement cette nouvelle organisation - doit aussi permettre une meilleure sécurisation des approvisionnements. Un objectif ô combien important à l’heure où la souveraineté alimentaire et agricole est (re)devenue un enjeu stratégique et politique majeur pour la France, au même titre que pour ses voisins, eux aussi confrontés au changement climatique, à la dégradation des ressources naturelles et impactés par les différents conflits armés dans le monde.

Une nouvelle donne environnementale et géopolitique qui a d’ailleurs poussé Arterris à adopter, depuis septembre 2023, une nouvelle stratégie tournée vers la défense, l’acte de production et la coopération. « Face aux grands défis actuels tels que le changement climatique, le contexte inflationniste, la hausse des cours de l’énergie et des prix des matières premières ou encore les défis sanitaires, la réponse apportée doit être collective », avait ainsi expliqué son président Jean-François Naudi lors d’une assemblée générale du groupe.