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Arterris veut séduire les boulangeries artisanales avec sa marque Moulins Pyrénéens

Agroalimentaire. Le groupe coopératif audois restructure son activité de meunerie pour valoriser ses productions dans une démarche du « champ au pétrin ».

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Photo du moulin Mercier-Capla
Le moulin Mercier-Capla est installé à Saverdun depuis plus d’un siècle. (Crédit : ARTERRIS)

Encourager les boulangers d’Occitanie et de la région Sud à élaborer des pains réalisés à base de farines produites localement à partir de blés cultivés dans la région… C’est l’ambition d’Arterris, le groupe coopératif basé à Castelnaudary, dans l’Aude. La coopérative agricole, qui regroupe en Occitanie et en région Sud (ex-Paca), quelque 15 000 associés coopérateurs, vient en effet de restructurer sa branche meunerie dans cette optique.

La nouvelle structure, qui vient de voir le jour sous le nom d’Arterris Meunerie, réunit les deux moulins que possède le groupe coopératif sur son territoire : le moulin Mercier Capla, situé à Saverdun, en Ariège, et La Toulousaine des Farines, installée à Sallèles d’Aude, dans l’Aude. L’activité, qui emploie une cinquantaine de salariés au total, génère aujourd’hui un chiffre d’affaires de 44 M€ pour une production qui avoisine les 85 000 tonnes de farine par an.

Commercialisées sous la marque Moulins Pyrénéens, ces farines sont produites à 100 % avec du blé du sud de la France et à 80% à partir des blés cultivés par les coopérateurs. Sachant que la coopérative a collecté, au cours de l’exercice 2021-2022, plus de 222 000 tonnes de blé tendre (bio et conventionnel) ainsi que 208 000 tonnes de blé dur, l’activité de meunerie permet d’assurer des débouchés supplémentaires aux producteurs locaux.

Des farines spéciales et tracées

Les principaux clients des Moulins Pyrénéens sont aujourd’hui des industriels de la panification, de la viennoiserie et de grosses biscuiteries de la région, tels Pécou en Tarn-et-Garonne, pour lesquels les deux moulins, les derniers encore en activité dans leur département respectif, élaborent une très large gamme de farines, qui plus est tracées.

Pour une bonne part, les blés broyés sont en effet issus de filières vertueuses (blé CRC, bio, NF V30-001 ou Label Rouge). Les deux moulins produisent notamment une farine panifiable issue à 100 % de blé dur CRC, une innovation protégée par un brevet, qui permet de valoriser autrement le blé dur produit par les adhérents de la coopérative.

En dotant la marque Moulins Pyrénéens d’une nouvelle identité graphique, Arterris veut désormais se développer sur le marché des artisans boulangers, qui représentent aujourd’hui 15 % des ventes, avec un argument bien dans l’air du temps : le circuit court.

L’ambition est de séduire un millier d’entre eux sur l’ensemble du territoire d’Arterris d’ici les deux prochaines années. « Nous étions déjà leaders auprès de la clientèle industrielle en Occitanie, grâce à des farines très propres et qualitatives, mais nous voulons aller plus loin et viser l’excellence dans le développement de l’axe artisanal afin de valoriser notre savoir-faire auprès du consommateur final directement », explique Antoine Bernabé, directeur opérationnel d’Arterris Meunerie.

Accompagnement des artisans

L’autre atout que met en avant Antoine Bernabé est l’accompagnement. « Nous aidons nos clients sur les aspects techniques : la qualité du pain, du produit fini (snacking, pâtisserie). Il s’agit d’aider les artisans à trouver une meilleure rentabilité, en créant de la valeur ajoutée. Nous pouvons également les accompagner au moment de l’installation ou lors du transfert d’un fond, le cas échéant via des prêts qui leur permettent de franchir le pas et d’acquérir leur boutique. »

Plus globalement, ajoute Antoine Bernabé, « nous voulons amener l’expertise que nous avons développée auprès des grands comptes aux artisans de proximité en leur proposant des farines issues de blés régionaux de qualité et tracés. Notre maîtrise de la matière première et de la filière nous permet aujourd’hui de développer ce réseau d’artisans boulangers ».

Pour Jean-François Naudi, président de la coopérative, « ce projet de se renforcer sur le marché des boulangeries artisanales indépendantes s’inscrit pleinement dans la stratégie d’Arterris, et plus largement dans la dé marche de souveraineté alimentaire. Ceci consiste, pour nos agriculteurs à produire localement pour nourrir localement, avec des produits de qualité. » Arterris emploie 2300 salariés pour un chiffre d’affaires d’1,2 Md€.