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Artisanat d’art : des métiers toujours aussi attractifs en Occitanie ?

Artisanat. Entre 2017 et 2021, le nombre d’entreprises artisanales dans les métiers d’art a doublé en Occitanie. On en compte désormais près de 12 470, soit 10 % des effectifs nationaux. Une croissance qui profite à tous les départements de la région, preuve de la dynamique des territoires ruraux.

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Le savoir faire de Valérie Tanfin, plumassière
Une belle illustration des métiers d’art : le travail de la plumassière installée en Occitanie, Valérie Tanfin. (© Emmanuelle Braun)

Suivant de près le salon Fragments des métiers d’art d’Occitanie qui s’est déroulé à l’Hôtel-Dieu début décembre, le salon des créateurs et artisans d’art, qui se poursuit au MEETT jusqu’au 15 décembre, montre bien l’appétence du grand public pour les savoir-faire d’exception.

Il témoigne aussi de la richesse et du dynamisme des métiers d’art en Occitanie. Ce que confirme le dernier baromètre de l’artisanat de l’Institut supérieur des métiers (ISM), centre d’études et de formation sur l’économie de proximité (qui comprend artisanat, hôtellerie restauration et professions libérales), et la MAAF, mutuelle d’assurance des artisans. Avec 12 470 entreprises artisanales inscrites dans le champ des métiers d’art et de la création, la région concentre à elle seule 10 % des effectifs nationaux.

Covid-19 : élément déclencheur ?

De fait, le nombre d’entreprises artisanales des métiers d’art a doublé entre 2017 et 2021 (+108 % en Occitanie). La création d’entreprises dans ce secteur est ainsi à son plus haut niveau depuis trois ans. Un boum dû à la réforme du régime de la microentreprise qui permet de bénéficier de formalités de création allégées et d’un mode de calcul et de paiement simplifié de l’impôt sur le revenu et des cotisations sociales.

Cette explosion du nombre d’entreprises artisanales des métiers d’art pourrait également trouver son origine dans la crise sanitaire, une période « propice à la révélation de nouvelles vocations », précisent les responsables de l’étude dans un communiqué du 11 décembre 2024.

Si la photographie et la bijouterie fantaisie sont les deux métiers qui en Occitanie suscitent le plus grand nombre de vocations d’entrepreneurs, les métiers les plus pourvoyeurs d’emploi sont ceux liés au façonnage et à la taille de la pierre, la charpente et la fabrication de meubles.

Le Lot et l’Ariège en pointe

Cette croissance des métiers d’art s’observe dans tous les départements d’Occitanie. Si l’Hérault, le Gard et la Haute-Garonne occupent les trois premières places du podium en nombre d’entreprises, ce sont les départements du Lot et de l’Ariège qui connaissent les plus fortes densités d’artisans d’art avec environ 90 entreprises pour 10 000 habitants. Viennent ensuite le Tarn, le Gers et la Lozère.

« L’artisanat d’art et de création est aussi celui des régions avec des filières profondément ancrées dans nos territoires et qui perpétuent des savoir-faire séculaires comme l’artisanat du cuir dans le Tarn », explique Antoine Ermeneux, directeur général de la MAAF. Pour ce dernier, les métiers d’art contribuent ainsi largement au rayonnement de la France dans le monde. Ces entreprises sont, ajoute-t-il « les dépositaires d’expertises absolument uniques, qu’il convient de valoriser et de défendre ».

Et de perpétuer aussi. Les formations aux métiers d’art attirent ainsi chaque année de plus en plus de jeunes, notamment depuis la pandémie de Covid-19. Dans les académies de Toulouse et de Montpellier, l’ébénisterie, les métiers de la mode, la bijouterie-joaillerie et la photographie sont les filières d’artisanat d’art qui ont attiré le plus de jeunes apprentis en 2024.

Difficile de vivre de son métier

Pour Catherine Elie, directrice des études au sein de l’lSM, l’attractivité du secteur de la création est « une bonne nouvelle ». Pour autant, cette dynamique ne doit pas faire oublier ajoute-t-elle que :

L’immense majorité des artisans indépendants restent des micro-entrepreneurs, qui ne vivent pas forcément de leur art ».

Et de conclure : « Du créateur de bijoux fantaisies qui diffuse ses créations sur les marchés ou des plateformes numériques, à l’artisan joaillier prestataire des grandes maisons de la place Vendôme, il y a un cap pas toujours simple à passer : une nécessaire expertise du geste à acquérir et des marchés à conquérir. »

À l’échelle nationale, le baromètre de l’artisanat ISM-MAAF constate une forte augmentation du nombre d’apprentis dans certains métiers du patrimoine bâti. Les effectifs du CAP de charpentier ont ainsi grimpé de 44 %, ceux de vitrailliste de 72 %, ceux de zingueur de 84 %, tandis que la formation au métier de facteur d’orgue a elle bondi de 160 % ! Il faut y voir, pour les rédacteurs du baromètre, un possible « effet Notre-Dame de Paris », le chantier de reconstruction de la cathédrale ayant largement mis en lumière ces métiers. Reste maintenant à savoir si l’engouement va perdurer...