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Artisanat d’art : une nouvelle formation au métier de fabriquant de tapis ouvre à Lodève

Savoir-faire. Fondée en 1964 et rattachée depuis au Mobilier national, la Manufacture de la Savonnerie de Lodève, spécialisée dans le tissage de tapis au point noué, propose un CAP en apprentissage au métier de licier en tapis. Une opportunité pour l’Hérault qui lui permet de renforcer son attractivité et pour les apprenants qui intégreront la fonction publique après quatre ans de formation. L’ouverture est prévue en septembre 2024.

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Photo de l'atelier école de la manufacture de la Savonnerie
L’atelier école de la manufacture de la Savonnerie. © Mobilier national – Aliénor de Carrière

Le secteur des métiers d’art en France, qui compte près de 200 métiers et 150 000 professionnels, souffre d’un manque de visibilité. Or, les enjeux sont cruciaux, ces petites entreprises transmettent un savoir-faire unique, souvent ancestral.

L’ouverture du CAP « Arts et techniques du tapis et de la tapisserie de lice » au cœur de la Manufacture de tapis de la Savonnerie de Lodève par l’École des Arts textiles du Mobilier national est donc un évènement. « La formation a toujours été une des grandes missions du Mobilier national, rappelle Isabelle Dudognon, responsable de l’École des Arts textiles et de l’apprentissage. Nous devons perpétuer ces connaissances. C’est notre mission depuis la création des manufactures par Louis XIV. »

Une formation d’excellence

La manufacture de Lodève a été fondée en 1964, pour employer, à l’époque, les épouses de Harkis après l’indépendance de l’Algérie. Ces femmes possédaient de solides compétences en tissage traditionnel de tapis. Rattaché en 1965 à l’Administration du Mobilier national, l’atelier héraultais est une annexe de la Manufacture de la Savonnerie à Paris, laquelle doit son nom aux locaux dans lesquels étaient installés ses métiers à tisser, sous Louis XIII, à savoir une ancienne fabrique de savon des bords de Seine. Si les deux ateliers réalisent encore des copies de tapis anciens, ils travaillent essentiellement à partir de cartons de créateurs contemporains : peintres, architectes et designers tels que Soulages, Portzamparc, Crasset, Zao Wou Ki, Ruyant, Dubuisson…

L’objectif de cette nouvelle formation est de faire venir et surtout rester des jeunes à Lodève. « Nous manquons de personnel qualifié, nous étions 28 il y a 10 ans, nous ne sommes plus que 13 », précise Jean-Marc Sauvier, le directeur de la Savonnerie. La formation en apprentissage s’adresse aux jeunes de 16 à 29 ans dotés d’une certaine appétence pour le textile et l’art, ainsi qu’un goût prononcé pour le travail manuel, le métier de licier requérant beaucoup de concentration et de minutie.

Un savoir-faire pluriséculaire

La formation est assurée en association avec le lycée Joseph Vallot de Lodève, qui dispense les cours d’enseignement général, et le Greta CFA Hérault Ouest, chargé de la gestion des contrats d’apprentissage. Le métier de licier tel qu’il est enseigné utilise la technique des points noués, un savoir-faire très pointu. Les tapis de la Savonnerie iront ensuite orner les bureaux des ministères, de l’Élysée… Les artisans d’art ont récemment remis à neuf les tapis de Notre-Dame de Paris, souillés lors de l’incendie.

L’apprenant passera la majeure partie du temps sur le terrain, dans l’atelier de la Savonnerie à Lodève. Après le CAP, l’élève poursuivra son cursus par le Brevet des métiers d’art (BMA) à Paris. À l’issue de cette formation rémunérée, en apprentissage, d’une durée de quatre ans, il pourra se présenter au concours de technicien d’art du ministère de la Culture pour intégrer la Savonnerie. Auquel cas, il entrera dans la fonction publique. « Nous sommes à la fois l’employeur et l’école, ajoute Isabelle Dudognon. Nous offrons un emploi stable aux diplômés. »

340 personnes travaillent pour le Mobilier national qui regroupe les manufactures des Gobelins à Paris et de Beauvais, vouées à la tapisserie, la manufacture de la Savonnerie, dédiée au tapis ainsi que les ateliers du Puy-en-Velay et d’Alençon, spécialisés dans la dentelle. L’Atelier de recherche et de création travaille, lui, sur la création et le design contemporain. Sept ateliers de restauration se répartissent les travaux atour du bois, du métal et du textile. Tous ont le même objectif : faire briller le savoir-faire français.