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Astroscale France choisit Toulouse comme centre technique de maintenance en orbite

Spatial. La filiale française de l’opérateur de satellite japonais a annoncé le 19 octobre 2023 avoir choisi Toulouse pour développer des technologies innovantes de services en orbite. Astroscale fournit notamment des solutions pour éliminer les débris spatiaux.

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Photo du satellite ELSA-D
Astroscale a lancé en 2021 le satellite ELSA-D, première mission de démonstration d’élimination des débris spatiaux (©Astroscale).

Depuis le début de l’ère spatiale, le nombre et la masse des débits spatiaux ne cessent de croitre, augmentant ainsi les risques de collision pour les satellites en activité. Face à ces enjeux, dès 2002, des normes internationales ont été adoptées en vue de parvenir à une utilisation plus durable de l’espace. Sans grande efficacité jusqu’à présent a priori.

L’Agence spatiale européenne (Esa) évalue en effet à 30 000 le nombre de débris spatiaux de plus de 10 cm. Et l’avènement des constellations de satellites risque encore d’aggraver le phénomène. Pour surveiller en permanence cette situation en constante évolution, l’Esa s’est dotée d’un Bureau des débris spatiaux qui publie chaque année depuis 2016 un rapport sur l‘état actuel de l’environnement spatial.

Et le bilan qu’il tire n’est pas brillant. « Nous créons de plus en plus de débris », constate en effet l’Esa, et si certains opérateurs tentent de respecter les directives, « ils ne sont pas encore assez nombreux ».

Satellite nettoyeur

Plusieurs agences spatiales mais aussi des acteurs privés planchent sur l’élimination de ces débris spatiaux. C’est le cas de l’opérateur de satellites japonais Astroscale. Fondée en 2013, l’entreprise développe des solutions dans le domaine des services en orbite, notamment la prolongation de la durée de vie, la connaissance de la situation spatiale in situ, la fin de vie et le retrait actif des débris spatiaux.

Après une première mission réussie (ELSA-D), elle a développé ELSA-M, un satellite capable de capturer et de désorbiter des satellites en fin de vie qui pourrait entrer en fonctionnement dès 2024. Elle travaille sur ce projet avec de grands groupes français tels que Safran.

Par ailleurs, l’entreprise nippone, a signé en juin dernier au salon du Bourget, avec le Centre national d’études spatiales (Cnes) un contrat portant notamment sur la réalisation d’une étude de faisabilité pour une mission de retrait actif de débris spatiaux français.

Ce partenariat avec Astroscale s’inscrit dans notre ambition d’assurer la pérennité de l’espace à long terme et de renforcer le leadership de la France dans le secteur spatial », se réjouissait alors Philippe Baptiste, président du Cnes.

Le groupe japonais, également présent au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Israël, a annoncé dans la foulée la création d’une filiale française, Astroscale France puis en septembre la nomination de Philippe Blatt au poste de directeur général de la structure.

Renforcement des liens entre Toulouse et le Japon

Le 19 octobre 2023, Astroscale France a annoncé avoir choisi Toulouse pour installer son centre technique de maintenance en orbite. La société prévoit d’y développer des activités d’assemblage, d’intégration et de test de satellites et l’embauche d’une trentaine de personnes, le bureau parisien d’Astroscale France assurant le développement commercial.

Philippe Blatt se dit « très enthousiastes à l’idée de rejoindre l’écosystème spatial dynamique et en pleine croissance de Toulouse ». Avec 12 000 emplois et 400 entreprises dans le secteur spatial, la Ville rose concentre, de fait, 25 % des effectifs européens. Et Philippe Blatt d’ajouter :

Toulouse dispose d’un réseau dense d’opportunités, de partenaires et de fournisseurs, qui attire des talents de l’ensemble du pays. Nous sommes impatients de participer à la croissance de l’un des hauts-lieux de l’économie spatiale française et de nous y établir en tant que leader dans le secteur des services en orbite. »

L’agence d’attractivité de Toulouse Métropole et l’agence régionale de développement économique Ad’Occ ont beaucoup œuvré pour que le choix d’Astroscale se porte sur Toulouse, sachant que de nombreuses villes avaient exprimé leur souhait d’accueillir l’entreprise. Ses dirigeants faisaient d’ailleurs partie de la délégation de chefs d’entreprise japonais reçus le 28 septembre à l’hôtel de région à l’occasion du match opposant le Japon aux Samoa au stadium lors de la dernière coupe du monde de rugby.

Selon Jalil Benabdillah, vice-président de la Région et vice-président de l’agence Ad’Occ, « Astroscale trouvera en Occitanie des partenaires, des clients et des talents et sera un atout majeur pour notre industrie spatiale. Cette implantation renforcera par ailleurs nos actions de coopération dans les domaines économiques, culturels ou encore sportifs avec le Japon – pays prioritaire pour la Région Occitanie ».

Jean-Claude Dardelet, vice-président de Toulouse Métropole et président de l’agence d’attractivité de Toulouse Métropole, se félicite lui aussi de cette arrivée d’Astroscale. « Cette implantation matérialise et rend plus concret encore les liens stratégiques qui unissent les agences nationales du Cnes et de la JAXA (l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise, NDLR). Elle renforce tout autant les liens entre industriels et partenaires du domaine », estime-il.