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Propriété intellectuelle : à Toulouse le cabinet Bringer IP poursuit sa croissance discrète

Acquisition. Lancé à Toulouse en 2016, Bringer IP compte aujourd’hui près de 400 clients et gère plus de 5 000 titres de propriété industrielle. Après avoir ouvert un second bureau à Lyon en 2022, le cabinet de conseils a acté début mars le rachat du cabinet juridique Adamante, spécialisé dans le domaine médical, la chimie et les matériaux.

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Créé en 2016 par Mathieu Bringer et Léonard Pirastru, le cabinet Bringer IP est un cabinet de conseils en propriété industrielle (CPI), exclusivement consacré à la protection des créations des entreprises et entrepreneurs innovants. (©Bringer IP )

Si la concurrence a bien des vertus dont celle d’inciter les entreprises à se montrer plus audacieuses pour être davantage compétitives, elle n’est pas sans risque. En effet, alors que la compétition économique n’a peut-être jamais été aussi féroce dans un contexte d’hyper mondialisation, les grands groupes, les PME et autres start-up sont confrontés à des défis toujours plus complexes, notamment en matière de protection de leurs créations/innovations techniques et artistiques.

Conséquence, la protection industrielle et intellectuelle est devenue un enjeu majeur pour les sociétés, tant sur le plan juridique que stratégique. Spécialistes de ces questions, les conseils en propriété industrielle - communément appelés CPI - conseillent, assistent et participent à l’obtention, la défense et l’exploitation des droits de propriété industrielle (brevets, marques, dessins et modèles, droits d’auteur) et de ces droits connexes dans l’Hexagone, en Europe et à l’étranger.

Pourtant, alors que l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) annonce avoir reçu 15 566 demandes de brevets en 2023, soit une hausse « historique » de 5,6 % sur un an et que l’Office européen des brevets (OEB) bat lui aussi des records avec 193 460 demandes (+2,5 %), le pays ne compte que 1 000 CPI sur l’ensemble du territoire. Lancé en 2016 par Mathieu Bringer, le cabinet de conseils en projet industriel toulousain Bringer IP a réussi en l’espace de quelques années à se faire une place et surtout un nom dans ce secteur d’activité ultra-confidentiel et donc ultra-concurrentiel.

Exclusivement consacré à la protection des entreprises innovantes

Bringer IP a construit sa notoriété sur son expertise dans les domaines de l’aéronautique, des transports, de la mécanique et de l’intelligence artificielle. Fort aujourd’hui d’une croissance annuelle à deux chiffres, le cabinet compte près de 400 clients, parmi lesquels Liebherr Aerospace, le géant américain Procter & Gamble ou encore la SNCF. « Nous représentons également un certain nombre de PME régionales ou nationales comme le groupe HBF mais aussi des start-up et des centres de recherche académiques », indique Mathieu Bringer qui a exercé pendant plus de 15 ans dans plusieurs cabinets de conseils en propriété industrielle en Europe et en Asie. Une longue expérience à l’internationale qu’il partage avec son associé et responsable du département juridique Léonard Pirastru et qui fait aujourd’hui leur force.

Le cabinet toulousain gère aujourd’hui plus de 5 000 titres de propriété industrielle et intervient sur l’ensemble du cycle de la création : identification, protection, valorisation et défense des actifs immatériels des entreprises. Jugées complexes, de faible valeur et surtout trop coûteuses (environ 5 000€ par pays demandé), les procédures de délivrance d’une demande de brevet ont pourtant longtemps été boudées, notamment par les PME et start-up. Résultat, les entreprises allemandes déposent encore aujourd’hui trois fois plus de brevets que les entreprises françaises.

« Mais les choses sont en train d’évoluer dans le bon sens grâce notamment à la mise en place d’un certain nombre d’aides pour accompagner financièrement les entreprises dans ces démarches », assure Mathieu Bringer qui rappelle les bénéfices de la protection de la propriété intellectuelle :

Outre le fait de verrouiller le marché grâce à un monopole d’exploitation sur une durée maximale de 20 ans, la propriété intellectuelle est un instrument de communication aujourd’hui indispensable pour rassurer les investisseurs dans le cadre d’une levée de fonds et aussi les consommateurs. Être titulaire d’un brevet est en effet perçu comme un gage de qualité et d’expertise. Par ailleurs, la valorisation des actifs incorporels que sont par exemple les brevets permettent d’augmenter significativement la valeur d’une entreprise. »

Un rachat pour consolider son ancrage régional

Dopé par la course à l’innovation que se livrent les entreprises dans le monde depuis la crise sanitaire, Bringer IP a ouvert un second bureau à Lyon en 2022 et a récemment fait l’acquisition à Toulouse du cabinet juridique Adamente, fondé en 2015 par Marianne Lefèvre.

Si Mathieu Bringer et Léonard Pirastru confessent volontiers que ce rachat découle « davantage d’une opportunité que d’un choix stratégique », cette opération doit permettre à l’entreprise de poursuivre cette trajectoire de croissance en renforçant son expertise dans le domaine médical, la chimie et les matériaux. « L’expérience de Marianne Lefèvre et la relation de confiance qu’elle a nouée avec ses clients depuis près de 10 ans viennent renforcer le positionnement de Bringer IP et son ancrage régional, auquel nous tenons beaucoup », insistent les deux dirigeants qui tablent sur un retour sur investissement d’ici trois ans.

Composé de 10 salariés, le cabinet annonce par ailleurs vouloir renforcer ses équipes dans les années à venir. Quelque peu à l’étroit dans ses bureaux locatifs du centre-ville, situés place Wilson, Bringer IP souhaite déménager et devenir propriétaire. Un projet immobilier malheureusement pour le moment au point mort faute d’opportunité.

« Cela fait déjà plus d’un an que l’on cherche mais difficile pour des PME comme nous de trouver à Toulouse des espaces entre 100 et 300 m². Nous avons bien sûr tenté de nous positionner sur des programmes neufs comme celui sur Jolimont mais c’est un investisseur qui a encore une fois tout racheté pour ouvrir un énième espace de coworking », ironise Mathieu Bringer fustigeant une situation de longue date qui selon lui est un frein à l’installation de nombreuses entreprises dans la Ville rose.