Autisme : Specialisterne fait une place aux collaborateurs neuroatypiques
Emploi. Fort d’une douzaine d’implantations dans le monde, le cabinet de recrutement spécialiste de l’inclusion professionnelle des personnes autistes est installé à Toulouse depuis 2021. Il met en œuvre une méthode de placement originale qui a permis, depuis son lancement en 2004, la création de plus de 10 000 emplois pour les personnes autistes.
Specialisterne est un cabinet de recrutement différent. Il accompagne les entreprises et les collaborateurs dans la compréhension et l’inclusion de salariés éprouvant des difficultés sociales. Son approche immersive a fait ses preuves. Le cabinet innove en lançant notamment des offres d’emploi autism friendly.
Tous les styles cognitifs ont leur place et un rôle à jouer dans le monde du travail, vous dira Gabrielle Blinet, cofondatrice avec Pascale Marchal à Toulouse, de l’antenne française du cabinet de recrutement Specialisterne. Les dirigeantes développent une méthode de travail unique dans l’Hexagone.
« Notre idée est d’aider les personnes qui éprouvent des difficultés à s’insérer dans le monde du travail en raison de leurs différences cognitives avérées, explique Gabrielle Binet. Il faut donc qu’un diagnostic ait déjà été posé par un médecin, un psychologue. »
On entend par neuroatypiques, des personnes qui ont un chemin de pensée différent du schéma classique. L’autisme, les troubles dys (dyspraxie, dyscalculie, TDAH…) peuvent être regroupés sous cette appellation.
Quelle méthode pour quels résultats ?
La méthode a été initiée par le Danois Thorkil Sonne. « Il a été le premier à dire que l’autisme pouvait être vu comme une chance pour la société, à une époque où on parlait de maladie », ajoute Gabrielle Blinet.
En proie à des difficultés sociales ou scolaires, il est souvent difficile pour une personne autiste de mettre en avant ses compétences afin de convaincre un futur recruteur.
« Nous adaptons le processus de recrutement à la personne autiste en supprimant le tri des CV et l’entretien d’embauche. On enlève donc le stress qui précède le recrutement. De nombreux candidats sont autodidactes, c’est le cas dans l’informatique. Ils se révèlent précieux pour l’entreprise même s’ils n’ont pas validé un bac + 5. »
L’accompagnement permet de préparer l’environnement de travail des futurs collaborateurs, de lister toutes les fonctionnalités du poste et de déterminer les éléments indispensables à la mission. Et Gabrielle Blinet d’ajouter :
Nous essayons de sensibiliser les équipes autour de points tels que s’exprimer de façon claire, gommer le second degré, donner des consignes précises. C’est un management différent. Nous sommes le médiateur entre l’entreprise et les futurs collaborateurs. »
Au-delà du recrutement
Une fois les besoins de l’entreprise identifiés, Specialisterne lance des offres d’emploi « autism friendly », en lien avec d’autres institutions, telles que l’Apec ou Pôle Emploi. Le groupe de candidats (en moyenne huit personnes) est ensuite placé en immersion dans l’entreprise, encadré par les membres de Specialisterne.
De grandes entreprises ont déjà souscrit à ces programmes. Chez Airbus Protect à Blagnac, de nouvelles embauches sont en cours. Elles seront finalisées au mois de février.
Specialisterne assure ensuite le suivi des candidats pendant quatre mois. L’accompagnement est gratuit pour le candidat, seule l’entreprise paye la facture. Le cabinet propose en outre un programme de formation en e-learning pour permettre aux futures recrues de mieux connaître l’entreprise et les métiers.
Gabrielle Blinet, Pascale Marchal et l’équipe de consultants spécialisés suivent de très près les travaux menés dans le cadre du programme Atypie-Friendly dirigé par le mathématicien et ancien président de l’université Paul Sabatier Bertrand Monthubert. Il vise à développer une université inclusive « atypie friendly ». Ce programme est inscrit dans le plan autisme lancé par le gouvernement.
Specialisterne reçoit des demandes émanant de médecins du travail, de chargés de recrutement… Un vrai succès pour Gabrielle Blinet, à la hauteur de son engagement. « On sent bien qu’il y a une prise de conscience, que le regard est en train de changer. »