Concours Créadie 2025 : qui sont les trois entrepreneurs haut-garonnais récompensés ?

L’entrepreneuriat séduit de plus en plus de Français, et ce malgré une hausse des défaillances d’entreprise de 10 % l’année dernière, notamment due au contexte politique et économique actuel très instable. Ils étaient, d’après l’Insee, plus de 1,1 million à lancer leur business en 2024, un chiffre en augmentation de 5,7 % sur un an. Le statut d’auto-entrepreneur séduit toujours autant (+ 7 %). Les immatriculations de sociétés ont, elles, progressé de 5 %.

Même si les travailleurs sont de plus en plus nombreux à souhaiter se mettre à leur compte, beaucoup hésitent à se lancer faute d’accompagnement ou de moyens. C’est dans ce contexte qu’intervient l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), qui soutient l’entrepreneuriat des publics boudés par le système bancaire classique via des microcrédits allant jusqu’à 15 K€. Reconnue d’utilité publique, et depuis plus de 30 ans, ses bénévoles et salariés défendent l’idée que chacun, même sans capital, même sans diplôme, peut devenir chef d’entreprise.

Depuis le début de l’année, l’Adie Occitanie a déjà accompagné plus de 180 nouveaux porteurs de projet et « ambitionne de porter ce nombre à 400 avant la fin de l’année ». Pour mettre en lumière les entrepreneurs qu’elle accompagne, l’association organise depuis 15 ans le concours Créadie. « Il célèbre l’audace de créer en mettant en avant les projets uniques par leur originalité et par les parcours de vie de leurs créateurs, tous bénéficiaires de microcrédits », rappelle l’équipe de l’Adie Occitanie qui, cette année, a récompensé trois entrepreneurs haut-garonnais.

Trois parcours différents

Angélique Chevalier, fondatrice de l’épicerie multiservices Chez Angel, située à Mane, près de Saint-Gaudens au sud du département, a reçu le prix Vitalité des territoires. À la création de son commerce en mai 2024 dans un territoire en manque de commerce de proximité, l’entrepreneuse a bénéficié d’un microcrédit de 4 000 €. « Ce prêt a été d’une grande aide pour le démarrage, puisque je n’ai reçu aucun soutien de la mairie. Bien sûr, ce n’est pas assez pour tout payer, mais avec l’appui des conseillères de l’Adie, j’ai su comment gérer et faire fructifier mon entreprise », explique l’intéressée qui a une riche expérience dans le commerce (vendeuse, poissonnière en grande surface, marchande ambulante de fruits et légumes) et donc le contact humain.

De leur côté, Mannaïg Fouillen et Julien Segura, cofondateurs de la start-up Raciines, qui a bénéficié d’une aide de 18 K€ à ses débuts (9 000 € pour chaque cofondateur), ont été récompensés par le prix Esprit de famille grâce à leur offre innovante de livres autobiographiques générés par IA. Un projet né en octobre 2024 à la suite du décès de la grand-mère d’un des associés. « Je me suis rendu compte que je ne l’a connaissais qu’en tant que grand-mère et non en tant que femme », résume Julien Ségura. En recherche de financement pour leur projet, les créateurs ont malheureusement essuyé plusieurs refus des banques. L’Adie est alors apparue comme « un sauveur inespéré ».

« Aujourd’hui, nous travaillons aussi avec 20 structures médico-sociales (Ehpad, maisons de santé…), ce qui nous a permis de réaliser plus 1 500 ventes depuis la création de notre plateforme », indique le duo d’entrepreneurs installé rue Salengro à Toulouse. Leur ambition ? Favoriser la transmission intergénérationnelle et lutter contre l’isolement des personnes âgées. Mais aussi rendre cette mémoire accessible à tous, même sans compétence technique et littéraire. Pour réaliser son livre, il suffit en effet de répondre à quelque 300 questions, l’intelligence artificielle s’occupe ensuite de rédiger une biographie que la personne peut se procurer en version numérique ou physique.

Enfin, Yassine Lefki, actuel gérant de la plus vieille cordonnerie de Toulouse, située rue Matabiau, a reçu le prix Coup de cœur. Diplômé d’informatique, puis salarié dans l’import-export de cuir, ce Toulousain a totalement changé de vie et a décidé de se lancer dans la cordonnerie en 2017. « Pour faire fructifier mon commerce quelques années après sa création, j’ai reçu le soutien financier de l’Adie à hauteur de 12 K€ », explique le gérant qui a modernisé son outil de travail et développé de nouvelles offres (réparation de maroquinerie, reproduction de clés high-tech, gravure…). En 2023, il a notamment lancé une activité de ressemelage de chaussures de montagne et d’escalade. « Cela me permet de collaborer avec de nombreuses salles comme Altissimo ou Solo ainsi que des clubs et magasins spécialisés de la région. » Ambitieux pour l’avenir l’artisan espère pouvoir un jour créer sa chaîne de boutiques.

Soutenu par la France Mutualiste

Chacun des trois lauréats a bénéficié d’un chèque de 1 000 €, financé en partie par le comité Val de Garonne de La France Mutualiste, mutuelle d’épargne individuelle du groupe Malakoff Humanis. « Nous collaborons depuis plus de 30 ans avec l’Adie et nous sommes ravis de soutenir encore une fois les entrepreneurs du département », a souligné François Jacques, son président.

Plus largement, l’association est soutenue financièrement par la mairie de Toulouse à hauteur de 53 K€ par an, mais également par la Région Occitanie, l’État ou encore les communes. Autant de soutiens qui permettent à Christophe Nicaud, directeur régional de l’Adie Occitanie, de revendiquer un taux de « 80 % d’entreprises accompagnées viables trois ans après leur création », alors que d’après l’Insee, au niveau national, seulement 69 % des entreprises créées en 2018 étaient encore actives après cinq ans.