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Aviation décarbonée : le groupe EDF entre au capital du toulousain Aura Aero

Aéronautique. Joli coup réalisé par Aura Aero. Le constructeur toulousain vient de renforcer son capital en accueillant comme actionnaire le géant français de l’énergie, au travers de sa filiale Safidi. Cette prise de participation vient compléter les levées de fonds engagées par ailleurs par la start-up dans le développement de ses programmes INTEGRAL et ERA.

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Photo de Jérémy Caussade et Sylvain Vidal
Jérémy Caussade, président et co-fondateur d’Aura Aero et Sylvain Vidal, directeur de l’action régionale EDF en Occitanie.

Engagé depuis 2018 dans la décarbonation de l’aviation légère, Aura Aero poursuit son ascension. Alors que le constructeur toulousain a franchi la barre des 8 Mds$ de commandes pour son avion électrique hybride ERA capable de transporter 19 passagers ou 1,9 tonne de fret et signé en mai dernier un accord de coopération avec Airbus Protect, il vient d’annoncer dans un communiqué daté du 7 octobre 2024 l’entrée d’EDF à son capital via sa filiale Safidi, financeur de projets de développement et de décarbonation territoriaux.

Un renfort de taille qui vient une nouvelle fois confirmer le potentiel de l’avionneur mais pas seulement. Cette prise de participation est surtout l’opportunité pour la pépite qui emploie près de 250 salariés de maintenir sa souveraineté européenne. « Nous sommes très honorés de compter désormais EDF parmi nos actionnaires de référence. L’expertise d’un tel groupe, dans la mise en œuvre de la décarbonation des sources d’énergies, nous est très précieuse. Cette décision contribue largement à la poursuite rapide de notre développement industriel sur le sol français », s’est ainsi félicité Jérémy Caussade, président et co-fondateur d’Aura Aero.

Maintenir sa souveraineté européenne

Du côté d’EDF, qui fournit de l’énergie et des services à environ 40,9 millions de clients et a réalisé un chiffre d’affaires de 139,7 Mds€ en 2023, cette opération marque la volonté du géant de l’électricité de contribuer à la décarbonation des acteurs de la mobilité lourde dont le secteur de l’aviation. Comment ? En accompagnement l’avionneur à la fois sur les sujets liés à l’électrification de l’aviation et au développement des infrastructures associées. Sylvain Vidal, directeur de l’action régionale EDF en Occitanie s’est d’ailleurs dit « très fier, au nom du groupe EDF, de pouvoir soutenir Aura Aero dans son décollage industriel et de l’accompagner dans la mise en œuvre de ses projets pour une aviation légère et durable ».

Fondée il y a six ans, Aura Aero dispose déjà des agréments européens de concepteur et constructeur d’aéronefs. La start-up conçoit et assemble, sur le site de l’aéroport de Toulouse-Francazal les appareils INTEGRAL, avions biplace de formation à capacité voltige, mais également l’avion hybride-électrique ERA, destiné à répondre au marché du transport régional. Alors que ses premiers appareils, INTEGRAL R et S, achèvent leur campagne d’essais en vol, préalable indispensable à la certification qui précède les premières livraisons, la version électrique de l’appareil biplace INTEGRAL E poursuit ses essais.

Une usine Aura Factory sur le site de Francazal

Conformément à sa feuille de route, « le développement du programme ERA suit quant à lui son cours », assure le pionnier de l’aviation décarbonée. Les premières pièces destinées à son avion d’essai, devant voler dès la fin 2026, sont en cours d’usinage. 570 exemplaires d’ERA font ainsi déjà l’objet de lettres d’intentions d’achats de la part de 12 compagnies aériennes, dont 19 par la compagnie aérienne américaine Alpine Air ou encore huit par Elit’Avia, le fournisseur mondial de solutions pour l’aviation privée.

Pour répondre à cette hausse de la demande et assurer la production de ses ERA - capables de couvrir jusqu’à 1 600 km et d’atterrir sur les plus grands aéroports internationaux comme sur des pistes courtes et non préparées - Aura Aero avait d’ailleurs annoncé en mars dernier la construction d’une nouvelle usine d’assemblage sur le site de Francazal. Un projet ambitieux dans lequel la start-up a investi plus de 100 M€, avec le soutien de Toulouse Métropole, la Région Occitanie et aussi tout récemment de l’État (+ de 12 M€) via l’appel à projets « Première Usine » opéré par Bpifrance et la Direction générale des entreprises dans le cadre de France 2030.