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Banque Populaire Occitane : une croissance retrouvée à confirmer en 2025

Finance. Après une année 2023 difficile marquée par des résultats financiers en retrait, la banque coopérative régionale a su rebondir en 2024 malgré un contexte économique et politique toujours contraint. Avec un produit net bancaire de 370 M€ (+5,2 %) et un résultat net de plus de 74 M€, l’entreprise affiche une santé financière solide. De quoi lui permettre de poursuivre ses investissements en 2025, notamment en faveur de la transformation digitale.

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Catherine Mallet, présidente du conseil d’administration de la Banque Populaire Occitane et Christophe Bosson, directeur général de la Banque Populaire Occitane. (©Gazette du Midi)

Après une année 2022 record avec un produit net bancaire (PNB) de 400 M€ et un résultat net en hausse de 3,6% (+ de 94 M€), la Banque Populaire Occitane avait traversé en 2023 une zone de turbulence marquée par des résultats financiers en retrait. La faute à une conjoncture économique et industrielle tendue en raison d’une inflation galopante qui avait poussé la Banque Centrale Européenne (BCE) à augmenter ses taux directeurs à plusieurs reprises impactant fortement la marge d’intérêt de la banque coopérative.

Une dynamique baissière qui avait conduit son directeur général, Christophe Bosson, à parler d’année de transition avant un possible rebond en 2024. Le sursaut annoncé et tant espéré a-t-il eu lieu ? La réponse est oui. Malgré un contexte économique toujours contraignant, l’établissement bancaire a annoncé le 14 mars dernier à l’occasion d’un point presse des résultats en croissance avec un PNB de 370 M€ (+5,2 %) et un résultat net de 74,1 M€ (+2,3 %). Seule ombre au tableau, l’envolée du coût du risque qui a atteint en 2024 les 36 M€, ce qui représente un bond de 60 % sur un an.

6 500 nouveaux clients

Conséquence directe de l’augmentation des défaillances d’entreprises, en particulier parmi les TPE/PME, cette très forte évolution est pourtant à relativiser selon Christophe Bosson : « Bien que la hausse soit significative en valeur absolue, elle n’est pas alarmante. Ce coût représente en effet seulement 0,2% de l’encours total des crédits, un chiffre considéré comme raisonnable dans le secteur bancaire », assure l’intéressé qui s’est par ailleurs félicité du nombre de projets financés : 40 400 pour une enveloppe de 2,3 Mds€. À noter que les crédits accordés aux entreprises ont représenté 50 % du volume total, un point atypique par rapport aux années précédentes :

Cette dynamique de crédit aux professionnels reflète leur volonté de saisir des opportunités pour renforcer leur positionnement et leur développement dans un environnement économique incertain. À cet effet, la banque a soutenu des projets de croissance externe, d’investissement en matériel, ainsi que des extensions de bâtiments, notamment dans le cadre de l’internalisation de la production. »

Relais de croissance indispensable pour les banques, l’activité assurance a continué de croître avec « 18 880 contrats de prévoyance souscrits et 30 591 contrats IARD (Incendie, Accidents et Risques Divers) enregistrés ». Jugée sans risque les clients particuliers ont privilégié l’épargne liquide, ce qui s’est traduit par une hausse de 0,2 Md€. Les comptes à terme - principalement alimentés par les entreprises - ont eux progressé de 0,7 Md€. Ainsi, en 2024, la Banque Populaire Occitane a enregistré une hausse des encours d’épargne de + 2,5 %.

2024 a été une année exigeante. Face à cela, nous avons fait preuve de résilience et maintenu un cap clair : être aux côtés de nos clients, particuliers et entreprises, pour leur offrir des solutions adaptées à leurs besoins. Malgré une demande et donc une production de crédits aux particuliers encore en retrait, nous avons été capables de capter de nouveaux clients (6 500). Une performance qui vient conforter notre modèle commercial axé sur le conseil et l’accompagnement, plutôt que de simplement vendre des produits. »

Une proximité renforcée

Forte de ses 613 334 clients, dont 199 160 sociétaires et de son modèle coopératif qui lui permet de réinvestir 90 % des bénéfices réalisés dans ses fonds propres, la Banque Populaire Occitane a poursuivi en 2024 sa stratégie d’ancrage territorial. Cet engagement s’est concrétisé par un investissement de 30 M€ ces deux dernières années dans son parc immobilier, visant notamment les performances énergétiques de son réseau de 196 agences (soit environ une pour 16 000 habitants) et de ses sites centraux, dont 15 M€ pour son seul siège social de Balma (444 salariés).

Autre satisfaction en 2024, sa capacité à continuer d’attirer de nouveaux talents dans un secteur de la banque qui peine à recruter. L’année dernière l’entreprise – qui compte 1 972 collaborateurs – a procédé à 296 embauches, dont 159 CDI et 137 alternants. Comment ? Grâce notamment à un processus de recrutement novateur visant à cibler de manière proactive sur les réseaux sociaux des personnes ayant déjà des compétences comportementales et relationnelles, communément appelées des soft skills. « Une approche qui permet à ces profils à “potentiels” de monter plus rapidement en compétences et donc d’occuper des postes à responsabilité, comme conseiller de clientèle professionnelle (CCPro) », explique Christophe Bosson qui table sur 250 recrutements en 2025.

Alors que l’instabilité politique et économique persiste, renforcée par le retour au bureau ovale de Donald Trump qui vient de menacer les Européens de droits de douane de 200 % sur les vins et spiritueux après une hausse 25 % sur l’acier et l’aluminium, la Banque Populaire Occitane aborde 2025 avec prudence. « La baisse progressive des taux directeurs de la BCE devrait faciliter l’accès au financement pour les sociétés comme pour les ménages et ainsi générer une reprise du crédit. Toutefois, des défis subsistent. Les incertitudes géopolitiques, la fragilité de certaines filières économiques et la vigilance nécessaire face au risque de défaillance des entreprises exigent une gestion avisée et agile », insiste Christophe Bosson qui prévoit une augmentation du PNB de 3 à 4 %.

Une offre digitale renforcée

Parmi ces axes stratégiques prioritaires, le financement de projets en faveur de la transition énergétique sur son territoire. Pour cela, la banque prévoit notamment d’élargir aux particuliers ces offres de « prêts à impact » dont le taux d’intérêt contractuel est indexé sur les performances extra-financières que les souscripteurs ont préalablement définies. « Un client peut s’engager à effectuer des travaux pour améliorer la classification énergétique de son habitation, et si cet objectif est atteint, il peut alors bénéficier d’une bonification sur les intérêts de son prêt. »

Autre cheval de bataille, le renforcement de son offre digital. Un enjeu important voire existentiel face à la démocratisation des néo-banques et néo-assureurs même si le directeur général de la BP Occitane insiste sur la singularité des banques dites traditionnelles qui nouent avec leurs clients une relation qu’ils consolident lors des moments clefs de leur vie, comme l’achat d’un bien immobilier.

« Ces banques ont commencé par se concentrer sur les moyens de paiement, un secteur moins réglementé, ce qui leur a permis d’adopter une approche agressive avec des offres souvent gratuites. Cependant, ce modèle a montré des signes de faiblesse, car beaucoup d’entre elles peinent aujourd’hui à atteindre la rentabilité », explique Christophe Besson avant de conclure : « Le but n’est pas de rivaliser avec elles car, encore une fois, nous ne faisons pas le même métier. Ceci étant dit, il est impératif de poursuivre nos investissements dans des solutions digitales sécurisées pour améliorer l’expérience de nos clients, à commencer par les chefs d’entreprise qui ont besoin de gérer leurs affaires bancaires de manière efficace, même à distance. »