Best of 2024 : retour sur les temps forts du mois d’octobre
Bilan. Au moment de basculer dans une nouvelle année, la Gazette du Midi fait un arrêt sur image et passe en mode rétrospective du 23 décembre au 3 janvier. L’occasion de faire un focus sur les actualités marquantes de ces douze derniers mois, avec une sélection nécessairement subjective mais on l’espère représentative du tissu économique local. Avec pour chaque mois, un coup de projecteur mis sur une entreprise de la région, une start-up innovante et enfin, une actualité forte côté collectivités.
L’entreprise du mois : Kob (Kind of Blue)
Ressource naturelle la plus précieuse sur terre, l’eau est aussi la plus exploitée par l’homme, dans ses usages domestiques et ses activités agricoles et industrielles. Conséquence de cette surexploitation conjuguée à des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et intenses, l’or bleu est devenu une ressource menacée.
C’est avec cette préoccupation et celle autour du recyclage du verre (seuls 32 % à l’échelle mondiale !) que Michel Kaluszynski, Frédéric Navallon, Jacques Teboul et David Dubreuil ont créé en 2019 la start-up toulousaine Kob, pour Kind of Blue.
Après trois ans de R&D, la jeune pousse – qui compte 14 salariés – a développé une solution innovante de filtration hydro-économe en valorisant ces énormes gisements de verre perdus. Présentée comme une alternative aux systèmes de filtration au sable naturel couramment utilisés dans le secteur de la piscine et l’agriculture, cette innovation permet de diminuer drastiquement les consommations d’eau des cycles de nettoyage des filtres à sable.
Grâce au soutien d’un pool bancaire réunissant le Crédit coopératif et la Caisse d’épargne à hauteur de 300 K€, l’entreprise a ouvert au printemps 2024 une première usine de 800 m2 installée zone du Chapitre à Toulouse pour fabriquer ces sacs de sable de verre, aujourd’hui commercialisés sous la marque Sandbag dans les magasins de l’enseigne Fluidra, spécialisée dans les équipements de piscine.
Pour autant, l’ambition des quatre co-fondateurs n’est pas de vendre des sacs de sable mais des usines clés en main ailleurs en France et d’en faire un produit à l’export dans des endroits où l’on trouve du verre et des besoins de filtration. La start-up assure d’ailleurs avoir reçu des lettres d’intention du Moyen-Orient, notamment d’Arabie saoudite, et a des contacts avec plusieurs prospects en Afrique de l’Ouest et en Asie.
L’entreprise, qui travaille en lien avec l’Institut de la filtration et des techniques séparatives (IFTS) et Netafim, leader mondial de l’irrigation, pour valider sa solution, a annoncé en octobre dernier une levée de fonds de 1,6 M€ (toujours en cours). Objectif pour Kob ? Accélérer son développement et conquérir de nouveaux marchés (BTP, industrie, etc.) grâce à son système de filtration optimisé.
La start-up à suivre : Orius
Spécialisée depuis 2021 dans la conception de technologies dédiées à la production d’actifs naturels à base de matières premières végétales, la biotech haut-garonnaise Orius a lancé cette année une unité de production pilote de 500 m2 à Escalquens, près de Toulouse.
Ce nouvel outil doit permettre à la jeune pousse - qui propose aujourd’hui une vaste gamme d’ingrédients actifs à haute valeur ajoutée issus de plantes à fleurs ou à feuilles, de champignons ou encore de racines - de garantir une production continue, standardisée, avec un impact environnemental mesuré. Cette ligne industrielle pilote « va aussi nous permettre de mettre à l’échelle ce qu’on a déjà fait en labo pour fournir de plus gros volumes à nos clients », précisait à l’époque Élodie Rallo, responsable marketing et communication d’Orius.
Grâce à ses solutions technologiques clé en main pour la production d’ingrédients et de végétaux à forte valeur ajoutée, à l’image de sa Biomebox [1], la start-up multiplie les collaborations avec différents industriels, laboratoires et fournisseurs d’ingrédients. Ainsi qu’avec le Centre national d’études spatiales (CNES) avec qui elle développe un projet de culture céréalière 100 % indoor.
Forte de cette dynamique et de son usine pilote, Orius visait le 1 M€ de chiffres d’affaire cette année (vs 500 K€ en 2023) ainsi qu’une montée en puissance rapide de ses capacités de production pour atteindre dès 2025 les 100 tonnes de plantes fraîches par an. D’ici 2028, l’entreprise projette également l’ouverture d’une première usine de 20 000 m² pour produire jusqu’à 2 000 tonnes ! L’implantation de ce futur site est encore à l’étude, en lien avec des partenaires stratégiques tels que Capsum, Ad’Occ, Invest in Toulouse et Bpifrance.
L’action de la collectivité : rapprocher la recherche académique de l’entreprise
Rapprocher deux mondes qui s’ignorent trop souvent, les entreprises et la recherche académique, c’est le rôle des Pôles universitaires d’innovation (PUI) initiés en juillet 2023. Bénéficiant d’une dotation de 7,5 M€, celui de Toulouse, baptisé UT Innovation, a été présenté le 21 octobre 2024 aux acteurs économiques. Objectif : faciliter l’innovation au sein des entreprises, accélérer les transferts de technologie et favoriser la création de start-up.
Doté d’un comité d’orientation stratégique présidé par Stéphanie Limouzin, directrice générale adjointe de CLS Group, le PUI toulousain est porté par l’Université de Toulouse, chef de file du projet, et ses 15 établissements membres [2], en partenariat avec la SATT Toulouse Tech Transfer, l’incubateur régional Nubbo et les sept organismes nationaux de recherche présents sur le site toulousain, à savoir le CNRS, l’INRAe, l’Inserm, le CNES, l’Onera, Météo France et l’IRD.
Concrètement, pour favoriser l’innovation au sein des entreprises, UT Innovation met à leur disposition un réseau d’ingénieurs d’affaires issus de l’ensemble de ses membres, offrant ainsi aux sociétés un accès simplifié aux nombreux laboratoires du site toulousain. L’Université de Toulouse met également à leur service un outil en ligne, LabConnect qui recense l’offre de plateformes de recherche et de laboratoires prêts à collaborer avec les entreprises, ainsi qu’un accompagnement technique et stratégique, depuis la mise en place d’un projet de recherche partenariale jusqu’au transfert de technologie et la création d’entreprise.
À travers ce rapprochement entre laboratoires de recherche et entreprises, et la mise en place de dispositifs de sensibilisation et de formation adapté, les promoteurs d’UT Innovation espèrent aussi développer l’esprit d’innovation et de valorisation, voire d’entrepreneuriat, des doctorants et chercheurs de l’Université de Toulouse.
[1] Sorte d’imposant frigo en inox de 500 kg composé de trois parties pensées de manière à reproduire des environnements propices au développement d’apports nutritifs et de principes actifs
[2] L’Université de Toulouse est une Communauté d’universités et d’établissements expérimentale, qui rassemble sept membres fondateurs (l’université Toulouse Capitole, l’université Toulouse Jean Jaurès, l’université Paul Sabatier, Toulouse INP, l’INSA Toulouse, l’ISAE-SUPAERO, l’Institut national universitaire Champollion), et huit autres membres (l’École nationale de l’aviation civile, l’École nationale d’ingénieurs de Tarbes, l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse, l’École nationale vétérinaire de Toulouse, l’École nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole, l’Institut catholique d’arts et métiers, l’École nationale supérieure des mines d’Albi-Carmaux et Toulouse Business School).