Best of 2024 : retour sur les temps forts du mois de décembre
Bilan. Au moment de basculer dans une nouvelle année, la Gazette du Midi fait un arrêt sur image et passe en mode rétrospective du 23 décembre au 3 janvier. L’occasion de faire un focus sur les actualités marquantes de ces douze derniers mois, avec une sélection nécessairement subjective mais on l’espère représentative du tissu économique local. Avec pour chaque mois, un coup de projecteur mis sur une entreprise de la région, une start-up innovante et enfin, une actualité forte côté collectivités.
L’entreprise du mois : Aréa
Opérationnel depuis 2020, le label « PePs », pour produit en prison(s), vise à valoriser les produits réalisés en détention « dans des conditions éthiques et responsables ». 22 entreprises sont labellisées à ce jour en France, parmi elles : le toulousain Aréa.
Décrochée l’an dernier, cette labélisation est une vraie reconnaissance pour l’entreprise qui compte trois ateliers de métallerie au sein de la prison de Muret, en Haute-Garonne et emploie 45 personnes détenues. Pionnière en la matière, la PME créée en 1987 par Michel Boudou et aujourd’hui dirigée par sa fille Laure Boudou, conçoit et fabrique sur plusieurs sites autour de Toulouse du mobilier urbain en acier et bois : grilles d’arbres, bacs d’orangerie, barrières et garde-corps, corbeilles de rue, bancs, parcours de fitness, etc.
L’entreprise, qui travaille pour les collectivités, vend ses produits partout dans l’Hexagone et depuis peu également en Europe, notamment en Allemagne qui avec la France représente le plus gros marché européen. Basée à Flourens et forte de 12 M€ de chiffre d’affaires, Aréa compte également deux autres ateliers de métallerie en Ariège au sein d’un établissement et services d’aide par le travail (Esat) Envol ainsi qu’au cœur de l’entreprise adaptée Usi9 où travaillent 40 personnes en situation de handicap.
Sujet tabou, le travail en détention a eu longtemps mauvaise presse. Accusées de profiter d’une main-d’œuvre bon marché, peu d’entreprises reconnaissaient faire travailler des détenus. Avec ce label, le ministère de la Justice et celui du Travail espèrent changer la donne et impulser une nouvelle dynamique alors que « seuls » 22 000 détenus travailleraient actuellement dans l’Hexagone, soit 31 % de la population carcérale.
Fer de lance du travail en prison, Aréa se veut d’ailleurs un exemple à suivre en matière de rémunération. Alors que le contrat d’emploi pénitentiaire prévoit un seuil minimal de rémunération (SMR) fixé à 45 % du Smic horaire brut pour les activités de production, l’entreprise haut-garonnaise ajoute à ce salaire « des primes liées à l’assiduité, à la production, mais aussi à l’ancienneté ainsi que des primes de libération ». Des compléments de salaire qui permettent d’atteindre environ 70 % du Smic.
« Il y a 35 ans lorsque mon père a décidé de travailler en Esat, dans une entreprise adaptée puis en détention, ce n’était pas forcement bien perçu. Les gens avaient une vision assez négative de ce travail. Depuis les mentalités ont changé et avec le développement de la RSE, ce label nous libère de ce silence qu’on a gardé pendant des années », se félicitait Laure Boudou dans les colonnes de la Gazette du Midi en décembre dernier.
La start-up à suivre : Fertilaine
Alors que la filière laine française cherche à se restructurer, l’aveyronnais Fertilaine se pose comme un modèle à suivre en termes de valorisation locale avec son engrais universel à base de laine de mouton récoltée à 20 km maximum autour de l’exploitation familiale. Il est aujourd’hui vendu en ligne et via un réseau de plus de 80 jardineries et magasins spécialisés en sachet de 250 g, 500 g et 1 kg pour les particuliers.
Lancé en 2018 par Pierre-Marin et Vincent Fabry, producteurs de yaourts au lait de brebis certifiés bio sur le plateau du Lévézou, le projet Fertilaine a été pensé comme une alternative écologique et efficace aux engrais chimiques traditionnels, avec succès. L’an dernier, il a en effet permis la valorisation de près de 40 tonnes de laine de mouton, de quoi dégager une source de revenus supplémentaire pour les éleveurs du territoire. L’engrais Fertilaine permet aussi et surtout de réduire drastiquement la consommation d’eau. Et pour cause, véritable éponge, la laine absorbe et retient trois fois son poids en eau, ce qui permet une réduction de 25 à 30 % de l’arrosage.
Doublement récompensée lors de la 6e édition des Prix « Innover à la campagne », la jeune pousse se veut ambitieuse. Pour 2025, elle vise les 200 points de vente et les 100 000 € de chiffre d’affaires, contre 50 000€ en 2024. À moyen terme, Fertilaine souhaite aussi développer de nouveaux produits, avec des déclinaisons d’engrais spécifiques (agrumes, fruitiers…) et a annoncé vouloir s’implanter sur de nouveaux marchés : professionnels du jardin (pépinières, horticultures…), collectivités, agriculteurs, etc. Pour y parvenir, les frères Fabry le savent, ils devront passer par des levées de fonds « pour développer notre outil industriel local et notre production ».
L’action de la collectivité : combattre les maladies infectieuses émergentes
En 2020, le choc massif et brutal produit par la pandémie de coronavirus (Covid-19) et par les mesures d’arrêt de l’activité prises pour l’enrayer a plongé l’économie mondiale dans une grave récession. Sans oublier bien sûr les dizaines de millions de morts. En mai 2023, soit plus de trois ans après le début de la crise sanitaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) levait son plus haut niveau d’alerte, estimant qu’elle était désormais suffisamment sous contrôle.
Mais déjà de nouvelles maladies infectieuses émergentes (MIE), mais aussi des maladies réémergentes comme Ebola ou encore le choléra, viennent menacer la santé publique dans le monde entier. Mieux les connaître et ainsi développer des capacités de prévention et de réponse par la détection précoce des menaces, c’est justement la raison d’être de l’école universitaire de recherche (UER) UNITEID, pour : University of Toulouse graduate school of emerging infectious dieseases.
Lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir »dans le cadre de France 2030, cette future école universitaire de recherche accueillera à Toulouse ses premiers étudiants en septembre 2025. Porté par l’université Paul Sabatier, l’établissement – qui bénéficie d’une subvention de 5 M€ (coût total du projet 8,7 M€) – s’appuiera sur une dizaine de laboratoires toulousains, plusieurs institutions académiques (CHU de Toulouse, École nationale vétérinaire de Toulouse, etc.) ainsi que sur des organismes nationaux de recherche dont le CNRS, l’Inserm et l’Inrae. Elle bénéficie par ailleurs du soutien de la Région Occitanie.
Alors que les programmes d’enseignement et de recherche dédiés aux MIE sont encore insuffisants en France, et qui plus est segmentés entre les différentes disciplines, l’école toulousaine souhaite se démarquer avec une « approche transdisciplinaire » qui intègre à la fois la santé humaine, animale et environnementale. En septembre prochain, ses programmes de masters et doctorats seront ouverts aux étudiants issus des facultés des sciences et de santé (médecins, pharmaciens et vétérinaires), d’universités françaises et étrangères, ainsi que d’écoles d’ingénieurs.
Son ambition ? Former d’ici cinq ans 120 étudiants de niveau master et 45 doctorants experts en MIE. Une centaine d’ingénieurs de différentes disciplines (agriculture, alimentation, environnement, biotechnologies, etc.) se verront également proposer des formations sur les MIE tandis que les professionnels de santé pourront de leur côté bénéficier de l’offre de formation continue dispensée par l’EUR.