Complications chirurgicales : Betty, l’application qui révolutionne et sécurise le parcours de soins
Innovation. Lancée en 2023 par deux chirurgiens urologues toulousains, Betty accompagne les patients avant, pendant et après une intervention en leur fournissant des informations claires, des conseils et des rappels personnalisés. Côté médecins, elle leur donne l’opportunité d’améliorer leur pratique. Pour développer de nouveaux modules, les deux cofondateurs annoncent une nouvelle levée de fonds courant 2025. Objectif : dépasser le million d’euros.
Qu’il s’agisse de “petites” chirurgies ou au contraire d’opérations chirurgicales dites lourdes, des complications peuvent survenir avec parfois des conséquences dramatiques. Grâce à l’application Betty, pour « better surgery », les patients et les professionnels de santé ont désormais un nouvel allié de taille pour prévenir et réduire les risques.
Lancée en 2023 par Guillaume Ploussard et Jean-Baptiste Beauval, deux chirurgiens urologues toulousains, après plus d’un an de R&D, cette plateforme digitale permet une prise en charge globale avant, pendant et après une intervention chirurgicale. « En 2019, nous avons mis en place au sein de notre service un protocole pour améliorer le parcours de soins de nos patients, raconte le Dr Guillaume Ploussard. En trois ans et plus de 400 patients surveillés, le taux de chirurgie ambulatoire a augmenté de 60 %, la durée d’hospitalisation a été divisée par deux, les complications postopératoires ont diminué de 30 % et les coûts d’hospitalisation ont baissé de 15 %. »
Une levée de fonds de 1,2 M€
Forts de ces résultats, les deux praticiens décident en 2022 d’aller plus loin en digitalisant leur protocole d’accompagnement opératoire et de l’étendre à toute sorte de chirurgie. Betty est née ! Grâce à une levée de fonds participative de 1,2 M€ réalisée principalement auprès d’acteurs du monde médical, dont de nombreux chirurgiens, « nous avons pu accélérer le développement et enrichir le contenu de l’application », indique l’intéressé.
Betty associe aujourd’hui deux interfaces : une gratuite dédiée aux patients et une autre réservée aux chirurgiens et équipes médicales pour un parcours optimisé. Pour créer son profil rien de plus simple, il vous suffit de vous connecter via France Connect, le service en ligne d’identification et d’authentification, porté par la Direction interministérielle du Numérique de l’État français.
« Le patient est alors invité à renseigner un certain nombre d’informations sur sa santé (allergies, antécédents, traitement en cours, etc.) et à indiquer la date de l’opération, ainsi que le nom de son chirurgien et de l’établissement de santé », détaillent les deux co-fondateurs qui ont investi personnellement plus de 130 K€ dans cette aventure entrepreneuriale. Et de poursuivre :
Le chirurgien nommé va recevoir dans la foulée une alerte sur son interface et c’est lui qui va remplir l’acte opératoire déclenchant ainsi du contenu spécifique pour son patient. Des informations et des conseils personnalisés qui viennent enrichir un contenu commun. »
Des modules de coaching, de télésurveillance...
Baptisé Betty Coaching, ce module propose : du matériel éducatif avec vidéos et podcasts (gestion de la douleur, exercices respiratoires…), une check-list à remplir avant un rendez-vous, des alertes pour prendre ses médicaments ou enlever ses bas de contention, etc. Cet accompagnement sur-mesure des patients est aussi très utile pour les chirurgiens.
En plus d’être un outil de recueil des pratiques (nombre d’opérations réalisées, niveau de satisfaction des patients, taux de complication, etc.), Betty a été pensée pour être un véritable passeport de sécurité digital. « Grâce à elle, les médecins ont accès en temps réel aux informations de leurs patients. Des données quotidiennes ô combien précieuses pour prévenir de possibles complications », insiste Guillaume Ploussard.
Opérationnelle depuis maintenant plus d’un an, l’application compte aujourd’hui plus de 300 patients accompagnés et 77 chirurgiens équipés. « À l’heure actuelle, nous faisons payer des licences aux professionnels de santé. Soit de manière individuelle ou à l’échelle d’un établissement. Nous avons aussi signé un partenariat avec l’Association française d’urologie qui rassemble à ce jour plus de 1 100 chirurgiens. En 2025, nous allons offrir des licences à 200 d’entre eux afin de récupérer de l’usage et ainsi confirmer l’impact de Betty. » Mais les choses pourraient bientôt évoluer.
Bientôt remboursée par la Sécurité Sociale ?
En effet, convaincus, études cliniques à l’appui, des bénéfices de leur dispositif en matière de diminution du nombre de complications, de réhospitalisations et de réduction des coûts sociétaux de santé par patient, « nous espérons que Betty sera à terme rembourser par la Sécurité Sociale ». Pour cela, l’application doit encore être reconnue comme dispositif médical numérique. Une fois cette étape franchie, « nous pourrons déposer un dossier scientifique auprès de la Haute Autorité de Santé (HAS) ».
Épaulés désormais par huit collaborateurs, les deux médecins-entrepreneurs annoncent un second tour de table courant 2025. Objectif ? Dépasser de nouveau le million d’euros pour appuyer notamment le déploiement de Betty Monitoring, son module de télésurveillance. « De retour chez lui après une intervention, le patient va décrire ses symptômes jour après jour ce qui va permettre de générer des niveaux d’alertes et des recommandations, voire des appels directement aux équipes soignantes si besoin », précisent Guillaume Ploussard et Jean-Baptiste Beauval qui ont pour cela développé un algorithme de symptômes avec l’aide d’un comité scientifique pluridisciplinaire.
Dans cette V2 de Betty, il sera aussi possible de déléguer sa gestion à un aidant, autrement dit un membre de son entourage et/ou aux soignants à domicile. Une avancée majeure, notamment dans la prise en charge de la patientèle âgée et celle en situation d’exclusion numérique. « L’idée est vraiment de faire participer à cette coordination numérique toute la boucle de soins du patient », conclut Guillaume Ploussard qui espère à terme pouvoir impliquer aussi les généralistes, les kinésithérapeutes ou encore les ophtalmologues.