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Biscuiterie Védère, la championne de la tourte

Alimentation. 250 000 tourtes Védère sont vendues chaque année ! Née en 1905 de la rencontre entre deux artisans du bien manger, la petite boulangerie des Hautes-Pyrénées est devenue grande. Éric Oger en a pris les commandes il y a près de 20 ans. Depuis, il s’est diversifié dans la chocolaterie et compte aujourd’hui cinq boutiques.

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L’ancrage local, c’est la clé de la réussite ! Éric Oger, le dirigeant de la biscuiterie Védère en est intimement con­vaincu. La tourte, créée par Mamie Védère, dans les années 50, a fait la réputation et le succès de l’entreprise.
La belle histoire a commencé en 1905 avec « les biscuits premier âge ou dernier âge » s’amuse Éric Oger, « les fameux biscuits à la cuillère que nous continuons à fabriquer. »

En 1905, Jean Brau fabrique ces petits biscuits des Pyrénées et les commercialise dans sa boutique de Tarbes. À quelques kilomètres de là, à Montgaillard, Paul Védère, un boulanger pétrit consciencieusement son pain et s’évertue à reproduire une recette familiale, la tourte créée par la mamie Védère. Cette recette fait toujours le succès de la maison.
Dans les années 70, Védère rachète Brau et rapatrie la totalité de sa production sur le site de l’ancienne gare de Montgaillard. Un détail qui aura son importance, vous allez le voir.

Éric Oger rachète l’entreprise en 2002.

Dans les années 2000, l’entreprise est à vendre. Ingénieur de formation, Éric Oger travaillait pour Danone à Ferrières-en-Bray en Seine-Maritime. Il souhaitait rejoindre le Sud-Ouest et se lancer en solo : « je voulais créer mes propres recettes et vendre des produits régionaux. L’objectif était de développer un point de vente au plus près de la production pour être en contact direct avec la clientèle. »
Éric Oger s’installe donc à Montgaillard, il achète la maison du garde-barrière, récupère une vieille locomotive, agrandit l’atelier et rénove un wagon de première classe pour y installer un salon de thé. « On préserve le patrimoine gastronomique des Pyrénées mais aussi le ferroviaire, explique Éric Oger, la locomotive a été construite dans les premiers ateliers d’Alsthom à Tarbes. »

Vente directe et grande distribution

Éric Oger n’hésite pas à dire que ses pâtisseries sont addictives, il avance le terme de syndrome de la madeleine de Proust : « Quand on goûte une fois, on y revient toujours. On parle depuis des années de cette notion de locavore, la crise a accentué cette tendance. »
La vente en boutique représente 20 % du CA, 60 % pour la grande distribution. Les ventes en ligne commencent doucement, elles ne représentent que 5 % du chiffre d’affaires, pour le moment. « Mais, ça va changer, estime Éric Oger, avec le pass relance, on a refondu entièrement notre site internet, il sera prêt dans un mois. »
Dès que possible, Védère reprendra les visites guidées de son atelier. La biscuiterie y accueillait des bus de touristes.
L’international pourrait être une piste de développement, la seule contrainte est liée aux dates trop courtes de consommation.

« On ira demain à l’international, j’en suis persuadé, on vient de lancer une gamme de sablés avec une durée de conservation de neuf mois contre 45 jours actuellement. »

Après avoir racheté, en 2010, la chocolaterie Antton au Pays basque, l’entrepreneur a ouvert une boutique à Urrugne il y a quelques mois et investi dans une nouvelle ligne de production.
Aujourd’hui, 44 personnes travaillent pour les deux entités. Le chiffre d’affaires réalisé est estimé à 2,7 M€. Éric Oger aime se sentir libre d’innover, loin des processus industriels : « nous ne sommes pas des industriels mais des artisans, c’est ce qui fait notre force, nous avons gardé notre agilité. »