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Cabrol, une puissance et une volonté de fer

Construction. L’entreprise tarnaise spécialisée dans la conception d’ouvrages complexes en métal voit grand. Elle a trouvé son équilibre : un pied dans l’industrie, un autre dans le bâtiment.

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Rénovation de la gare SNCF de Bédarieux dans l’Hérault. DR

L’entreprise Cabrol à Mazamet est née en 1935. Entreprise familiale, elle a fonctionné sur un modèle indépendant jusqu’en 2015. Placée en liquidation judiciaire, elle a été reprise par ses salariés. « Cabrol aurait dû fermer ses portes en août 2015 », explique Christian Vertadier, le PDG. S’inspirant de la fonderie Gilet, reprise en Scop un an plus tôt à Albi, les salariés se sont dit « pourquoi pas nous ? » Ils se sont informés auprès de l’Union régionale des Scop. Christian Vertadier était à l’époque responsable commercial.

« Le cabinet KPMG qui suivait le dossier a demandé que je sois nommé directeur opérationnel pour redresser la barre. Six mois ont été nécessaires pour tout remettre à plat. Ça m’a permis de toucher du doigt le management de l’entreprise. » Lorsqu’un administrateur a été nommé, Christian Vertadier est naturellement devenu son interlocuteur privilégié. Il a suivi le processus de reprise de A à Z. « Je me suis accroché à l’entreprise parce que c’est un métier qui me passionne, explique-t-il. J’ai senti des gens attachés à leur territoire. »

Un travail de haute-volée

Ingénieurs, techniciens, ferronniers, conducteurs de travaux… L’entreprise emploie 70 salariés dont une vingtaine d’intérimaires. La pose des ouvrages ne représente que 20% de l’activité de l’entreprise. « Ce qui me plaît, c’est de battre la mesure, explique Christian Vertadier. C’est à la fois complexe et stressant de devoir gérer autant de métiers et de compétences. » Des compagnons sont recrutés pour travailler sur la matière : ils ont souvent travaillé sur le bois avant de se frotter au métal. La ferronnerie est un métier très technique, de nombreux collaborateurs sont formés en interne.

Des ouvrages à couper le souffle

Avec une vingtaine de chantiers actifs dans son portefeuille, l’entreprise fait face à des plannings souvent serrés. « Nous travaillons en flux tendu, explique Christian Vertadier. Il y a un gros travail de conception et de méthodologie en amont. Les ingénieurs doivent respecter le souhait architectural et s’adapter à la configuration des lieux, lorsqu’il s’agit d’une réhabilitation. » L’entreprise est, par ailleurs, sans cesse confrontée à l’augmentation du prix des matières premières : les cours de l’acier et du bois se sont envolés avec la crise sanitaire. « Nous avons beaucoup d’appel d’offres infructueux, les clients ne peuvent pas suivre les hausses de prix », explique le PDG.

L’entreprise Cabrol emploie 70 salariés. DR

Lorsqu’il s’agit d’une collectivité, elle peut être contrainte de voter de nouveaux budgets ou bien l’architecte doit revoir son chantier. Les collectivités locales représentent 30% du CA de Cabrol. Viennent ensuite les structures privées telles que les centres commerciaux, des laboratoires pharmaceutiques ou des entreprises générales comme Vinci ou Eiffage. Cabrol affichait 14 M€ de CA en 2019, soit 4 M€ de plus qu’en 2021. Cette année devrait permettre de rééquilibrer les comptes et de poser de nouvelles bases. Christian Vertadier travaille ainsi sur la performance de la Scop.

« Nous sommes amenés à revoir notre mode de fonctionnement afin d’améliorer notre gestion de projet. Nous travaillons avec de grands comptes, nous devons être irréprochables ». Une piscine à Castelsarrasin mais aussi un tout nouveau dojo pour les futurs JO à Paris, une passerelle à Prades, à Mazamet et une autre en Andorre de 580 mètres de long (la plus longue d’Europe), un bâtiment de cinq étages surplombant la route, à Gentilly en région parisienne ou encore de gros ouvrages de 1 000 tonnes de métal pour l’Arena de Narbonne… Chaque chantier est une nouvelle fierté pour la Scop tarnaise.