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Chevrons, une marque de jeans née dans l’Aveyron

Habillement. En France, les initiatives se multiplient pour redonner des couleurs à la filière textile. Dernière en date, la marque Chevrons dans l’Aveyron. Brice Lambert a lancé ses créations en 100 % denim français il y a quelques mois. Une démarche et un engagement qui vont bien au-delà de la tendance du Made in France.

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À 39 ans, Brice Lambert entame sa troisième vie professionnelle, après une formation scientifique, il devient formulateur en peintures automobiles dans un laboratoire, puis décide de changer totalement d’environnement. Il se laisse happer par l’univers de la téléphonie.

Brice Lambert a lancé la marque de jeans Chevrons à Villefranche-de-Rouergue. DR

De conseiller vendeur pour SFR, il gravit les échelons et devient, 12 ans plus tard, directeur d’agence. « Cette expérience a été riche d’enseignement, explique le chef d’entreprise, mais je n’y trouvais plus mon compte, il fallait que je donne du sens à mon activité. » Brice Lambert se lance dans la mode.

« Cet univers me parlait, explique-t-il, il était vecteur de messages. À travers les vêtements, on peut raconter des histoires, mettre en valeur des métiers, un savoir-faire français. »

Brice Lambert commence son étude de marché en 2018, mais dénicher des ateliers en mesure de coudre de la toile de jean n’est pas facile. Il faut aussi trouver des fournisseurs de coton. « J’ai vite fait le tour, il n’en existe que très peu en France. J’ai rencontré les fondateurs de l’Atelier Kiplay en Normandie et nous avons décidé de travailler ensemble. » Brice a dû convaincre les fabricants. En effet, ils reçoivent en moyenne trois demandes par jour de jeunes entrepreneurs recherchant un atelier de production.

Être le plus transparent possible

L’atelier, vieux de 100 ans, utilise encore des machines à coudre des années 60. Le fil est acheté en Allemagne, la fibre de coton bio vient de Turquie, toutes les étiquettes sont fabriquées dans la Loire, le jean est désigné et expédié depuis l’Aveyron, les rivets et boutons sont achetés en Italie… « On n’en trouve plus en France, mon rêve évidemment est de pouvoir monter une filière près de Villefranche-de-Rouergue. » Mais, Brice Lambert a déjà réussi son pari :

« Mon jean est à 80 % moins impactant que ceux présents sur le marché. Il faut savoir qu’un jean aura fait 1,5 fois le tour de la Terre avant d’arriver dans vos armoires, soit 65 000 km. Le mien n’affiche que 4 000 km. »

Combien coûte un jean ? Sur les 140 € du prix de vente moyen, 38 € sont reversés à l’atelier de confection. « On marge sur deux au lieu de trois voire plus pour les grandes enseignes. » Cela ne semble toutefois pas effrayer les consommateurs. « Je ne voulais pas rentrer dans ce cercle du toujours moins cher, explique Brice Lambert, c’est une démarche citoyenne et environnementale d’acheter un produit français, solide, réparable. Les clients me disent qu’ils viennent chercher un produit authentique. »

Un CA en nette progression

Brice Lambert s’est lancé en plein Covid, « pas la meilleure période », sourit-il alors que les clients achetaient des joggings plutôt que des jeans. Épaulé par l’agence de développement économique régionale Ad’Occ et hébergé par la pépinière Interactis à Villefranche-de-Rouergue, il a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Ullule. « Je m’étais fixé
100 pièces, on a fini à 140 commandes. » La somme récoltée lui a permis d’acheter la matière première et de lancer la production.
Brice Lambert s’est engagé dans la démarche de certification « Origine France garantie ». Pas de boutique physique pour le moment, ce n‘est pas sa priorité, il préfère renforcer sa présence dans des boutiques franchisées telles que Vive la France. Prochaine étape : développer le vestiaire en proposant d’autres vêtements ou accessoires en denim.
Son chiffre d’affaires de 15 000 € en 2020 a déjà été multiplié par trois depuis le mois de novembre. « ll me faut vendre 450 jeans par an pour être rentable », conclut-il.