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Coup d’envoi du plus haut chantier des Pyrénées

Aménagements. Culminant à 2 877 m d’altitude, le Pic du Midi, qui accueille touristes et scientifiques, fait l’objet d’un important programme de travaux qui porte sur l’agrandissement des espaces scientifiques. Piloté par l’université Toulouse 3 Paul Sabatier, le chantier a débuté mi-juin avec la création en extension de deux nouveaux bâtiments. Dès 2022, la base d’observation verra sa capacité d’accueil et d’hébergement augmenter de plus de 500 m².

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Doté d’une enveloppe globale de 6,9 M€, le programme de travaux, qui vient de dé­buter au Pic du Midi, est financé dans le cadre du Contrat de plan État Région (CPER) 2015-2020, à hauteur de 3,5 M€ par la Région Occitanie, dont 3 M€ de fonds européens Feder, 2,02 M€ par l’État, dont 1,52 M€ de Dotation de soutien à l’investissement public local (DSIL État), et 1,38 M€ par l’université Toulouse 3 Paul Sabatier sur fonds propres.

6,9 M€ de travaux ont été engagés pour agrandir le site du Pi DR

Destiné à la recherche, ce nouveau projet immobilier d’envergure devrait « renforcer la dynamique du site tout en respectant sa dimension ar­chitecturale originale », précise l’UT3 Paul Sabatier. L’objectif est double : il s’agit d’une part d’accroître les capacités d’hébergement des scientifiques qui viennent travailler sur le site et d’autre part d’augmenter les surfaces dédiées aux recherches astronomiques et atmosphériques.
Le premier volet, qui vient de débuter, porte sur la construction de trois étages supplémentaires qui s’appuieront sur le bâtiment Dauzère et sur les vestiges des écuries à mulets.
La nouvelle structure, dénommée « Dauzère-Soler », abritera « une salle de pilotage et d’acquisition destinée aux observations de toutes les coupoles du sommet, des salles de travail en groupe et une trentaine de couchages pour les scientifiques », précise également l’UT3 Paul Sabatier.
La terrasse de ce nouveau bâtiment devrait, quant à elle, accueillir « une nouvelle plateforme environnementale, permettant le développement des activités de recherches en sciences de l’atmosphère » portées par les laboratoires de l’UT3 Paul Sabatier et l’Observatoire Midi-Pyrénées (OMP).
Elle permettra également d’accueillir de nouvelles ins­trumentations d’autres équipes de recherche. Des colloques et des manifestations de culture scientifique seront également organisés dans ces nouveaux locaux.
Le second volet de construction porte sur l’extension en rez-de-chaussée du télescope Bernard Lyot en prévision de l’installation du spectropolarimètre infrarouge SPIP, également financé par la Région Occitanie (3,56 M€). Il s’agit d’un nouvel instrument d’observation astronomique de pointe qui partira à la chasse aux exoplanètes dès 2023. Pour tenir compte des conditions climatiques très contraignantes du site (avec seulement 100 jours de non-gel par an et des vents violents), les travaux s’étaleront sur deux périodes d’été entre juin 2021 et octobre 2022, puis se poursuivront sans discontinuer jusqu’au début 2023.

Un triple enjeu technique, esthétique et patrimonial

La Direction du patrimoine, de la logistique, de la prévention et de la sécurité de l’UT3 Paul Sabatier dirige l’équipe projet en concertation avec la direction technique de l’OMP tandis que le groupement Triptyque (OTCE, C + POS et Sigma), lauréat du concours d’architecture, assure la maîtrise d’œuvre. Les missions d’ordonnancement, pilotage, coordination sont quant à elles conduites par Eco BET, la coordination sécurité protection et santé par BTP consultants, la mission de bureau de contrôle par Alpes Contrôles.
À l’issue de l’appel d’offres, 12 entreprises* ont été sélectionnées, avec des spécificités liées à l’altitude. L’acheminement des matériaux au sommet nécessite notamment l’intervention d’une société d’héliportage.
Les travaux ont démarré en parallèle sur les deux extensions malgré des conditions météorologiques défavorables, empêchant très souvent l’approvisionnement même du chantier. Mais, lorsque le temps le permet, entre ciel et terre, c’est un véritable ballet qui se met en place, tandis qu’au sommet, les machines et les hommes sont soumis à de rudes conditions.

Sécurité des randonneurs

Durant toute la durée des travaux, les accès à la plateforme sommitale par voie pédestre devraient rester ouverts. Néanmoins, précise l’UT3 Paul Sabatier, « les randonneurs sont encouragés à la plus grande vigilance. En effet, malgré toutes les précautions d’usages et réglementaires prises, les travaux peuvent occasionner de potentielles chutes de pierres, notamment sur la face Nord à l’aplomb de l’extension Dauzère. »
* Les entreprises sélectionnées sont Blugeon, Eiffage Genie Civil, MAE (31), Pyrenees Charpentes (65), Abcyss, Marmer (31), Sylvea (82), Pages (82), Spideco (09), Pyretherm (31), Spie et Thyssen.