Crise du bâtiment : le groupe Carré tire son épingle du jeu avec un carnet de commandes de plus de 40 M€
BTP. L’année 2025 n’est pas encore terminée que le groupe Carré annonce déjà un chiffre d’affaires prévisionnel de 21,6 M€. Malgré une période de turbulences en 2023 qui a vu l’entreprise placée en redressement judiciaire, et les difficultés actuelles du secteur de la construction, le spécialiste toulousain de la métallerie et de la serrurerie affiche désormais une croissance impressionnante.
En l’espace de 50 ans, le groupe toulousain Carré a réussi à s’imposer comme un acteur de référence dans le secteur de la métallerie et de la serrurerie. Composée des filiales Carré Bâtiment, Artel, Roynel, STH et des Polisseurs Réunis, l’entreprise - dont le siège social est situé à Tournefeuille - revendique un chiffre d’affaires prévisionnel de 21,6 M€ pour l’année 2025.
Présidée depuis 2004 par Frédéric Carré et dirigée par Charley Ferra, la société familiale emploie aujourd’hui 150 salariés entre Toulouse et Bordeaux, qui interviennent sur la conception et l’entretien d’ouvrages allant des auvents, passerelles et garde-corps à l’habillage de façade, de verrières, de brise-soleil, en passant par les portes et les escaliers.
Le plein de commandes jusqu’en 2029
Ces dernières années, le groupe a participé à des chantiers d’envergure de la région Occitanie et plus largement du grand Sud-Ouest, tels que l’aéroport Toulouse-Blagnac, le port Viguerie, la station de métro Jean Jaurès, la gare TGV de Montpellier, celle de Matabiau sans oublier les Galeries Lafayette de Biarritz. Missionnée sur de nouveaux projets phares pour les prochaines années, la PME affiche une dynamique et une croissance insolentes dans un secteur du bâtiment sclérosé. Pour ne pas dire en crise.
Tous les chiffres (ou presque) sont dans le rouge avec une nouvelle augmentation significative des défaillances d’entreprises sur un an (+ 24,5 %) et « une contraction de l’activité de l’ordre de - 2 % de chiffre d’affaires total en 2025 », alerte la Fédération française du bâtiment. Un contexte contraint qui n’empêche pas le groupe Carré d’annoncer un carnet de commandes de 44 M€ sur trois ans, représentant plus de 24 mois de chiffre d’affaires. En comparaison, la moyenne des standards en vigueur dans la profession est de six à huit mois.
Une dynamique d’autant plus notable qu’elle intervient moins de trois ans après le placement en redressement judiciaire de l’entreprise. Clé de cette résistance à cette conjoncture défavorable ? Un portefeuille clients solide composé essentiellement de grands comptes, constitué aux deux tiers d’entités du secteur public. Dans ce cadre, les filiales Carré Bâtiment et Artel sont d’ailleurs engagées pour le compte de Tisséo Collectivités dans les travaux de construction de la ligne C du métro toulousain. Un chantier chiffré à plus de 3 Mds€. Surfant sur le succès de ce contrat qui devrait, à lui seul, tirer leur croissance à hauteur de 15 %, la maison mère table en 2026 sur un chiffre d’affaires de 24 M€ (+14 %).
Loin d’être rassasié, le groupe Carré annonce participer à de nouveaux marchés, lui permettant d’asseoir encore un peu plus son leadership. L’entreprise va ainsi participer à la conception du bâtiment L14 sur le campus Airbus, du Technocampus Région Occitanie, de la Tour Silva, du projet immobilier de logements sociaux Lumi à Bordeaux, ou encore des Archives Départementales des Pyrénées-Orientales.
Révolution numérique
Pour accompagner cette montée en puissance, tenir les délais, se différencier de leurs concurrents et répondre rapidement aux besoins de leurs clients, « nous investissons dans l’innovation, à la fois dans une industrialisation de notre production par le numérique et en prenant le virage de l’IA. L’objectif est d’améliorer notre performance globale : faire mieux et plus vite, tout en optimisant les coûts. Dans une ère de transformations, le groupe prépare ainsi sa croissance future », explique Charley Ferra.
Dans la même logique de réduction des délais, le leader dans la fabrication d’ouvrages métalliques dote son siège social de Tournefeuille d’un nouvel outil de découpe de précision. Mis en service en novembre prochain, l’équipement doit permettre un accroissement des volumes de production et assurer des prestations plus personnalisées.
2025 aura aussi été marquée par des évolutions internes importantes avec l’intégration de son directeur général Charley Ferra au capital de la holding. Fort d’une ascension fulgurante dans les rouages du groupe, l’intéressé a rejoint les rangs en 2017 en tant que conducteur de travaux principal, puis directeur de travaux. Fin 2018, il prend la tête de la filiale bordelaise avant d’être promu à la direction générale du groupe en mai 2023.
Frédéric Carré défend ce choix qui s’ancre dans une démarche long-termisme. « Avec cette nouvelle étape, j’entends aussi préparer la transition qui accompagnera l’arrivée aux commandes de la troisième génération Carré, et créer ainsi les meilleures conditions d’une transmission réussie à mon fils Martin, à l’horizon de la prochaine décennie », conclut celui qui est aussi vice-président du Medef Occitanie, et de la CCI de Toulouse Haute-Garonne.