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Dans l’Hérault, la Scop Oc’Consigne redonne vie aux bouteilles en verre

Écologie. Coup d’accélérateur pour Oc’Consigne à Lattes, dans l’Hérault. La Scop associée au réseau national France Consigne vient de lancer une usine de lavage industriel, la seule en Occitanie. L’idée du réemploi séduit de plus en plus les consommateurs et aussi les professionnels tels que les vignerons.

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Photo des trois co-fondatrices de Oc'Consigne, de Sophie Graziani-Roth, Anne-Claire Degail et Armonie Cordier avec leur équipe
Avec leur équipe, les trois co-fondatrices de Oc’Consigne, Sophie Graziani-Roth, Anne-Claire Degail et Armonie Cordier, veulent fédérer les acteurs de la filière des emballages en verre pour réintroduire la pratique du réemploi dans l’Est de l’Occitanie, à 200 km autour de Montpellier. (©Oc’Consigne)

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, dite loi Agec, prévoit la fin progressive de tous les emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040 en France.

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a annoncé en juin dernier la mise en place de la consigne des emballages en verre pour réemploi en France d’ici deux ans. Parfaite dans le schéma d’économie circulaire, la consigne permet d’éviter l’étape de fabrication de la bouteille et limite donc l’usage des ressources naturelles. L’utilisation de la consigne permet en effet d’économiser jusqu’à 75 % d’énergie et 33 % d’eau par rapport au recyclage.

Créée en 2018 dans l’Hérault, et transformée en société coopérative et participative (Scop) à l’été 2021, Oc’Consigne propose une solution de réemploi des emballages en verre dans un rayon de 200 km autour de Montpellier. « Nous avions à coeur de développer un projet ayant un fort impact environnemental et aussi de créer de l’emploi non délocalisable », explique Sophie Graziani-Roth qui a co-fondé Oc’Consigne avec Anne-Claire Degail, ingénieure agronome et Armonie Cordier, logisticienne.

Une usine de lavage basée à Lattes

La société qui envoyait jusqu’à présent les bouteilles récupérées dans l’unité de lavage d’un partenaire basé dans la Drôme, a investi plus d’1 M€ pour aménager sa propre usine située à Lattes, grâce notamment au soutien de l’Ademe, la Région Occitanie ou encore la Métropole de Montpellier. Opérationnelle depuis septembre 2023, « cette usine doit nous permettre d’accroître la collecte et le lavage de bouteilles standardisées mises sur le marché en réemploi, mais aussi se charger de prestations de lavage pour des professionnels » .

Photo de l'usine de lavage de la Scop
Depuis septembre 2023, la Scop a sa propre usine de lavage. Montant de l’investissement : 1 M€. (©Oc’Consigne)

Mais concrètement comment ça marche ? Une fois triées, les bouteilles sont nettoyées dans un bain de soude. L’action chimique et thermique va permettre de décoller l’étiquette et de désinfecter les bouteilles. Quatre passages sont nécessaires. Place ensuite au contrôle qualité pour vérifier l’absence de résidus sur la bouteille, tant au niveau du goulot que de la base. Moins de 10 % des bouteilles non conformes passent au recyclage classique.

Des points de collecte sont déjà en place à Perpignan, Alès, dans le sud de l’Aveyron... Oc’Consigne doit traiter un volume de 250 000 bouteilles par mois pour être rentable. « Le gouvernement a annoncé un retour de la consigne. Aujourd’hui, il n’y a pas de mode de subvention de cette filière vertueuse. On cherche un équilibre global financier, à l’image de ce qui existe déjà pour les papiers », indique Sophie Graziani-Roth.

Vers une standardisation des contenants

« Rapportez-moi pour réemploi », vous avez certainement vu fleurir ce pictogramme national de réemploi. Ajouté par les fabricants, il est de plus en plus visible dans les magasins proposant la consigne. « Notre rôle est d’accompagner les producteurs, de travailler avec des imprimeurs pour la fabrication d’étiquettes hydrosolubles. On demande qu’il n’y ait pas de numéro de lot gravé sur la bouteille. L’organisme, Citeo, est mandaté pour créer une gamme unique de bouteilles facilement repérables et réemployables », détaille l’intéressée.

Pour poursuivre leur développement et gonfler le chiffre d’affaires, les gérantes le savent : elles doivent collecter toujours davantage de bouteilles. Le service de lavage à façon est une piste sérieuse pour y parvenir :

Nous avons beaucoup de vignerons qui nous demandent de laver leurs bouteilles stockées depuis longtemps dans leurs exploitations, avant de les remettre en service. Nous sommes équipés de machines permettant de recevoir des palox grillagés de 500 bouteilles. »

Toujours dans cette optique, Oc’Consigne, qui compte huit salariés, va proposer en 2024 ses services dans l’hôtellerie, la restauration et travailler avec des grossistes. « On souhaite multiplier les points de collecte, c’est une façon pour les commerçants d’apporter un nouveau service à leur clientèle », conclut Sophie Graziani-Roth.