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Dédié à l’aéronautique et au spatial, le réseau Aerospace Angels veut continuer à croître

Interview. Face à l’émergence d’un grand nombre de start-up dans les secteurs de l’aéronautique et du spatial, le réseau Aerospace Angels a été créé en décembre 2022. Il a déjà investi dans plusieurs pépites, dont le constructeur Aura Aero. Bilan et perspectives avec Jean-Michel Darroy, ancien manager chez Airbus Defence and Space et référent du réseau.

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Projet aéronautique
Aerospace Angels a déjà investi dans plusieurs pépites toulousaines dont Aura Aéro (©Aura Aéro).

Pouvez-vous nous rappeler le contexte de la création du réseau Aerospace Angels ?
Jean-Michel Darroy : « Il existe de nombreux réseaux de business angels en France, qu’ils soient issus de grandes écoles ou thématiques. Dans l’ancienne région Midi-Pyrénées, est né en 2007 le réseau Capitole Angels qui regroupe des dirigeants ou d’anciens dirigeants expérimentés, balayant des domaines d’activité très variés. Depuis ses débuts, Capitole Angels a accompagné 53 start-up au travers de 78 opérations, pour un investissement total de 8,5 M€. Jusqu’à l’année dernière, il était cependant peu actif dans le domaine du spatial et de l’aéronautique. D’où le besoin de constituer un réseau spécifique au niveau national. Aerospace Angels a été créé en décembre 2022. Il constitue une branche spécialisée d’Occitanie Angels, fédération régionale d’investisseurs privés. Basé à Toulouse, ce nouveau réseau s’appuie sur les ressources et le savoir-faire de Capitole Angels. Avec cette nouvelle antenne, le réseau prend une nouvelle dimension en apportant une véritable expertise dans le domaine de l’aéronautique et du spatial. »

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour créer un réseau dédié à l’aéronautique ?
Jean-Michel Darroy : « J’ai passé toute ma carrière dans le domaine de l’aéronautique et l’essor des start-up dans ce domaine est nouveau. On sent désormais qu’il y a un mouvement de fond très fort d’émergence de start-up liées au spatial et à l’aéronautique. Le new space connait un développement assez récent. Tout comme les projets aéronautiques liés à la décarbonation. C’est aujourd’hui, un des sujets phares qui pousse de nombreuses jeunes pousses à se lancer dans le développement de petits avions électriques ou hybrides. On peut aussi évoquer les nouvelles mobilités. »

Pourquoi faire le choix de ne plus être sous la bannière de Capitole Angels et de devenir autonome ?
Jean-Michel Darroy : « Capitole Angels a une vocation généraliste et locale. Or, le secteur de l’aéronautique n’a pas de frontière. Rester sous cette bannière aurait bridé notre développement. Cependant, nous conservons les mêmes axes stratégiques. Nous bénéficions également de l’appui du Pôle de compétitivité Aerospace Valley, notamment pour la recherche de nouveaux membres grâce à son réseau de plus de 800 membres. Nous avons également conclu un partenariat avec le Cnes au Salon du Bourget en juin dernier. »

Photo de Jean-Michel Darroy
Jean-Michel Darroy, ancien manager chez Airbus Defence & Space et référent d’Aerospace Angels. (©Aerospace Angels)

Dans quelles conditions, choisissez-vous d’investir dans une start-up ?
Jean-Michel Darroy : « L’objectif d’Aerospace Angels est d’investir en fonds propres dans des start-up en phase d’amorçage. Celles-ci pourront ainsi bénéficier d’un soutien financier, mais aussi et surtout d’une aide sous forme d’expertises et de conseils, prodigués par des professionnels de ces secteurs. Nous intervenons très tôt dans la vie des start-up tandis que les grands fonds d’investissement ne s’intéressent pas à cette phase-là. Les start-up doivent avoir franchi un certain nombre d’étapes, comme une preuve de concept, une analyse de marché, des clients potentiels, etc. Mais nous ne nous interdisons pas d’intervenir dans des levées de fonds de série A. Nous menons une première sélection avec une phase de pitch. Puis, nous sélectionnons les start-up qui partent en phase d’instruction. C’est là où notre expertise prend tout son sens. Nous décidons ensuite de recommander ou pas l’investissement. Les dossiers sont présentés à tous les membres du réseau et chaque business angel est libre d’investir. »

Quel est le bilan de cette première année d’existence ?
Jean-Michel Darroy : « L’an dernier, nous avons repéré ou été sollicités par une soixantaine de start-up. Après cinq sessions de pitch, nous en avons sectionné 19 puis retenu cinq pour partir en instruction. A son issue, pour trois d’entre elles, nous sommes en phase de recommandation d’investissement. En 2024, nous visons entre cinq et 10 start-up. La majorité des entreprises qui se sont présentées sont régionales, les autres proviennent de toute la France. Deux des trois pépites actuellement en recommandation ne sont pas issues du territoire régional. »

Quels sont vos objectifs pour votre nouvelle année en tant que structure autonome ?
Jean-Michel Darroy : « Nous souhaitons accroître le nombre de start-up soutenues à l’échelle nationale. Pour ce faire, nous ambitionnons d’augmenter le nombre de nos membres. Nous avons démarré à cinq, nous sommes actuellement une vingtaine. En fin d’année, nous souhaiterions compter une quarantaine de business angels et à moyen terme, passer le cap des 100. Concernant le profil, nous avons un noyau important issu du domaine de l’aéronautique mais nous restons ouverts à d’autres expertises. Nous avons des retraités parmi nous, mais aussi des business angels en activité. »

Envisagez-vous d’avoir des antennes ailleurs ?
Jean-Michel Darroy : « Oui, notamment en région Nouvelle-Aquitaine, île-de-France, Paca, Auvergne Rhône-Alpes, etc. Une start-up peut être mobile, nous devons l’être aussi. Pour ce faire, nous souhaitons nous appuyer sur l’écosystème de la Fédération nationale des business angels, France Angels, dont nous sommes membres afin de mettre en place des partenariats. »