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Delair et Ascendance collaborent pour produire les « super drones » d’observation de demain

Aéronautique. Le droniste toulousain et le spécialiste de la décarbonation du transport aérien unissent leurs forces pour développer ensemble un nouveau drone d’observation hybride-électrique aux capacités décuplées. Objectif : accroître les moyens de la Direction générale de l’armement Essais de missiles. Mais au-delà du militaire, d’autres usages civils se profilent notamment pour mener des missions d’observation de longue distance.

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Delair et Ascendance préparent le futur des drones d’observation. (©Delair)

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le contexte géopolitique particulièrement tendu conduit les États européens à accélérer la modernisation de leurs dispositifs de défense. Dans cette optique, la Direction générale de l’armement (DGA) Essais de missiles qui, sur ses sites de Gironde, des Landes et en Méditerranée, réalise des essais de systèmes d’armes dans les domaines aérien, terrestre, marin et sous-marin, a récemment lancé une procédure d’appel à manifestation d’intérêt en vue d’améliorer ses moyens d’observation.

C’est dans ce cadre que les toulousains Ascendance et Delair ont été retenus. Dans un communiqué commun daté du 10 février 2025, ils viennent en effet d’annoncer leur collaboration autour d’un projet de démonstrateur de drone d’observation hybride-électrique pour le compte de la DGA Essais de missiles. Un engin dont la vocation est d’être plus polyvalent, plus discret et dont l’empreinte carbone serait réduite.

Capter les innovations civiles au profit de l’armée

Financé par l’Agence Innovation Défense (IAD), le projet est piloté par le pôle d’innovation Alienor, un des neuf pôles d’innovation de défense créés en 2019 par la DGA pour capter et accélérer les innovations civiles au bénéfice des forces armées ou des programmes d’armement.

Ce n’est pas la première fois que Delair collabore avec le secteur militaire. Créée il y a 13 ans à Toulouse, Delair est en effet spécialisée dans la conception et la fabrication de drones pour le civil et la défense. L’entreprise, qui emploie 150 salariés pour un chiffre d’affaires de 30 M€ en 2024 (contre 10 M€ en 2023), a engrangé l’an dernier de gros contrats pour la fourniture de munitions téléopérées (ou drones kamikazes) et de drones d’observation et de reconnaissance destinés à l’armée ukrainienne.

De son côté, Ascendance travaille sur l’avion bas-carbone. Fondée en 2018, la start-up développe un système de propulsion hybride-électrique innovant, appelé Sterna, et un avion à décollage et atterrissage vertical (VTOL) équipé de cette technologie, nommé Atea. Forte d’une centaine de salariés, elle a récemment franchi un cap en levant 40 M€ (entre 2023 et 2024), confirmant ainsi ses ambitions pour l’avenir de l’aviation propre.

Objectif pour les deux entreprises ? Concevoir et fabriquer entièrement en France un démonstrateur de drone d’observation de nouvelle génération basé sur le modèle phare de Delair, le drone DT46, et sur le système de propulsion hybride-électrique Sterna adapté aux véhicules aériens sans pilote (UAV pour unmanned aerial vehicle) d’Ascendance.

« Le DT46 hybride démontre la capacité de Sterna à s’adapter à des aéronefs de différentes tailles, détaille Thibault Baldivia, CCO d’Ascendance. Aujourd’hui sur un drone et demain sur des avions de plus en plus grands pour optimiser en plus des performances techniques, le volume des émissions de carbone pour une aviation plus durable. »

La propulsion hybride, une avancée technique majeure

L’ambition des deux partenaires est d’améliorer fortement les performances de l’engin sur différents points, dont notamment l’autonomie, portée à plus de 5 h 30 en mode VTOL (décollage et atterrissage vertical). La capacité de recharge de la batterie en vol permise par la technologie Sterna ouvre ainsi de nouvelles possibilités pour les missions de longue durée.

L’autre atout de ce nouveau drone devrait résider dans sa flexibilité. Doté de la capacité de basculer, plusieurs fois au cours du vol, entre les modes de vol stationnaire et des phases de transit rapides (jusqu’à 100 km/h), il devrait convenir ainsi à des usages autant civils que militaires. Capable également de passer aisément du mode thermique au mode électrique, il devrait gagner en discrétion notamment pour effectuer les missions d’observation. Enfin, en améliorant l’efficacité énergétique des drones, la propulsion hybride offrira l’avantage de limiter leurs émissions de CO2.

Alors que plusieurs vols d’essai ont déjà été effectués dans la région toulousaine, d’autres devraient suivre à Biscarosse, au printemps, pour finir de qualifier le DT46 hybride. Lequel aura pour mission d’assurer la surveillance des essais que mène la DGA Essais de missiles sur ses trois sites, mais également la surveillance de zones maritimes étendues.

Pour le président de Delair, Bastien Mancini, cette nouvelle version de son produit phare devrait lui permettre de compléter sa gamme actuelle de drones et de répondre aux besoins tant civils que militaires en matière de missions d’inspection longue distance aussi bien maritime que terrestre.