Drone vs hélicoptère pour la surveillance aérienne
Technologie. Le droniste toulousain Delair, qui fête ses 11 ans, s’apprête à lancer la commercialisation d’un nouvel engin, le DT 46 et entend devenir leader en Europe.
A l’occasion de son 11ème anniversaire, le droniste toulousain Delair présente un nouvel engin, le drone DT 46, qui vient s’ajouter aux drones UX- 11 et au DT 26, utilisés pour l’inspection des grandes infrastructures industrielles (lignes électriques et ferroviaires, pipelines) et par les forces de défense et de sécurité. Voler plus longtemps, plus loin et avec plus d’emport, tel est le triple objectif de l’entreprise qui entend également, à travers ce produit, franchir un cap supplémentaire pour se positionner comme leader en Europe. « Soit nous décidions de rester une PME française à l’échelle mondiale (les grandes entreprises dans le monde sur ce marché génèrent plus de 300 M€ de CA), soit nous décidions de devenir plus grand. Pour ce faire, nous avons étoffé notre gamme avec le DT 46 », souligne Bastien Mancini, PDG de Delair.
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Près de trois ans de R & D et des investissements se chiffrant en millions d’euros ont été nécessaires pour concevoir cet engin qui répond mieux aux exigences opérationnelles des clients, notamment dans le secteur de la sécurité et de la défense. « Parmi les produits connus sur le marché, il existait des drones de 15 kg d’une autonomie de trois heures et des engins bien plus gros d’une autonomie de 20 heures mais rien entre les deux. Notre nouveau drone a une envergure de 4,5 m et ne pèse que 20 kg, dont 5 kg de charge utile. Il offre ainsi une plus grande endurance et élongation, avec une capacité de vol et de communication jusqu’à 100 km. Son autonomie de vol est de 7 h 30 en position voilure fixe et de 3 h 50 en position Vertical Take Off and Landing (VTOL), à savoir à décollage et atterrissage vertical », précise le PDG.
ALTERNATIVE À L’UTILISATION D’UN HÉLICOPTÈRE
Premier drone professionnel électrique convertible, le DT 46 offre ainsi la possibilité de décoller et d’atterrir verticalement et sur tout type de terrain, contrairement aux autres produits du fabricant. « La vocation de notre drone est d’être une alternative à l’utilisation de l’hélicoptère. Nous avons collaboré avec des partenaires de l’écosystème toulousain de l’aviation qui nous ont aidés à franchir un palier pour être au niveau de l’aviation habitée. Cela signifie l’obtention d’autorisations de vol dans les couloirs du trafic aérien, une durée de vol suffisante, une résistance à l’environnement, etc. Ce drone est également silencieux à 200 m grâce à sa propulsion électrique, sa très faible signature acoustique et radar, et de fait, convient parfaitement aux missions d’observation, de surveillance et de renseignement », détaille-t-il.
L’entreprise s’est également rapprochée de l’Agence de sécurité européenne de l’aviation (EASA) pour bâtir le plan de validation de son drone, qui permettra à ses utilisateurs de se libérer des contraintes lourdes de la réglementation d’usage des drones professionnels. Autre avantage de cette nouveauté, dont les premières livraisons sont fixées en 2023, le DT 46 consomme environ 400 fois moins d’énergie, et émet environ 3000 fois moins de CO2 (aéronef électrique) avec des performances comparables à celles d’un hélicoptère d’observation habité.
70 % DU CA À L’EXPORT
Le droniste, qui vend quelques centaines de drones par an et en a, à ce jour, des milliers en activité à l’international, entend de fait poursuivre son déploiement en Europe, en Asie du Sud-Est et en Afrique, des marchés sur lesquels il est déjà bien implanté notamment pour des opérations spéciales, visant la surveillance des frontières, le terrorisme, etc. La PME Delair a généré près de 10 M€ de chiffre d’affaires l’an passé, réalisé à 70% à l’export. « Nous souhaitons augmenter notre activité en France avec un engin qui répond aux besoins identifiés par l’armée française mais pas au détriment de notre évolution à l’étranger. D’autres marchés pourraient également nous intéresser comme les États-Unis. Cependant, ils restent protectionnistes et donc difficiles à atteindre. Pour cela il faut les moyens d’y aller. »
À Toulouse, Delair conçoit et fabrique les engins dans son atelier de près de 1500 m2, et sous-traite en Occitanie une infime partie de certains procédés. « La conception du drone, l’auto-pilote et les cartes électroniques sont fabriqués en interne ce qui nous permet d’apporter des ajustements », souligne le gérant. Le Delair DT18 a été le premier drone au monde certifié BVLOS dans l’espace aérien civil, en 2012. Depuis, l’entreprise mûrit en silence d’autres projets et planche également sur le projet l’Hydrone, premier prototype de drone à propulsion hydrogène, en vue à terme d’équiper sa gamme d’une propulsion électrique hybride. Forte d’une cinquantaine de salariés, la PME espère rentrer dans la cour des grands.