Du chanvre dans l’assiette
Agriculture. À travers son entreprise V21, Émilie Capel souhaite raviver la culture du chanvre en Occitanie et démocratiser cette plante à fortes valeurs nutritionnelles.
L’Hexagone se hisse au rang de premier producteur européen de chanvre, pour autant ses vertus restent méconnues. Particulièrement répandue dans le Nord de la France, la culture du chanvre – lequel est notamment utilisé dans l’industrie textile et le domaine de la construction pour l’isolation phonique et thermique –, reprend petit à petit des couleurs en Occitanie grâce à Émilie Capel. À travers la start-up toulousaine V21, créée fin 2020, elle a décidé de relancer la production de cette plante à des fins alimentaires et nutritionnelles.
De fait, c’est à la suite d’une prise de conscience sur son alimentation et l’environnement que cette native de Limoges et Toulousaine de coeur, a décidé de remettre le chanvre au goût du jour. « En faisant des recherches personnelles, j’ai découvert que c’était une plante aux innombrables vertus. Riche en saveur, le chanvre est considéré comme un superaliment, en plus d’être une plante durable qui n’a pas besoin de pesticides ni d’engrais pour pousser », souligne la jeune femme, qui après un parcours dans le commerce et marketing, et cinq années passées sur les rives de l’Australie et celles de Nouméa, a souhaité développer un projet porteur de sens.
Après avoir mûri son idée pendant un an, la jeune femme commercialise désormais quatre gammes de produits en chanvre bio sur la toile – lesquels sont fabriqués par des artisans locaux – dont de l’huile vierge, des graines décortiquées, des graines entières et de la protéine végétale en poudre. Autant de façons de mettre en avant la notion de circuit court et de bien manger, selon l’entrepreneuse qui propose également sur son site des idées de recettes. Elle entend ainsi séduire une clientèle urbaine qui connaît la notion de « superfood ». En vue de cultiver la notion d’éco-responsabilité, autrement dit du champ à l’assiette, cette citadine s’est notamment rapprochée du collectif d’agriculteurs Champs Bio du Gers, qui réunit une vingtaine de professionnels.
Quatre hectares dédiés à la production du chanvre
Séduits par le projet, ils consacrent actuellement quatre hectares à la production de cette plante. « 2021 a été un bon cru avec plus de trois tonnes de graines de chanvre. L’objectif est de cultiver 30 hectares l’an prochain. Et puis, n’étant pas issue du milieu rural, j’apprécie particulièrement collaborer avec eux et m’investir auprès d’eux. » Outre l’association gersoise, des chambres d’agriculture occitanes gardent l’oeil rivé sur le projet V21. « Ce qui m’intéresse, c’est également de servir d’intermédiaire entre les agriculteurs, ceux avec qui je collabore et ceux qui souhaitent par exemple se lancer dans la filière du chanvre. Il est primordial pour V21 d’avoir un véritable lien entre la production et la distribution pour être en mesure de fabriquer des produits de qualité et garantir une transparence à nos consommateurs. »
La jeune femme entend intensifier ses partenariats avec des magasins bio – un maillage, constitué pour l’heure d’une cinquantaine de magasins en Occitanie, et qui génère une majorité des ventes –, épiceries fines, salles de sport et restaurateurs. « La démocratisation du chanvre, lequel est bien trop souvent assimilé au cannabis récréatif, passera inévitablement par les chefs. Mais le travail pour voir arriver le chanvre dans l’assiette des Français est encore long. » Parmi sa feuille de route, figure également l’installation d’un atelier de transformation, à l’orée des champs. Émilie Capel, qui souhaite continuer à exploiter le filon du chanvre, réfléchit à d’autres gammes. Secrètement, si elle rêve d’inonder le marché national, c’est d’abord en Occitanie qu’elle compte faire la différence. Des recrutements sont d’ailleurs prévus d’ici 2022.