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eMotion Tech s’ouvre le marché de la Défense

Technologie. L’entreprise haut-garonnaise fournira à l’armée française des imprimantes 3D pour assurer le maintien en conditions opérationnelles de ses équipements.

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Photo de l'équipe d'eMotion Tech
L’équipe d’eMotion Tech vient de remporter un beau succès dans le secteur de la Défense (©eMotion Tech).

La bonne nouvelle est tombée le 2 octobre 2023 pour eMotion Tech, la PME toulousaine , qui compte parmi les pionniers en France et en Europe de la conception et fabrication des imprimantes 3D.

Elle vient en effet de remporter l’appel d’offres lancé début 2022 par la Direction de la Maintenance Aéronautique de l’État (DMaé). Ce contrat crucial pour l’entreprise, qui emploie une douzaine de salariés et génère près d’1M€ de chiffre d’affaires par an, porte sur la fourniture de 38 imprimantes 3D pour le « maintien en conditions opérationnelles (MCO) des aéronefs militaires ». Ces imprimantes conçues et assemblées par eMotion Tech seront livrées dans une trentaine de bases de différents corps d’armée. Ce contrat permet à la jeune entreprise dirigée par Franck Liguori de mettre un pied dans un secteur où elle était peu présente jusqu’à présent.

Nous sommes très honorés d’avoir remporté ce marché qui va nous permettre de pénétrer le marché de la Défense aujourd’hui très anecdotique pour nous. Non seulement on parle de 38 machines, dans une trentaine de bases militaires, mais aussi de trois corps d’armée : air, terre, mer. C’est donc un marché qui nous fait passer du niveau zéro à un niveau très important au regard de notre taille. C’est une superbe opportunité », reconnait le gérant.

Les imprimantes 3D d’eMotion Tech serviront à la production de pièces de maintenance en conditions opérationnelles. « Dit plus simplement, nos imprimantes vont servir à fabriquer des pièces détachées pour le matériel militaire pour lequel les pièces ne se fabriquent pas ou dont la fabrication demande un délai trop important », détaille Franck Liguori.

Changement de paradigme

Le recours aux imprimantes 3D dans le domaine militaire est relativement récent. Depuis 2019, plusieurs opérations, intégrant le déploiement d’imprimantes 3D, ont été effectuées, notamment au Mali et au Tchad, afin de tester la capacité des militaires français à produire des pièces en opérations extérieures. La question de l’utilisation des imprimantes 3D en Opex a même fait l’objet d’une table ronde lors du Forum innovation défense de 2021, un rendez-vous organisé chaque année par le ministère des Armées. Lequel parait convaincu de la pertinence de cette nouvelle technologie. « L’impression 3D permet de gagner en autonomie stratégique, en réactivité et en résilience », peut-on en effet lire sur le site du ministère, sur la page consacrée à l’événement.

Un intérêt certain que confirme Franck Liguori. « On observe depuis quelques années que l’armée française commence à s’équiper de machines, qui sont du reste souvent étrangères. Il y a par exemple une imprimante 3D chinoise sur le porte-avions Charles de Gaulle, ce qui nous a un peu agacés. Il faut cependant rester humble et se dire que ces sociétés sont beaucoup plus importantes que nous. Cela ne nous a pas empêchés de travailler sur les performances de nos machines et de remporter ce marché ».

Le dirigeant y voit « une reconnaissance, parce que les critères de choix reposaient sur des normes internationales et qu’en termes techniques, c’est nous qui avons apporté la meilleure réponse. Pour nous, c’est l’occasion de nous inscrire plus largement sur le moyen-long terme comme un partenaire de la Défense et pourquoi pas de nous donner de la visibilité auprès des voisins européens avec qui l’Armée collabore ».

Un leader de l’industrie de l’impression 3D

Après avoir débuté sur le marché des particuliers, eMotion Tech a effectué un pivot en 2019. Elle conçoit aujourd’hui des imprimantes destinées aux industriels, grands groupes et sous-traitants, du secteur de l’aéronautique, pour des clients comme Airbus, Thales, Safran, mais aussi du luxe, de l’automobile comme Stellantis ou encore de la santé et de l’alimentaire où les machines d’eMotion Tech servent à « fabriquer de l’outillage tel que guides, cales, pièces d’ergonomie… et ainsi améliorer l’efficacité et la productivité des chaines de production. »

Des pièces à base de polymères mais pas seulement. « On peut utiliser d’autres matériaux, notamment des composites tels que nylon et fibre de carbone ou fibre de verre avec des performances thermiques et mécaniques très intéressantes pour les industriels, ainsi que des plastiques haute performance tels que le PEKK qui ont des résistances mécaniques proches de l’aluminium. Nos machines permettent de fabriquer des pièces en plastiques techniques qui peuvent répondre aux besoins très poussés des industriels ». eMotion Tech, qui dispose d’un atelier de 800 m2 d’où sort en moyenne une dizaine de machines chaque mois, ne réalise qu’une part encore réduite de son chiffre d’affaires à l’export.

Une situation qui pourrait bien changer avec la visibilité que lui offre le contrat remporté sur le marché de la Défense. « Le marché européen constitue notre principal levier de croissance », reconnait Franck Liguori. A plus long terme, le dirigeant vise également l’Afrique et le Moyen-Orient, des marchés peu ou pas travaillés, notamment par les géants du secteur de l’impression 3D.