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2023, année record pour l’Adie Occitanie qui a distribué près de 10 M€ de micro-crédits

Insertion. En Occitanie, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) a financé l’an dernier près de 2000 porteurs de projet de création d’activité, dont de nombreux allocataires du RSA. L’association est d’ailleurs partenaire du dispositif d’accompagnement accru qui leur est proposé par le Département de l’Aveyron dans le cadre de la mise en œuvre de la loi « Pour le plein emploi ».

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Photo de Marie Guary
Marie Guary est une des 2 019 personnes financées l’an dernier par l’Adie Occitanie. Après un parcours dans la restauration, la jeune femme, ex allocataire du RSA, a bénéficié d’un micro-crédit qui lui a permis de financer sa reconversion professionnelle. Installée à Toulouse, elle est aujourd’hui comportementaliste canin (©Adie).

Avec 1 051 500 nouvelles entreprises créées en 2023, même si ce chiffre baisse de 1 % par rapport à 2022, l’engouement pour l’entrepreneuriat demeure très fort en France. Le nombre de micro-entreprises (667400 nouvelles immatriculations) progresse, lui, de 3 %. Illustration en région de ce dynamisme : 2023 aura été pour l’Adie Occitanie « une année record », selon son directeur Christophe Nicaud qui a présenté, le 27 mars dernier à Toulouse, son bilan d’activité.

L’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) est présente dans la Ville rose depuis 1996. Reconnue d’utilité publique, l’Adie a pour vocation de promouvoir la création d’entreprise comme vecteur d’émancipation et d’insertion professionnelle durable. Elle accompagne les porteurs de projet qui n’ont pas accès aux financements bancaires traditionnels via des micro-crédits dont le montant peut aller jusqu’à 12 000 €. Elle s’appuie pour ce faire sur un réseau d’établissements bancaires partenaires.

L’an dernier, en Occitanie, l’association, forte de 44 salariés et de 70 bénévoles, a accompagné financièrement 2 019 personnes (+12 %) dont 1 439 entrepreneurs (+11 %). « C’est le plus haut volume d’activité, depuis la création de l’Adie en région », précise le directeur. De fait, l’activité de l’Adie connait depuis 2019 une progression constante, grâce aux efforts déployés par l’association pour mieux « se faire connaitre ». Elle est désormais partout présente sur le territoire régional, notamment en zone rurale, avec 16 agences qui maillent l’Occitanie à l’exception de la Lozère. « Cela nous permet d’avoir beaucoup plus de contacts et de mieux répondre aux besoins », ajoute Christophe Nicaud.

Des micro-crédits mobilité en hausse de 15 %

Photo de Christophe Nicaud
Christophe Nicaud, directeur de l’Adie Occitanie (© Alain Le Coz).

2 845 financements ont été attribués l’an dernier par les équipes de l’Adie Occitanie, représentant un montant total de plus de 9,9 M€ (+29 %). Parmi ces aides, on dénombre 1571 micro-crédits professionnels (+8 %) attribués pour le démarrage ou le développement d’une activité. 560 prêts d’honneur ont également été attribués. D’un montant maximum de 3000 €, ces prêts viennent en complément d’un micro-crédit. Ils permettent d’étaler les remboursements sur 60 mois contre 36 ou 48 mois pour les micro-crédits traditionnels. L’Adie Occitanie a également distribué 134 primes jeunes entrepreneurs et autres avances remboursables.

En parallèle, l’Adie a distribué l’an dernier quelque 580 micro-crédits mobilité (+15%). Cette enveloppe, qui peut atteindre 6 000 € maximum, est utilisée, dans 80 % des cas, pour l’achat d’un véhicules. Elle permet aussi de financer l’obtention du permis de conduire. Des aides qui « favorisent vraiment la recherche d’emploi ou bien permettent de garder un emploi », poursuit Christophe Nicaud qui rappelle qu’en zone rurale, l’achat d’un véhicule est souvent la seule solution pour pouvoir se déplacer. Le montant moyen des micro-crédits mobilité est passé en un an de 3500 à 4600 €.

L’entrepreneuriat pour tous

Le slogan de l’Adie, « l’entrepreneuriat pour tous » se vérifie cette année encore. Parmi les entrepreneurs financés par l’association, on compte 43 % de femmes, 38 % de bénéficiaires des minima sociaux (+5 points par rapport à 2022), 29 % de personnes sans diplôme (+4 points) et un quart de jeunes de moins de 30 ans. 22 % des emprunteurs habitent en zone de revitalisation rurale et 12 % dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

Les prestations de service représentent 41 % des activités financées, loin devant le commerce (27 %), la restauration et le bâtiment (7%) et les transports (6 %). « Ce sont pour l’essentiel de toutes petites activités, exercées par une personne seule », résume Christophe Nicaud.

Intégrée au dispositif d’accompagnement accru

Selon un rapport de la Cour des comptes, sept ans après l’entrée au RSA, seuls 34 % des allocataires en sont sortis et sont en emploi – et parmi ceux-ci, seul un tiers est en emploi de façon stable. L’Adie compte sur son expertise pour faire évoluer ces chiffres. L’association, qui réalise régulièrement des études d’impact affiche un taux d’insertion des porteurs de projets accompagnés, tous publics confondus, de 93 % (chiffre de 2021). Parmi ceux-ci, Marie Guary témoigne. Ex-allocataire du RSA, la jeune toulousaine, qui a travaillé pendant cinq ans dans la restauration, a bénéficié d’un micro-crédit de près de 4 000 € et d’une prime jeune de 3 000 € pour lancer, dans le cadre d’une reconversion professionnelle, son activité de comportementaliste canin. Un métier qu’elle exerce depuis un an et demi maintenant. « L’Adie pour moi c’est du soutien ! Si elle n’avait pas été là, je ne pense pas que j’aurais pu avoir autant d’ambition dans ce projet », reconnaît la jeune femme.

La loi « Pour le plein emploi » adoptée en décembre 2023 a réformé le RSA dans l’optique de faciliter le retour à l’emploi de ses bénéficiaires à travers un contrat d’engagement imposant 15 heures à 20 heures d’activité par semaine et un accompagnement accru mis en place à l’échelle locale. L’Aveyron est le seul département occitan à figurer parmi les 18 territoires qui, depuis 2023, expérimentent ces mesures (ils sont 47 depuis mars 2024). Le département compte 4 600 allocataires du RSA (ils sont 195 000 en Occitanie).

En 2023, 430 personnes ont bénéficié de cet accompagnement accru mis en place par le Département et dont l’Adie est partenaire. Un résultat encourageant selon Ophélie Héliès, directrice territoriale adjointe au sein de l’Adie Nord Occitanie, qui l’assure :

L’entrepreneuriat s’avère être une voie intéressante pour remobiliser une partie de ces publics autour d’un projet dont ils sont le moteur, en phase avec leurs aspirations profondes. Ce sont des personnes qui ont généralement déployé des liens d’entraide forts autour d’eux, au niveau très local. La perspective de créer un projet qui s’ancre dans leur cercle de vie est généralement un réel levier de motivation. »

D’ici fin 2024, l’enjeu est de « remettre sur le chemin de l’emploi plus de 1 000 allocataires du RSA des bassins de Decazeville et ouest Aveyron », précise l’association qui, outre l’accueil au sein de son agence de Rodez, prévoit d’organiser au fil de l’année des permanences mobiles dans différents points du département pour aller à la rencontre des allocataires sur le terrain.