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En Occitanie, 3550 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi en 2022

Conjoncture. Confrontés à une « permacrise », les dirigeants de la région sont fortement fragilisés. Plus de 3550 d’entre eux ont perdu leur activité professionnelle l’année dernière, un chiffre en hausse de 49,8 %.

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Photo d'un chef d'entreprise
La tendance pourrait bien s’aggraver en 2023. (Crédit : PIXABAY)

Crise sanitaire, remboursement des dettes liées au Covid-19 et des PGE, inflation, hausse des coûts de l’énergie, pénuries de matières premières et de mains-d’oeuvre… Depuis maintenant un peu plus de trois ans, les chefs d’entreprise font face à des crises successives multifactorielles. Conséquence, les défaillances d’entreprise repartent à la hausse en France.

En Occitanie, 3550 dirigeants ont ainsi perdu leur activité professionnelle en 2022 d’après l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs de l’association GSC (garantie sociale du chef d’entreprise) et du cabinet Altares.

Un chiffre en hausse de 49,8 % par rapport à 2021 qui doit nous alerter prévient Anthony Streicher, le président de l’association GSC : « Chaque jour, près de 10 chefs d’entreprise perdent leur emploi en Occitanie. Les entrepreneurs doivent faire face à un contexte économique particulièrement difficile dans lequel les fragilités se multiplient et s’alimentent. Les pénuries de mains-d’oeuvre et la majoration des coûts énergétiques compliquent les défis auxquels ils étaient déjà confrontés. Alors que les tensions sur la trésorerie se font sentir, la reprise des procédures d’assignation de l’Urssaf en 2023 pourrait encore accélérer la remontée des défaillances observée en 2022. »

Les entrepreneurs en BTOC davantage exposés

À l’exception de la Lozère (-27,3%), tous les départements d’Occitanie sont concernés par cette hausse du nombre d’entrepreneurs en situation de chômage. Avec 832 chefs d’entreprise impactés, L’Hérault est le plus touché (+40,1%). La situation se dégrade particulièrement dans le Lot (99, + 86,8%), le Tarn (203, + 86,2 %), l’Aveyron (87, + 67,3 %) et la Haute-Garonne (785, + 44,5%).

Et alors que des milliers de Français battent le pavé contre la réforme des retraites pour ne pas avoir à travailler plus longtemps, les données recueillies par l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs démontrent que les aléas économiques exposent davantage les chefs d’entreprise seniors à la tête de TPE, avec un âge moyen de 49,2 ans.

Une réalité qui doit « nous amener à réfléchir collectivement à l’avenir que nous souhaitons proposer à ces femmes et ces hommes », interpelle Anthony Streicher. Et de développer : « Aujourd’hui, près de deux entrepreneurs sur trois n’ont pas anticipé une éventuelle perte d’emploi. Chacun doit être libre de sécuriser ou non son parcours professionnel mais ayons conscience qu’il s’agit de la capacité de reprise de la France. »

Autre enseignement, le contexte inflationniste actuel a visiblement poussé les citoyens à changer leurs habitudes de consommation. Conséquence, les entrepreneurs exerçant une activité dans le BtoC sont davantage exposés en région Occitanie.

Le commerce enregistre 839 pertes d’emploi. « Le secteur de l’hébergement, restauration et débit de boissons con - centre, quant à lui, 584 pertes d’emploi sur le territoire, ce qui représente une augmentation de 101,4% par rapport à 2021. »

Le domaine du service aux entreprises n’est pas épargné avec 394 pertes d’emploi. Pour Frédéric Barth, directeur général d’Altares, si l’économie française fait preuve d’une « résistance surprenante » et que le spectre d’une récession comme celle que connaît le Royaume-Uni semble désormais s’éloigner, « les dirigeants vont devoir composer avec des risques encore bien présents. Parmi ceux-là, la défaillance de leurs partenaires commerciaux voire de leur propre entreprise. »

Et de conclure : « À leurs plus bas depuis trente ans en 2021, les cessations de paiements s’envolent désormais chez les TPE et les PME fragilisées par cette “permacrise”. 9300 entreprises sont déjà tombées en faillite entre janvier et février 2023, c’est un millier de plus que début 2020, soit avant que la pandémie ne paralyse l’économie. »