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En Occitanie, RTE va investir 1 Md€ d’ici 2030

Energie. Outre la modernisation des infrastructures, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français anticipe les conséquences de la multiplication rapide des projets de production d’énergie renouvelable sur le territoire occitan.

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Photo du poste électrique Sud-Aveyron
La création du poste électrique Sud-Aveyron, sur la commune de Saint Victor-et-Melvieu, a nécessité quelque 80 M€ de travaux. Sa mise en service est prévue cette année. (Crédit : RTE)

La consommation d’électricité est restée stable l’an dernier en Occitanie. C’est ce que révèle le dernier bilan publié par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français. 34,8 TWh ont été consommés dans la région en 2022, soit une hausse de 0,1 % par rapport à 2021 (contre une baisse de 1,7% au niveau national).

Dans le détail, la consommation a fortement progressé dans l’industrie (+3,4 %), notamment au cours du premier semestre, « indice du dynamisme économique qui a suivi la période Covid », indique Erik Pharabod, délégué RTE dans le Sud- Ouest.

Durant l’hiver, en revanche, la consommation d’électricité a fortement baissé, en lien avec les appels à la sobriété énergétique dans la perspective d’un hiver qui s’annonçait tendu. « La forte hausse du prix de l’électricité a également incité certains de ces industriels à baisser leur production », ajoute Erik Pharabod.

D’octobre 2022 à mars 2023, en région, la con sommation a ainsi reculé de 12,5 %, contre une chute de 9 % à l’échelle nationale, et ce indépendamment des effets de la météo. « La situation, cet hiver, a été finalement moins pire que prévu », confirme Erik Pharabod, grâce à une production conforme aux prévisions mais surtout grâce à cette baisse volontaire des consommations.

Pour autant, la production d’électricité a reculé nettement l’an dernier : de l’ordre de 10% en Occitanie contre -15% à l’échelle nationale. Un fléchissement qui s’explique en région par l’indisponibilité, une partie de l’année, d’un des réacteurs de la centrale de Golfech, en raison de contrôles liés au phénomène de corrosion sous contrainte décelée dans le parc nucléaire français. La production d’électricité d’origine nucléaire a ainsi chuté de 18% l’an dernier, mais reste majoritaire dans la production électrique régionale, représentant 41,6% du total en 2022.

À ce recul du nucléaire, se sont ajoutés d’une part le faible niveau des pluies durant le premier semestre 2022 qui a affecté la production d’électricité d’origine hydraulique (-11,1%), sachant que l’hydraulique concourt pour plus de 30 % dans la production électrique régionale, et d’autre part une météo défavorable à la production d’électricité d’origine éolienne (-9,9%). Seule la production d’énergie solaire a progressé l’an dernier (+26 %) grâce notamment à l’entrée en service de nouvelles fermes solaires.

Cette baisse de production dans l’Hexagone a conduit la France à être l’an dernier, pour la première fois depuis 1980, importatrice nette d’électricité. En 2022, l’éolien a représenté 10,6% de la production d’électricité régionale et le solaire 13 %. La production d’électricité régionale est assurée à plus 98% par des sources décarbonées et à hauteur de 51,5% par les EnR. Toutes sources confondues, la production d’électricité en Occitanie couvre 83,6 % de ses besoins. De fait, les EnR ont le vent en poupe en Occitanie.

Le parc installé de production solaire a en effet progressé de 17,4 % en 2022 contre +5,6% pour le parc éolien et +14,9% pour les bioénergies. Les parcs installés représentent en 2022 3092 MW pour le solaire, 1640 MW pour l’éolien et 459 MW pour les bioénergies. Ces chiffres permettent à la région de se classer au deuxième rang national pour son parc installé d’EnR, derrière Auvergne Rhône Alpes.

Plusieurs projets d’éolien flottant

Pour accompagner le développement des énergies renouvelables, un schéma régional de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3R EnR) a été adopté en Occitanie qui fixe comme objectif d’augmenter la capacité d’accueil de 6,8 GW à l’horizon 2030, en plus des 6 GW déjà raccordés et des 2,5 GW en cours de raccordement.

Ce schéma est entré en vigueur le 2 janvier suite à la validation par le préfet de région du montant de la quotepart associée. Cette contribution financière, due par chaque producteur d’énergie renouvelable souhaitant être raccordé au réseau électrique, est fixée à 77,55 K€/MW.

Ces indispensables adaptations du réseau ainsi que sa modernisation nécessitent de lourds investissements, de l’ordre d’1 Md€ en Occitanie d’ici sept ans. En 2023, RTE prévoit ainsi d’investir 28,5 M€ dans la vallée de la Neste, dans les Hautes-Pyrénées, en vue de la construction de nouveaux aménagements (sur un projet de plus de 110 M€) dont la mise en service est prévue l’an prochain.

L’autre projet majeur est celui qui concerne la liaison entre Saint-Paul de Fenouillet, Tautavel et Baixas dans les Pyrénées Orientales. Ce sont 20,2 M€ que RTE a prévu d’investir cette année sur un total de 39 M€. La mise en service est également prévue en 2025. Les équipes du gestionnaire du réseau de transport d’électricité sont également mobilisées par la construction d’infrastructures relatives au rac cordement de fermes pilotes d’éolien en mer.

C’est le cas à Leucate et Gruissan où, sur chaque site, trois éoliennes devraient être installées d’une puissance de 10MW chacune. À Leucate, RTE va investir 14 M€ cette année (sur un total de 40 M€) et près de 20 M€ à Gruissan (sur un total de 45,8 M€). La mise en service est prévue dans l’un et l’autre cas en 2024.

La France misant fortement sur l’éolien en mer pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone, ceci n’est qu’un début. La construction de deux parcs de 250MW chacun est programmée en Méditerranée, dont l’un dans l’Aude (l’emplacement du second fait encore l’objet de débats mais pourrait également se situer au large du Roussillon). En Occitanie, RTE a en charge 10 840 km de lignes aériennes et 630 km en souterrain. Elle emploie 864 salariés.