En Tarn-et-Garonne, la boulangerie au P’tit Bonheur de Kakou connaît la recette du succès
Artisanat. Lauréate des Prix Créadie Occitanie 2024, Françoise Barrière développe la boulangerie familiale en ouvrant à Escatalens, en Tarn-et-Garonne, un nouveau point de vente où elle offre de nouveaux services. Passionnée, audacieuse, elle incarne parfaitement les valeurs du commerce de proximité
La tarn-et-garonnaise François Barrière a été récompensée en juin 2024 par le « prix coup de cœur » du concours Créadie Occitanie, organisé par l’Association pour le Droit à l’Initiative Économique (Adie). Depuis 15 ans, ces prix célèbrent l’audace de créer et récompensent des entrepreneurs accompagnés pas l’Adie. Ce prix coup de cœur lui a valu de recevoir une enveloppe de 1 000 €. Un coup de pouce bienvenue pour la poursuite de son projet.
« J’ai voulu participer à ce concours pour partager nos valeurs, cet esprit de famille qui fait avancer l’entreprise », explique François Barrière, à la tête d’Au P’tit Bonheur de Kakou, une boulangerie artisanale installée à Escatalens, à 20 minutes à l’ouest de Montauban. Une entreprise comme il n’en existe plus beaucoup, à l’ancienne, vous dira la quadra en souriant. Ici, dans son village, tout le monde la connait et l’appelle Kakou, c’est une figure locale. « Quand j’étais enfant, j’étais casse-cou, s’amuse la cheffe d’entreprise. La contraction a donné Kakou et le surnom est resté. »
Cinq générations de boulangers
Les grands-parents de François Barrière, eux-mêmes boulangers, ont créé le vaisseau amiral à Escatalens en 1973, puis ses parents ont acheté un local à Saint-Porquier, le village voisin, et ouvert une annexe de la boulangerie en 1984. « J’ai commencé mon activité à Saint-Porquier, puis la mairie d’Escatalens a proposé de me louer un local. Ça m’a donné des ailes, j’ai tout de suite imaginé comment développer la boulangerie », explique la cheffe d’entreprise.
En décembre 2023, Françoise Barrière profite de l’occasion et décide d’ouvrir une nouvelle boutique pour vendre les produits artisanaux fabriqués par ses parents. Elle fonde sa société avec ses enfants. Son fils Johan possède un CAP de boulanger tandis que Célia, sa fille, titulaire d’un BTS en gestion, a choisi d’intégrer l’entreprise.
La gérante ne cache pas les défis qu’elle a dû relever pour monter son entreprise. « J’ai démarré avec rien », se souvient-elle, avec seulement le soutien financier de ses parents. Elle a meublé son premier local avec des meubles de récupération. « Je ne voulais pas de crédit sur le dos. Quand on se lance avec des crédits, on rame », assure Françoise Barrière. Cette approche rigoureuse lui a permis de faire évoluer son affaire.
« On a créé une petite chaîne familiale »
L’objectif de Françoise Barrière est double : développer son activité en respectant l’héritage familial et amener des services dans ce petit village d’un millier d’habitants. Ce nouveau local, situé en bordure de la départementale, « a un gros potentiel, assure-t-elle. J’ai toutes les cartes en main pour ouvrir une épicerie et je viens d’obtenir l’agrément de la Française des Jeux. Je lance l’activité en septembre, ça permettra de faire venir de nouveaux clients des villages voisins. »
L’entreprise est une vraie histoire de famille, les parents de la quadra, âgés de 73 et 77 ans, sont toujours en activité. La maman de Françoise assure encore les tournées de pain. Françoise Barrière, cependant, ne se contente pas de vendre les pains et viennoiseries fabriqués en famille : elle propose également une nouvelle offre autour du snacking. Pour ce faire, elle s’appuie sur un réseau de professionnels (maraîcher, charcutier…) pour offrir des produits de qualité. Son ambition ? Pouvoir ouvrir de nouveaux points de vente ou de dépôt de pain.
Si Françoise Barrière a le sens inné du commerce, le contact client facile, elle reconnaît volontiers qu’elle préfère l’action à la gestion administrative. Elle a su bien s’entourer, et quand on lui demande quel est le secret de la réussite d’une entreprise, la réponse fuse :
C’est simple : il faut un banquier, un comptable de confiance. Et, il faut savoir écouter les conseils des professionnels. »
Pour le montage de son budget prévisionnel, François Barrière a été accompagnée par la CCI du Tarn-et-Garonne qui l’a également aiguillé vers l’Adie. Pour mémoire, l’association a pour but de permettre à des personnes qui n’ont pas accès au système bancaire traditionnel de créer leur propre entreprise, grâce au microcrédit accompagné. Elle a soutenu financièrement la boulangère et l’a aidé à mettre en place des outils digitaux pour améliorer sa visibilité.
Pour que son projet réussisse, celle-ci ne compte pas ses heures. Son époux, monteur en charpentes, lui donne un sérieux coup de main pour la logistique et l’aménagement de la boutique. « La motivation est intacte. Après toutes ces années, mon travail, c’est ma passion. Je me dis tous les jours qu’Il faut apprécier et déguster la vie, comme mes pâtisseries », conclut François Barrière.