En Tarn-et-Garonne, la ferme de la Felicità mise sur l’apiculture douce et l’agroécologie
Agriculture. Installés à Saint-Amans-de-Pellagal, en Tarn-et-Garonne, Thibault Lataillade et Elena Aloisio sont de jeunes agriculteurs à l’énergie débordante. Ruches, arbres fruitiers, vigne... Ils mettent tout en œuvre pour vivre de leur passion et changer le monde depuis leur ferme apicole et agroécologique.
Thibault Lataillade n’aura pas attendu l’annonce récente par le gouvernement de la création en 2025 des guichets France Service Agriculture pour faciliter l’installation de jeunes exploitants. En 2022, il a décidé de créer, aux côtés de sa compagne Elena Aloisio, une ferme apicole et agroécologique, la Ferme de la Felicità. Elle est située à Saint-Amans-de-Pellagal, en Tarn-et-Garonne.
« Nous sommes d’anciens urbains qui avons choisi de venir à la campagne, explique le jeune couple. Lorsqu’on a acheté cette ferme, elle était entourée de champs conçus pour la grande culture. Il n’y avait aucun arbre. C’était l’endroit idéal pour réaliser nos projets. »
Des entrepreneurs du vivant
Elena Aloisio est vétérinaire pour chevaux. Italienne d’origine, elle a vécu à Milan et en Île-de-France. Thibault Lataillade, lui, a fait des études de commerce. Après avoir travaillé dans le monde de la finance, il a créé un premier projet dédié à la gestion durable des forêts. Le couple rêvait d’installer une ferme avec des arbres et des abeilles. « Nous avons souhaité devenir producteur pour manger autrement, créer un nouveau modèle agricole combiné aux nouvelles technologies », détaille Thibault Lataillade.
Pendant l’hiver 2022, les deux jeunes agriculteurs ont planté 2 000 arbres, dont 200 pruniers et une centaine d’amandiers mais aussi 8 000 pieds de vigne sur 2 ha. Ils ont aussi veillé à la création d’espaces pour les oiseaux, grâce à la plantation de haies. « Nous avons choisi des arbres et des arbustes mellifères pour faire venir les abeilles », ajoute-t-il.
En se lançant ainsi, Thibault Lataillade estime ne pas avoir fait preuve d’audace, mais pense plutôt qu’il a bien planifié son projet, travaillé sur son plan d’investissement et sur ses dossiers de subvention. « En agissant ainsi, on a éloigné la peur et les incertitudes », précise-t-il. Ne voulant rien laisser au hasard, il a également obtenu son brevet de responsable d’exploitation agricole (BPREA). La formation est indispensable pour lancer son exploitation.
Première production en mars 2023
Elena Aloisio et Thibault Lataillade ont commercialisé leurs premiers miels en juillet 2023. « On a commencé avec 45 essaims. En fin d’année, on n’en avait 200 ». Et d’ajouter :
On a choisi de pratiquer l’apiculture douce : on ne déplace quasiment pas les colonies (pas plus de 15 minutes de la maison) pour des raisons éthiques et pour le confort des abeilles. Je fais aussi le maximum pour ne pas les enfumer ».
Les néoagriculteurs ont également décidé d’agir pour préserver la biodiversité. En complément des abeilles domestiques, ils ont installé des ruches sauvages et des hôtels à insectes. Thibault Lataillade reconnaît toutefois que l’apiculture n’est pas le poste le plus rentable de la ferme, car, « il y a une crise de confiance des consommateurs et une sous-production en France. »
Stratégie de diversification
Le couple ne compte pas ses heures. Si la jeune femme garde son activité de vétérinaire, elle n’en est pas moins présente sur les marchés (Montauban, Lauzerte...) pour vendre ses produits. Très vite, tous deux ont réussi à se constituer un réseau de distributeurs à l’image de la boutique d’artisans L’Atelier du Dragon à Montcuq-en-Quercy-Blanc. Ils ont aussi opté pour la vente en ligne via leur site internet.
Elena Aloisio et Thibault Lataillade sont accompagnés par Bio 82, une association qui regroupe dans le département des producteurs certifiés bio ou en conversion et des citoyens. Ils ont également reçu des aides de la Région, du Département et 30 000 € au titre de la Dotation jeunes agriculteurs (DJA).
Les projets ne manquent pas pour développer l’activité : de la fabrication prochaine de nougat et d’hydromel à la vitiforesterie qui consiste à planter des arbres dans les parcelles de vigne afin d’enrichir les sols et améliorer la ressource en eau. « On écoute nos envies, nous sommes guidés par le plaisir de travailler le beau, le retour à la terre », conclut Thibault Lataillade.