Entreprises

Filtration de l’eau : KOB lève 1,6 M€ et veut dupliquer son unité de production partout dans le monde

Innovation. En pleine levée de fonds, la start-up toulousaine développe à partir de verre recyclé une solution de filtration hydro-économe qui intéresse aussi bien le secteur de la piscine que l’agriculture et l’industrie. Elle espère vendre son concept d’usine très prochainement. Des pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie ont déjà faire part de leur intérêt.

Lecture 6 min
KOB a installé dans la zone du Chapitre à Toulouse une unité pilote qui produit des sacs de sable de verre, destinés au secteur de la piscine, de l’irrigation et de l’industrie. (©KOB)

Si dans certains pays européens le taux de recyclage du verre d’emballage est proche des 90 % – c’est le cas de la France –, à l’échelle mondiale cependant, l’efficacité du recyclage du verre est bien moindre : seuls 32 % sont recyclés. Des volumes très importants d’emballages en verre échouent ainsi dans les poubelles, quand ce n’est pas dans la nature…

Ce sont ces « énormes gisements de verre perdus » que veut capter la start-up toulousaine Kind of Blue (KOB). Son objectif : les valoriser sous la forme d’une « solution innovante de filtration hydro-économe », présentée comme une alternative aux systèmes de filtration au sable naturel couramment utilisés dans le secteur de la piscine. L’innovation, qui a nécessité trois ans de R&D, concilie deux enjeux : le recyclage du verre, un matériau dont la production est fortement consommatrice d’énergie, et la rareté de la ressource en eau.

300 K€ pour une première usine

La solution développée par KOB optimise la filtration « en créant des tamis successifs » avec du sable de verre obtenu par broyage, ce sable de verre présentant « des structures géométriques différentes », détaille Michel Kaluszynski, cofondateur de KOB. L’entreprise a ainsi breveté « le principe d’un empilage de sables de verre de granulométries variées » . Et pour garder la fonction de chaque couche de sable, lorsque l’eau passe à travers, « nous avons ensaché le sable ». Facile à mettre en œuvre, la solution se veut également économe en eau puisque le dispositif « évite le colmatage du filtre et réduit jusqu’à 90% la consommation d’eau liée au rétro lavage », assure de son côté Frédéric Navallon, également cofondateur de KOB avec Jacques Teboul et David Dubreuil.

Les quatre entrepreneurs multirécidivistes, qui ont créé KOB en 2019, ont obtenu le soutien d’un pool bancaire réunissant le Crédit coopératif et la Caisse d’épargne à hauteur de 300 K€, financement qui a permis à la start-up d’acheter des machines. Une première usine, de 800 m2, installée zone du Chapitre à Toulouse, fabrique depuis le printemps, grâce au verre collecté localement, ces sacs de sable de verre de grosseurs différentes. Adaptés à la quasi totalité des cuves de filtres à sable, ils sont commercialisés sous la marque Sandbag dans les magasins de l’enseigne Fluidra, spécialisée dans les équipements de piscine.

Pour autant, l’ambition de Michel Kaluszynski et de ses partenaires n’est pas de vendre des sacs de sable mais des usines clés en main. À ce titre, l’unité de Toulouse constitue un parfait démonstrateur du savoir-faire de l’entreprise. Et le dirigeant d’ajouter :

Notre installation du Chapitre est compacte, très simple à reproduire au plus près des zones de collecte et de vente. Notre ambition est de vendre la production de cette usine pilote, mais surtout de dupliquer cette unité ailleurs en France et d’en faire un produit à l’export dans des endroits où l’on trouve du verre et des besoins de filtration. »

La start-up, qui compte 12 salariés, assure avoir reçu des lettres d’intention du Moyen-Orient, notamment d’Arabie saoudite, et a des contacts avec plusieurs prospects en Afrique de l’Ouest et en Asie.

Agriculture, industrie, R&D, bâtiment

Michel Kaluszynski, cofondateur de KOB. (©KOB)

Pour accélérer le développement de la pépite en France et à l’international, les quatre associés ont entrepris une levée de fonds de 1,6 M€ toujours en cours. Avec ce système de filtration optimisé, ils visent en effet d’autres secteurs que les loisirs. « Le filtre de piscine est la représentation unitaire de ce qu’on retrouve, en de plus gros volumes, dans d’autres secteurs : l’irrigation dans le domaine agricole, lequel représente 70 % des consommations d’eau dans le monde, et le recyclage et le traitement des effluents dans l’industrie », détaille Michel Kaluszynski. La start-up travaille notamment en lien avec l’IFTS (Institut de la filtration et des techniques séparatives) et Netafim, leader mondial de l’irrigation, pour valider sa solution.

La solution développée par KOB intéresse également le bâtiment et notamment Valobat, l’éco-organisme chargé de faciliter la gestion des déchets de chantiers. La pépite toulousaine a remporté un appel à projet pour étudier la faisabilité du recyclage des verres plats issus du secteur. « Ce sont des milliers de tonnes qui n’étaient pas recyclés jusque-là. Nous pensons que notre machine peut absorber une partie de ce verre plat. Cela permettra d’en faciliter la collecte avant de renvoyer le matériau obtenu dans l’industrie », conclut Michel Kaluszynski.

En attendant de signer ses premiers accords de cession de licences de production, la pépite a lancé un nouveau programme de recherche autour d’un coproduit de son activité, la fine de verre ou poussière de verre. L’entreprise va piloter le projet Innov’eau avec des partenaires comme Suez et le Cirimat, un laboratoire du CNRS, pour développer des solutions de microfiltration.