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Frédéric Heltzlé, un bronzier d’art en or

Artisanat. Installé dans le Tarn-et-Garonne, le bronzier perpétue un savoir-faire en voie de disparition.

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Photo de Frédéric Heltzlé
La réalisation de certaines pièces réclame des dizaines d’heures de travail. (Crédit : DR)

Monteur, tourneur sur bronze, Frédéric Heltzlé est un artisan d’art. Dans son atelier de Saint-Porquier, il s’évertue à redonner vie et forme aux objets d’art. Entre ses mains, rien ne se perd tout se transforme. Le geste est précis, l’oeil affûté…

Frédéric Heltzlé ne laisse rien passer. À longueur de journée, son établi se couvre de copeaux, de résidus de brasure… Il intervient sur différentes familles de métaux, du bronze au laiton, en passant par les métaux ferreux et non ferreux. « Je peux passer des heures sur une pièce, si je ne suis pas satisfait, je recommence ». Frédéric Heltzlé est exigeant. Ciseler un bougeoir peut prendre une quinzaine de jours.

Il a mis 80 heures pour fabriquer des appliques conformes aux modèles des années 30. « C’est un métier en voie de disparition, nous ne sommes plus à la mode, c’est un métier méconnu du grand public. » Frédéric Heltzlé est dans la profession depuis 40 ans, il a commencé sa carrière à Paris, a exercé à Revel, ville d’excellence réputée pour son travail sur le bois et a décidé de lancer son activité dans le Tarn-et-Garonne.

Comment se faire remarquer ?

Frédéric Heltzlé dispose d’un solide carnet d’adresses, formé à l’École Boulle à Paris, il aime travailler en réseau, le bouche à oreille fonctionne à merveille dans ce secteur d’activité. « J’ai des chantiers en sous-traitance pour la maison Charles à Paris, un fabricant de luminaires d’exception et pour Bronzes de France qui travaille sur la serrurerie décorative. »

La clientèle n’est pas forcément huppée, elle peut demander une réplique de mobilier ancien ou la restauration de pièces ayant une forte valeur sentimentale. « Dans mon métier, je dois savoir écouter les clients, j’ai un rôle de conseil. Je suis en mesure d’identifier les différents styles pour les reproduire. La restauration d’objets d’art est un travail d’expert. Il faut garder l’esprit d’origine. » Frédéric Heltzlé, par exemple, fait le choix de mettre des vis en laiton et non en fer pour ne pas dénaturer la pièce.

« Sur les statues en bronze, il peut manquer un détail, je cherche des photos, des documents sur Internet pour le reconstituer. » L’artisan travaille avec des brocanteurs, des marchands d’art, il a participé à plusieurs reprises au salon des antiquaires de Bordeaux et de Toulouse, un excellent moyen de se faire connaître.

Si la restauration de pièces anciennes constitue la majeure partie de son activité, ce qu’aime Frédéric Heltzlé, c’est créer un objet de A à Z. « Si on me demande de refaire le pied d’une lampe de style, je propose des idées. C’est aussi toute la chaîne de préparation de la pièce qui me passionne. Je travaille avec une fonderie à qui je confie la réalisation. » Frédéric Heltzlé continue à créer des pièces par plaisir.

Il n’y a pas de limite de budget pour les clients passionnés, « une simple brasure peut coûter 100 €, restaurer un lustre peut aller jusqu’à 5000 € si on doit reproduire certaines petites pièces. » Frédéric a présenté le concours MOF (meilleur ouvrier de France), plus d’un an de préparation et une belle expérience.

L’homme aime transmettre, il reçoit de temps en temps des stagiaires du lycée des Métiers de l’ameublement de Revel ou de l’Université régionale des Métiers et de l’Artisanat de Sorèze. Mais, il aimerait que sa filière soit davantage médiatisée, qu’elle retrouve son prestige. Se sent-il artiste ou artisan d’art ? Un peu les deux, vous dira-t-il, « je prends en compte l’aspect technique et esthétique, contrairement à l’artiste plus souvent intéressé par le design, c’est ce qui fait la différence. » Frédéric Heltzlé travaille sur la restauration de meubles pour le musée des Beaux-Arts d’Agen.

Il a également restauré les chaudrons en cuivre, les casseroles et moulins à café pour le Musée des arts de la table à Belleperche. Il a adhéré au collectif Nectart (lire notre édition du 1er mai) fondé par des artisans d’art à Montech, comptant sur cette nouvelle force pour gagner en visibilité.

Plus d’informations sur : https://www.atelierbronzedart.com/