Guider les professionnels du tourisme sur la toile
Digital. L’entreprise toulousaine Guidap, qui a développé un outil de réservation dédié aux professionnels du secteur des loisirs, poursuit son expansion avec une croissance multipliée par trois en 2020 et prévoit des nouveautés.
Si le secteur du tourisme a en grande partie souffert de la pandémie, certains acteurs ont su sortir leur épingle du jeu. C’est le cas de l’entreprise toulousaine Guidap, qui développe un outil de réservation dédié aux professionnels du secteur des loisirs depuis cinq ans, et dont le volume des transactions générées par sa plateforme a triplé en 2020. Une belle envolée qui ne devrait pas retomber puisque la pépite prévoit de multiplier ses flux de transactions par quatre en 2021 et d’afficher 80 M€ de transactions au compteur. Un challenge audacieux qui s’accompagne de nouveautés. En effet, la pépite surfe sur la vague de la digitalisation qui progresse mais non sans remous et de la démocratisation des réservations depuis deux ans. « L’an dernier pendant la saison estivale, nous avons même constaté des pénuries d’activités, notamment en Occitanie », détaille Julien Cousi, CEO de Guidap.
Fraîchement diplômés de l’école de commerce Toulouse Business School, Julien Cousi, Maxime Le Goueef et Manu Cousi, férus d’activités outdoor, ont décidé en 2016 de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale avec, dans un premier temps, l’idée de créer un annuaire réunissant l’ensemble des professionnels du secteur des loisirs. Constatant leur retard face à la transition numérique, ils ont alors imaginé un logiciel en vue de digitaliser leurs activités. « Nous avons souhaité dépoussiérer le système de réservation et faciliter cette démarche qui est le cœur de l’activité des professionnels des loisirs, avec notamment une solution digitale qui vient agrémenter leur site vitrine. Notre plateforme permet de réserver en ligne, de gérer les plannings des équipes et la disponibilité du matériel en temps réel, etc. De plus, nous fonctionnons en marque blanche ce qui permet à chaque professionnel de personnaliser l’interface », souligne-t-il.
Le secteur culturel en vue
Apporter un service continu auprès des professionnels est également l’ADN de Guidap qui fait face à une dizaine de concurrents dans l’Hexagone, ainsi qu’à des acteurs européens qui tentent actuellement de pénétrer le marché français.
« Nos clients s’abonnent à notre solution à partir de 700 € par an avec la possibilité d’ajouter des modules selon leurs besoins. Nous proposons une formation à l’outil car la plupart ne sont pas à l’aise avec l’informatique. À l’approche de la saison touristique, une équipe est dédiée sept jours sur sept au service clientèle. D’ailleurs, nous venons de recruter deux salariés, et deux développeurs vont renforcer nos rangs d’ici cet été. » En effet, forte de neuf collaborateurs, l’entreprise, qui a pour l’heure, investi 500 K€ dans la R & D – bénéficiant d’un prêt d’innovation de la BPO, d’un prêt d’honneur Créalia et d’une aide de la région Occitanie –, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La plateforme ne cesse d’évoluer notamment avec la gestion des cours collectifs, ainsi que la gestion d’un abonnement à une activité régulière prévue l’année prochaine. « Aujourd’hui, le module de réservation initial peut paraître simple mais lorsque nous avons démarré notre activité il y a cinq ans, ce n’était pas le cas. Et puis, via des algorithmes, nous avons perfectionné notre outil avec la gestion des stocks en temps réel, l’encaissement, etc. » Guidap a également approfondi l’an dernier l’aspect comptabilité. « L’objectif est d’automatiser les tâches administratives afin que les professionnels se concentrent sur l’essence de leur activité ». Et cette année, la fonctionnalité de billetterie et de contrôle d’accès vient s’ajouter aux nouveautés. « Selon une étude récente publiée par Ipsos, 70 % des Français ont prévu de passer leurs vacances en France en 2021. Notre outil permettra de mieux gérer les flux qui tendent à la hausse. Ce test a pour vocation également d’élargir notre marché au secteur culturel notamment avec les musées dès l’année prochaine ». Ainsi, si les activités sportives sont l’axe initial de la start-up, elle envisage d’étendre son action afin de rayonner sur « l’ensemble du secteur touristique ». Dans sa feuille route, figure notamment le maillage des offices de tourisme.
« Pour l’heure, nous avons Toulouse, Millau et le Minervois. Nous souhaitons accompagner les acteurs publics dans la digitalisation des activités touristiques locales ».
Pays francophones visés
L’entreprise, qui collabore avec une clientèle variée (kitesurf, canoë, randonnée à cheval, visite de ville, parapente, etc.), envisage également de poursuivre son expansion en métrople, mais aussi en Outre-Mer où elle s’est fortement développée en un an. En parallèle, depuis janvier, Guidap étend son activité vers la Suisse et la Belgique. « Pour l’instant, nous souhaitons augmenter nos parts de marché sur les pays francophones. Nous avons encore beaucoup à faire, notamment dans le Massif Central qui reste une zone grise en France », explique le cofondateur. Avec un fort déploiement en Occitanie, en Paca et enBretagne, les signaux restent au vert pour l’entreprise qui accélère. Passant la barre des 200 clients en janvier avec des demandes émanant de grandes structures, Guidap vise 500 abonnés d’ici la fin de l’année et un CA de 1 M€. Associée au mouvement 1 % pour la planète, l’entreprise entend bien préserver son terrain de jeu et combattre les méfaits du tourisme de masse, en consacrant 1% de son CA annuel aux associations agréées par le collectif. « Nous faisons partie du problème, mais nous pouvons aussi faire partie de la solution », conclut l’entrepreneur.