Industrie : dans le Tarn, la Verrerie Ouvrière d’Albi rallume le feu
Investissements. Filiale du groupe Verallia, le verrier tarnais, qui produit 300 millions de bouteilles par an, retrouve ses pleines capacités après huit mois d’arrêt de l’un de ses deux outils de production pour rénovation. En attendant peut-être d’ici quelques années, l’installation d’un four bas carbone dont le premier du genre fonctionne déjà à Cognac, en Charente.

Alors qu’ils fonctionnent habituellement en permanence, rallumer un four de verrier est une opération technique délicate. C’est ce qui vient de se produire dans le Tarn où après huit mois d’arrêt, le deuxième four de la Verrerie Ouvrière d’Albi (VOA) vient de se rallumer. Une opération que Verallia, maison mère de la VOA n’a pas manqué de médiatiser en organisant la "cérémonie de l’allumette", le 4 mars 2025.
Le groupe Verallia, basé à Courbevoie en région parisienne, se présente comme le troisième producteur mondial d’emballages en verres pour les boissons et les produits alimentaires. Fort de plus de 10 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 3,4 Mds€, il compte 35 sites de production dans le monde, dont sept usines dans l’Hexagone. Parmi lesquels celle de la VOA, rachetée en 2021.
Spécialiste de la bouteille haut de gamme
Une entreprise au riche passé industriel, puisqu’elle a vu le jour en 1896, avec le soutien d’un certain Jean Jaurès, alors député du Tarn. Aujourd’hui la VOA emploie 300 salariés et produit 300 millions de bouteilles par an. Des flacons destinés à répondre aux besoins de la filière du vin et des spiritueux avec une expertise particulière dans la production de bouteilles haut de gamme et de petites et moyennes séries.
La VOA a notamment été choisie pour designer et produire quelques bouteilles célèbres dont la celle du château Miraval détenu en partie par l’acteur états-unien Brad Pitt ou bien celle du château Saint-Laurent, du basketteur Tony Parker. Elle produit aussi depuis 2020 un flacon nommé Arsène codéveloppé avec des distillateurs français, destiné au marché en plein essor des micro-distilleries de spiritueux artisanaux.
En 2016 et 2017, la VOA a investi de l’ordre de 46 M€ pour moderniser ses installations et notamment s’équiper de deux nouveaux fours : l’un dédié à la teinte extra blanc, l’autre à la teinte cannelle ou feuille morte. C’est le second, arrêté depuis juillet 2024, qui vient d’être rallumé, après avoir bénéficié d’une rénovation partielle. Celle-ci doit permettre de maintenir ses performances sept années de plus, précise Verallia dans un communiqué daté du 13 mars, sachant qu’un four verrier a une durée de vie d’environ 15 ans. Le four intègre « plus de 90 % de calcin recyclé, illustrant notre engagement pour un modèle industriel à la fois performant et respectueux de l’environnement », précise Fabien Cordier, directeur de la VOA d’Albi.
L’appui des pouvoirs publics ?
De fait, très gourmands en énergie, ces fours fonctionnent essentiellement au gaz naturel. Mais Verallia ambitionne de réduire son empreinte carbone en déployant de nouvelles technologies. En septembre 2024, le groupe a ainsi inauguré un four 100 % électrique – le premier au monde – dans son usine de Cognac, en Charente, qui va lui permettre de réduire de 60 % ses émissions de CO2 par rapport à un four traditionnel. En fin d’année 2025 à Saragosse en Espagne, le verrier prévoit également de lancer un premier four hybride (fonctionnant à 80 % d’électricité et 20 % de gaz) offrant cette fois une réduction de moitié son impact carbone.
De telles initiatives pourraient-elles voir le jour à Albi ? « Les projets de nouvelles technologies de fours bas carbone comme à Cognac, à savoir un four 100% électrique pour le verre blanc, et comme à Saragosse en 2025 et Saint-Romain-le-Puy, dans la Loire, en 2026, avec des fours hybrides pour les verres colorés, sont des projets pilotes pour comprendre l’impact et le fonctionnement de ces fours avant de déployer plus globalement ces technologies dans tous les pays où nous sommes présents », assure la direction du groupe.
Installer ces nouveaux fours plus vertueux nécessite cependant d’importants aménagements. La VOA espère ainsi pouvoir compter sur le soutien des collectivités locales et de l’État pour faciliter l’accès à un raccordement au réseau électrique nécessaire pour leur fonctionnement. « Ces demandes peuvent être particulièrement longues à être traitées et si les pouvoirs publics peuvent raccourcir ces délais cela faciliterait la mise en place de ces nouvelles technologies », conclut la direction.