Sélectionnée par le CNES, Infinite Orbits mènera en 2026 une mission d’inspection d’un satellite
Spatial. La jeune pousse toulousaine qui a levé 12 M€ en mai 2024 a remporté en juillet dernier deux importants contrats avec le CNES pour démontrer l’efficience de ses services en orbite. Objectif : assurer des inspections à distance et prolonger la durée de vie des satellites.
En 2023, on comptait quelque 7 500 satellites actifs au-dessus de nos têtes. Des engins dont le coût peut atteindre près de 400 M$ pièce. Les opérateurs de satellites ont donc tout intérêt à ce que ces concentrés de technologie durent le plus longtemps possible. Difficile cependant, compte tenu de la distance, d’en assurer le suivi ou la maintenance. C’est sur ce créneau qu’a choisi de se développer la start-up toulousaine Infinite Orbite.
Implantée sur le marché du NewSpace, la jeune pousse, créée en 2017, conçoit, développe et opère différents satellites appelés des « serviceurs » destinés à offrir aux opérateurs géostationnaires divers services en orbite. Après avoir annoncé en mai 2024 le succès de sa première levée de fonds de 12 M€ auprès de Newfund Capital, IRDI Capital Investissement et Space Founders France, elle a vu en juillet 2024 deux de ses projets sélectionnés dans le cadre du volet spatial de France 2030.
Associée à Telespazio France, Infinite Orbits a en effet été sélectionnée par le CNES pour la réalisation de démonstrateurs afin de valider ses solutions dédiées d’une part à l’inspection des satellites et d’autre part à l’allongement de leur durée de vie. L’objectif dans les deux cas est d’élargir la palette d’options pour les opérateurs satellites lors du renouvellement de leur flotte tout en contribuant à la réduction des risques liés aux débris en orbite. Pour rappel, le CNES évalue à 34 000 le nombre des débris spatiaux de plus de 10 cm.
Une solution de rendez-vous spatial
Infinite Orbite développe deux types de produits, tous deux équipés de la technologie Rendez Vous et Proximity Operations (RPO) qu’elle a brevetée, des produits opérés en collaboration avec Telespazio France. La start-up planche en premier lieu sur une lignée de micro-satellites géostationnaires dénommés Orbit Guard dédiés aux missions d’inspection à faible distance des satellites en orbite dont le premier exemplaire a été mis en service en 2023.
La mission Orbit Guard #3 confiée à Infinite Orbits et Telespazio France par le CNES et financée dans le cadre du plan de relance France 2030, vise à inspecter le satellite Meteosat-8 d’Eumetsat qui n’est plus utilisé aujourd’hui. Cette mission s’effectuera à 600 km au-dessus de l’orbite géostationnaire. Elle consiste à vérifier l’état de fonctionnement du satellite à l’aide de capteurs embarqués optiques et radiofréquences.
Dans un communiqué daté du 15 janvier 2025, Infinite Orbite indique avoir confié la conception de ces capteurs à Expleo, un des leaders mondiaux de l’ingénierie, de la technologie et du conseil. Basé en région parisienne, le groupe emploie à Saint-Martin-du-Touch et Colomiers près de 2 500 collaborateurs, soit un tiers des effectifs français du groupe.
L’entreprise aura pour mission de concevoir, fabriquer, assembler, tester et valider la charge utile radiofréquence dans sa propre salle blanche, qui sera ensuite embarquée à bord du satellite d’Infinite Orbits. Cette dernière prévoit de développer à terme une flotte de 10 à 15 serviceurs Orbit Guard capables d’inspecter un actif géostationnaire à la demande de son opérateur.
Mission d’amarrage à haut risque
En parallèle, Infinite Orbite développe Endurance, un satellite dont la vocation est de prolonger la durée de vie des satellites. Ce « docker » de 750 kg dont le lancement est également prévu en 2026 aura pour mission de s’amarrer sur un satellite commercial de télécommunication actif en fin de vie, puis d’assurer son maintien à poste pendant cinq années supplémentaires, avant de gérer son élimination sur l’orbite cimetière.
Compatible avec plus de 70 % des satellites géostationnaires en fin de vie, cette première mission d’Endurance permettra d’identifier cette solution comme l’une des premières capables d’optimiser leur durée de vie en proposant des missions sur-mesure adaptées aux besoins de leur opérateur.
Ces deux contrats signés avec le CNES constituent une étape majeure pour la pépite toulousaine. Ils devraient lui permettre de pénétrer rapidement le marché international innovant des services en orbite, en démontrant l’efficience de sa technologie de rendez-vous et d’amarrage et ainsi sa capacité à proposer une utilisation plus raisonnée de l’orbite géostationnaire.
Infinite Orbits a reçu en octobre dernier à Albi le premier prix de l’innovation d’Aerospace Valley 2024 à l’occasion de la première édition d’InnoDay, nouveau rendez-vous annuel de l’innovation pour les membres des trois filières aéronautique, espace et drones du pôle de compétitivité.