Infinite Orbits muscle ses ambitions européennes avec une levée de fonds de 40 M€
Satellites. Pionnière du service en orbite géostationnaire, la deeptech toulousaine se développe à vitesse grand V. Entre signatures de partenariats stratégiques, de contrats multi-missions décisifs et opérations d’augmentation de capital, elle joue désormais dans la cour des grands. Un nouveau statut qu’elle compte bien honorer.
Créée en 2017 à Singapour et basée à Toulouse depuis 2022, la start-up du New Space Infinite Orbits enchaîne les succès. La société conçoit et opère des satellites de services destinés aux entreprises privées et aux États qui exploitent des engins placés en orbite géostationnaire. Objectif ? Prolonger leur durée de vie. Un positionnement stratégique sur un marché en plein expansion et ultra concurrentiel où les acteurs font face à un coût croissant des mises en service. Envoyer des satellites dans l’espace reste en effet cher, très cher.
Après une levée de fonds de 12 M€ en 2024, la jeune pousse tricolore a signé en août dernier un contrat d’un montant de 50 M€ avec la Direction générale de l’armement. Cet accord s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Action et résilience spatiale » pilotée par la DGA, en collaboration avec l’État-major des armées visant à protéger les satellites militaires face aux menaces croissantes dans l’espace. Concrètement, il porte sur la fourniture au Commandement de l’Espace (CDE) d’un service d’inspection et de surveillance de l’orbite géostationnaire.
Un tour de table européen pour un champion continental
En cette fin d’année, Infinite Orbits - qui affiche un carnet de commandes de 150 M€ - vient de franchir une étape supplémentaire dans son développement avec la clôture d’un nouveau tour de table de 40 M€, largement sursouscrit. Une opération d’envergure qui confirme l’attrait grandissant des investisseurs pour l’industrie spatiale civile et militaire. Il faut dire que les enjeux, aussi bien en termes économique que de souveraineté, n’ont jamais été aussi élevés.
La preuve, en déplacement à Toulouse le 12 novembre dernier à l’occasion de l’inauguration du Commandement de l’Espace, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé que « 4,2 Md€ viendraient s’ajouter aux 6 Md€ déjà prévus pour le spatial militaire d’ici à 2030 » (source vie-publique).
Cette nouvelle augmentation de capital réunit plusieurs fonds privés dont celui du Conseil européen de l’innovation (EIC Fund), ainsi que les sociétés de capital-risque allemande Matterwave Ventures, parisiennes Wind Capital et Newfund Capital, luxembourgeoise Balnord ainsi que la toulousaine Irdi Capital Investissement. « Cette levée illustre comment le capital privé européen peut soutenir l’émergence d’un leader dans un domaine stratégique », s’est ainsi félicité Adel Haddoud, son PDG.
Expansion européenne et montée en cadence
Forte de cet apport financier conséquent, la deeptech annonce muscler son développement technologique et son expansion géographique. Elle prévoit notamment d’ouvrir prochainement de nouveaux bureaux au Luxembourg, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Pologne. Elle entend aussi accélérer le lancement de sa flotte de satellites de servitude.
À commencer par ses micro-satellites géostationnaires dénommés « Orbit Guard » dédiés aux missions d’inspection à faible distance des engins en orbite, dont le premier exemplaire a été mis en service en 2023. Le Cnes a d’ailleurs confié au toulousain une mission dans ce sens. Celle-ci consiste à vérifier l’état de fonctionnement du satellite inutilisé « Meteosat-8 d’Eumetsat », situé à plus de 600 km au-dessus de l’orbite géostationnaire.
Autre famille de satellites conçus par Infinite Orbits : « Endurance », dont la vocation est de prolonger la durée de vie des satellites. Ce docker, dont le lancement est également prévu en 2026, aura pour mission de s’amarrer sur un satellite commercial de télécommunication actif en fin de vie, puis d’assurer son maintien à poste pendant cinq années supplémentaires, avant de gérer son élimination sur l’orbite cimetière.
Autre annonce de taille faite par l’entreprise deeptech en marge du Sommet Choose France organisé par l’Élysée le 17 novembre dernier : la signature d’un contrat multi-missions décisifs avec le groupe SES (plus de 2 Md€ de CA en 2024), premier fournisseur de services de télécommunications par satellites au monde, pour l’extension de vie de ses satellites dès 2027.
Longtemps resté dans l’ombre des grands donneurs du secteur que sont Airbus Defence & Space, Thales Alenia Space ou encore Telespazio France, le Toulousain se positionne grâce à ses opérations d’augmentation de capital, ses partenariats stratégiques et ses contrats comme un acteur majeur de l’écosystème spatial occitan, français et européen. Loin d’être rassasié, Infinite Orbits, qui figure dans la deuxième promotion du programme national French Tech 2030, annonce déjà plancher sur de nouveaux services innovants.