Initiative Haute-Garonne : l’entrepreneuriat, voie royale vers l’emploi

Créé en 1985, Initiative France est le premier réseau associatif de financement et d’accompagnement des entrepreneurs. Son modèle ? Des prêts d’honneur à taux zéro jusqu’à 70 000 € pour de la création, de la reprise et/ou de la croissance d’entreprise ainsi qu’un accompagnement personnalisé pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de sauter le pas de l’entrepreneuriat. Et ce, quel que soit le secteur d’activité, le territoire d’implantation et son parcours : étudiants, salariés, personnes en reconversion professionnelle…

Fort de 204 associations locales, 1 000 salariés et 23 000 bénévoles partout en France, le réseau propose gratuitement à chaque porteur de projet la construction d’un dossier solide et bien financé ainsi que l’accès à un réseau de chefs d’entreprise. « Il y a des gens pour qui l’entrepreneuriat est LA solution, soit parce qu’ils ont une idée qui correspond à un marché et/ou répond à un besoin, soit parce qu’ils ne s’épanouissent pas ou plus dans le salariat. Initiative France est là pour les aider à réunir la mise de fonds initiale qu’ils n’ont pas toujours et surtout les accompagner sur le long terme. Nous sommes souvent le déclic qui va leur permettre de sauter le pas », explique Guillaume Pepy, son président (bénévole) depuis 2020.

Le prêt d’honneur : gage de confiance pour les banques

Visage connu du grand public pour avoir été le PDG de la SNCF pendant plus de 10 ans, celui qui est aussi membre du conseil d’administration de Chemours (société cotée) et président du conseil de surveillance de l’EM Lyon était de passage à Toulouse le 28 janvier dernier. Objectif de cette visite ? Valoriser des entrepreneurs engagés, mettre en lumière l’impact concret du réseau Initiative Haute-Garonne et souligner le rôle clé du prêt d’honneur ainsi que de l’accompagnement dans la réussite des projets.

Accompagné par Patricia Lexcellent, déléguée générale d’Initiative France ainsi que de Cyrille Sabatier et Gérard Trullen, respectivement présidents d’Initiative Occitanie et Haute-Garonne, Guillaume Pepy est ainsi allé à la rencontre de Jean-François Jouvet, repreneur du magasin-atelier de vélos Monsieur Pignon et Madame Guidon, et de Morgane Comte, fondatrice du Art Tea Shop.

Après plus d’une décennie à occuper des postes à haute responsabilité, notamment dans le secteur très usant de la grande distribution, Jean-François Jouvet a ressenti le besoin vital de se réinventer. L’achat d’un vélo sera le déclic. Une formation technique spécialisée en poche, il se met à la recherche d’un local dans le sud-ouest de la France. C’est finalement une opportunité commerciale qui le conduit dans la Ville rose.

Grâce à deux prêts d’honneur d’Initiative Haute-Garonne et de Bpifrance pour un montant total de 30 000 €, ainsi que d’un prêt bancaire, il reprend en 2022 un magasin de vélos, situé rue des Lois. Avec pas moins de quatre autres boutiques de cycles situés dans un rayon de moins de 5 km autour la sienne, ce passionné se démarque par un service client de qualité et son offre tournée vers le haut de gamme. Son produit phare : le Brompton, l’équivalent de la Rolls-Royce pour le vélo pliant.

De la création à la reprise d’entreprise

C’est aussi dans la rue des Lois que se trouve le Art Tea Shop. Ouvert il y a six ans avec le soutien financier d’Initiative Haute-Garonne (5 000 €) et une opération de crowdfunding (6 000€), ce salon de thé boutique artistique connaît aujourd’hui un vrai succès. Mais la route n’a pas toujours été facile comme le confirme Morgane Comte, sa dirigeante. Confrontée à une baisse d’activité due aux vagues de chaleur qui ne cessent de s’allonger et faute de terrasse suffisante, « j’ai dû trouver des solutions pour maintenir les emplois », indique la jeune cheffe d’entreprise qui a investi pour diversifier son offre : privatisation de son salon de thé pour l’organisation d’événements, lancement d’une boutique en ligne, etc.

Elle a surtout remporté un appel à projet de la mairie de Toulouse lui permettant d’ouvrir un deuxième espace au musée Saint-Raymond pour trois ans, ouvert d’avril à novembre. « Je me devais de réussir et pour moi cela passait aussi par impliquer, challenger davantage mes salariés qui ont répondu présents », se félicite Morgane Comte qui a racheté en mai 2023 les parts de son associé, renforçant ainsi son rôle de dirigeante.

Pour Guillaume Pepy, ces deux parcours sont la preuve que « l’entrepreneuriat est sans doute la plus belle des aventures professionnelles » et que la stratégie du réseau Initiative tournée vers l’accompagnement est la bonne. Et pour l’heure les chiffres lui donnent raison. En 2024, rien qu’en Haute-Garonne, l’association a financé 80 nouvelles entreprises (42 créations, 28 reprises, trois projets en croissance) sur les 120 dossiers étudiés pour un total de 811 757 € de prêts d’honneur engagés et 10,2 M€ de prêts bancaires mobilisés. 256 emplois ont été créés ou maintenus. Le taux de pérennité à trois ans, lui, n’a pas bougé pas. Il atteint toujours les 95 % !

L’entrepreneuriat synonyme de réussite et de liberté ?

Ces résultats exceptionnels sont-ils la preuve que l’entrepreneuriat est devenu LA voie royale pour réussir et s’épanouir comme beaucoup le pensent et l’écrivent ? « Ce que je peux dire c’est qu’aujourd’hui de l’argent il y en a pour toutes les personnes qui ont une idée qui leur trotte dans la tête et qui souhaitent la concrétiser par une création d’entreprise. Et ça c’est formidable », affirme Guillaume Pepy.

Plus de cinq ans après avoir concrétiser son projet, Morgane Comte se montre elle plus prudente : « Entreprendre n’est pas fait pour tout le monde. Il faut une fibre particulière. Cela demande beaucoup de résilience, de remise en question parce qu’une entreprise évolue, avance avec la maturité du dirigeant. Sans cette remise en cause permanente, le risque c’est de voir, au mieux, son activité stagner, au pire péricliter », insiste la dirigeante avec gravité avant de tempérer : « Après pour ceux qui veulent s’engager dans cette voie c’est vraiment une aventure de développement personnel extraordinaire. C’est réellement un super métier. D’autant que d’un point de vue économique nous avons besoins de nos TPE et PME, de remettre au centre les valeurs de travail et d’avoir aussi des exemples d’entreprises rentables. »