IoT : Kinéis poursuit le déploiement de sa constellation de satellites et vise les 100 M€ de CA
Internet des objets. Basée à Ramonville-Saint-Agne, la jeune pousse, spécialisée dans la connectivité IoT (internet des objets) par satellite, prévoit d’achever en mars le déploiement de la première constellation européenne de nanosatellites dédiée. En attendant, elle engrange ses premiers contrats liés à l’utilisation de son service de connectivité spatiale.

Et de 20 ! Le toulousain Kinéis, opérateur de satellites et fournisseur de connectivité pour l’internet des objets (IoT), compte désormais 20 nanosatellites en orbite. Le 8 février 2025, depuis la Nouvelle-Zélande, le lanceur Electron de l’entreprise californienne Rocket Lab a en effet réussi la mise en orbite de cinq nouveaux satellites de la constellation Kinéis. Il s’agissait du quatrième lancement réussi sur les cinq programmés. Une véritable prouesse comme le confirme Michel Sarthou, CTO de Kinéis, dans un communiqué en date du 8 février :
Produire 25 nanosatellites en France pour les mettre en orbite en seulement huit mois, c’est une grande première, et surtout un sacré challenge ! »
La fin des zones blanches
En juin 2024, quatre ans après une levée de fonds historique de 100 M€, la start-up du New Space a en effet débuté le déploiement de sa future constellation qui doit d’ici mars 2025 comprendre 25 nanosatellites au total. Grâce à eux, la jeune pousse, cofondée en 2018 par le toulousain CLS (qui détient 32 % du capital), le CNES (26 %) et Bpifrance (20 %), ambitionne de connecter n’importe quel objet en tout point du globe, répondant ainsi à la problématique des zones blanches.
De fait, selon Kinéis, les réseaux terrestres ne couvrent que 15 % du globe. « Or, l’impossibilité de localiser des actifs à tout moment peut entraîner des conséquences pénalisantes pour le développement de certaines activités. La perte d’animaux ou de wagons, par exemple, peut nécessiter des déplacements et des interventions humaines coûteuses dans des zones éloignées », détaille l’entreprise. La connectivité IoT par satellite vise à résoudre ces difficultés en permettant de collecter des données partout sur la surface du globe et ce en quasi-temps réel.
Du transport à l’agriculture
Avec sa technologie, la pépite toulousaine cible de nombreux secteurs d’activité dont notamment le transport ferroviaire et maritime, la gestion de flottes, l’agriculture, l’énergie, pour des applications tout aussi variées : de la maintenance prédictive à la logistique en passant par la surveillance environnementale.
Présente au Brésil, aux États-Unis et à Singapour, l’entreprise, qui emploie 60 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 7 M€ en 2023, vient par ailleurs de signer deux nouveaux contrats stratégiques. Le consortium formé par Europorte, premier opérateur privé de fret ferroviaire en France, et Kerlink (fournisseur mondial de solutions dédiées à l’internet des objets) a en effet choisi Kinéis pour l’accompagner dans le déploiement de sa solution Track Value.
Cet outil de traçabilité et de monitoring pour les activités de fret (routier, ferroviaire, aérien et maritime) est la première application industrielle, dédiée au secteur du fret et de la logistique, qui intègre la transmission de données via la connectivité spatiale de Kinéis. Le nombre d’objets équipés pourrait atteindre les 10 000 d’ici 2026.
De son côté, CLS étend également sa collaboration avec Kinéis. Le groupe toulousain prévoit en effet de déployer 17 000 capteurs actifs en 2025 et 30 000 en 2026 connectés grâce à la solution de Kinéis. À terme, CLS souhaite notamment renforcer deux cas d’usage : le suivi de bateaux de pêche et celui de troupeaux.
Lauréate d’un appel d’offres France 2030
Autre bonne nouvelle pour la jeune pousse toulousaine : elle a appris le 27 janvier dernier qu’elle était lauréate de l’appel d’offres « Achat de démonstration de service opérationnels IoT par satellite » lancé par le CNES dans le cadre du volet spatial de France 2030. Les services de l’État souhaitent s’appuyer sur la constellation de Kinéis pour répondre à différents besoins tels que la mesure sur le terrain des paramètres témoins de changement de situation (ex : montée des eaux, départ de feux, etc.) ; le suivi et le contrôle des paramètres liés à la logistique, aux réseaux et aux infrastructures de transport et d’énergie ; ou encore la collecte d’information de position d’équipements stratégiques.
Forte de ces premiers succès commerciaux, Kinéis prévoit d’atteindre le seuil de rentabilité deux ans après le lancement de la constellation, c’est-à-dire, dépasser les 20 M€ de chiffre d’affaires dès 2026 pour atteindre les 100 M€ d’ici huit ans.