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L’aéroport de Toulouse-Blagnac cherche un second souffle

Transport. Durement touché par la crise sanitaire, ATB poursuit la diversification de ses activités.

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Philippe Crébassa, président du directoire d’ATB, et Christian Cassayre, président du conseil de surveillance. DR

Le trafic s’améliore lentement à l’aéroport de Toulouse Blagnac (ATB) : 3,8 millions de passagers ont été enregistrés l’an dernier sur la plateforme. « Cela représente un peu moins de 40 % de son niveau d’avant crise », précise Christian Cassayre, président du conseil de surveillance d’ATB, société gestionnaire de l’aéroport. C’est un peu moins aussi que le niveau atteint à l’échelle mondiale, où le nombre de passagers enregistrés en 2021 représente 47 % du total de 2019, selon les chiffres de l’Association du transport aérien international (IATA). Pour autant, le président du conseil de surveillance se veut résolument optimiste. « Nous avons confiance dans le potentiel de rebond de l’aéroport », a-t-il indiqué le 22 mars lors d’une conférence presse.

En témoignent, selon lui, les chiffres de fréquentation qui ont notablement évolué au cours de l’année, avec, sur le plan du trafic passagers, un second semestre beaucoup plus dynamique que le premier. Le trafic fret et poste s’est, lui, maintenu à un bon niveau l’an dernier, atteignant 70 % du niveau de 2019. Au premier trimestre 2022, le trafic passagers devrait ainsi s’établir à 57 % du niveau de 2019. Pour marquer cette reprise, ATB prévoit de rouvrir le Hall A et notamment la jetée, après deux ans de fermeture liée au contexte sanitaire. Selon l’IATA, le trafic devrait encore s’améliorer en 2022, atteignant, suivant ses prévisions, 83% du niveau d’avant crise. Au sein d’ATB, on s’y prépare avec une offre de sièges pour ce printemps et cet été en forte hausse : 6 370 000 sièges sont à la vente sur la période (soit 78% du nombre de 2019), contre 3,5 millions en 2021. Le nombre de destinations aussi explose : Toulouse sera reliée à 79 villes dans le monde (dont 18 nationales).

Un trafic revenu à 70-80% du niveau d’avant-crise

C’est 22% de plus qu’en 2021, tandis qu’en 2019, Toulouse desservait 92 destinations. Pour autant, selon Philippe Crébassa, président du directoire d’ATB, « nous ne sommes pas sortis d’affaires avec la pandémie, et la crise en Ukraine va inévitablement peser sur le pouvoir d’achat et les conditions économiques proposées par les compagnies aériennes sur les billets. » Le président du directoire se veut prudent et table, pour la plateforme aéroportuaire de Toulouse-Blagnac, sur un trafic de l’ordre de 70 à 80% du niveau d’avant crise. L’aéroport a enregistré l’an dernier 90 M€ chiffre d’affaires contre 84 M€ en 2020 et 160 M€ en 2019. Le résultat opérationnel courant s’est, lui aussi, amélioré en 2021, se traduisant par un déficit de 1,6M€, en net recul part rapport à 2020 (-11 M€).

La conséquence, selon Philippe Crébassa, du plan d’économie engagé dès 2020. « Nous avons divisé par quatre notre niveau d’investissement habituel, passé de 45 M€ en 2019 à près de 10 M€ l’an dernier. Nous avons aussi réduit nos charges, en adaptant nos infrastructures au volume de trafic. Nous avons par ailleurs maintenu notre plan d’activité partielle de longue durée pendant toute l’année 2021. Ce sera également le cas en 2022, l’APLD devant s’achever à la fin de cette année. » ATB a comme d’autres aéroports régionaux, sollicité l’État en vue d’obtenir un dédommagement, pour compenser le préjudice subi, lié à la perte de chiffre d’affaires « conformément au droit contractuel », pointe Christian Cassayre. Une compensation qui pourrait prendre la forme d’un allongement de la durée de concession.

Diversification immobilière

L’aéroport a poursuivi l’an dernier sa stratégie de diversification immobilière pour densifier le pôle d’activité qui se trouve sur la zone, avec la livraison de bureaux et d’ateliers pour Hutchinson Aeroservices, et du nouveau centre de tri de Fedex. En 2022, ATB lance une nouvelle phase de développement immobilier. Elle concerne Blagnac 1, soit la zone de l’aérogare historique. Sur un terrain de 80000 m2, en lisière de l’avenue Émile Dewoitine et de l’allée Henri Potez, un nouveau quartier devrait y voir le jour, « dont la moitié sera consacrée aux activités industrielles et aéroportuaires, avec accès direct au front de piste, détaille Philippe Crébassa, et pour l’autre moitié aux activités immobilières tertiaires et de service pour les entreprises environnantes. »

Le premier projet qui devrait y prendre place, dénommé SkyOne, a été labélisé par Toulouse Métropole dans le cadre du concours de rénovation urbaine Dessine-moi Toulouse. Il comprend deux bâtiments dont le premier, de 5000 m2, qui devrait être livré à l’horizon 2025. ATB poursuit en parallèle ses efforts en vue de décarboner son activité. La plateforme sera ainsi dotée d’ici le second semestre d’une station de production et de distribution d’hydrogène, exploitée par la société HyPort.

L’hydrogène produit alimentera trois bus qui circuleront côté piste et côté ville. Le premier d’entre eux vient d’être livré, les deux autres le seront d’ici mai. Depuis mars, ATB a également mis un de ses hangars à disposition d’Universal Hydrogen, une société américaine qui développe une capsule à hydrogène intégrable sur les avions existants. Une cinquantaine d’ingénieurs devrait être recrutée par la start-up californienne.